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dit aux gendarmes q u ' i l avait reçu l'ordre
téléphonique de tuer nos deux compagnons de
voyage » . Un autre j o u r : « Le gendarme
qui était avec nous nous raconta q u ' i l avait
accompagné un convoi de 3.000 femmes et
enfants. « Tous l o i n , d i t - i l , tous morts » .
Un autre j o u r : « Nous rencontrâmes une
grande quantité de travailleurs : « On va tous
les abattre » , nous dit notre compagnon... Du
haut d'une colline, notre cocher nous indiqua,
avec son fouet, environ 400 travailleurs qu'on
faisait mettre en ligne au bord d'une pente de
terrain. Nous savons ce qu i est arrivé ensuite...
Dans un autre endroit, tandis que des gendar–
mes fusillaient, des ouvriers turcs achevaient
les victimes avec des couteaux et des pier–
res » (1).
Ces travailleurs étaient des hommes valides
que le Gouvernement avait d'abord mobilisés,
pour les mettre en lieu sûr. Maintenant, i l s'en
débarrassait.
Par ces procédés, à Trébizonde, de 15.000
Arméniens, i l n'en reste plus un,plus u n seul;
car l'unique femme qui reste était en couches à
l'hôpital, et dès que l'enfant fut né, on la força
à abjurer et à se fiancer avec un musulman.
On comprend presque qu'une de ces deux
infirmières, ayant été réveillée, la nuit, par
des bruits de détonation, et s'étant rendu compte
qu'on fusillait à côté d'elle, ait p u écrire :
«
J
'
eus vraiment une impression de soulage–
ment en pensant que ees malheureux étaient à
(1)
Voir
Quelques documents,
Genève.
Fonds A.R.A.M