criminels furent libérés des prisons. Les
Capi–
tulations,
dernière barrière légale, qui avait
quelquefois protégé les populations chrétiennes,
furent abolies (II, 6). On prévit même, et très
minutieusement, le remplacement des popu–
lations chrétiennes, qui allaient être extermi–
nées, par certaines populations turques, qui
furent réparties proportionnellement à l'impor–
tance des places marquées pour elles. Enfin,
Enver-Pacha envoya Djevet bey, son beau-frère,
opérer au cœur de la vieille Arménie ; et déjà
en mars et avril, plus de 500 villages étaient
pillés, plus de 25.000 Arméniens étaient mas–
sacrés dans les vilayets de Van et d'Erzeroum.
Alors, le 20 mai, parut l'ordre du Comité
Jeune-Turc et d'Enver-Pacha, relatif à la dépor–
tation générale. Et la déportation, c'était l'ex–
termination en trois actes successifs : le
massa–
cre,
la
caravane
et le
désert.
Pour les massacres, au lieu de citer les
innombrables documents, tous concordants,
publiés par des nations neutres, comme la
Suisse et l'Amérique, je me borne à résumer
le récit fait par deux infirmières danoises au
service de la Croix-Rouge allemande (1). Res-
(1)
Le récit a été publié par la Revue allemande
Allge-
meine missions Zeitschrift,
éditée par le professeur J. Rich-
ter et B.-J. Warneck, n° de novembre, p. 305 et ss., dit
Le.
Temps
du 14 mars 4916, qui n'indique pas l'année de la
Revue. I l cite quelques lignes et dit : « Les faits effroyables
ont été vus par des yeux allemands. C'est une main alle–
mande qui a écrit ce rapport » . De même les
Quelques
documents,
de Genève, 1915, qui ont reproduit ce rapport
presque en entier, ont parlé de « deux infirmières alle–
mandes ». Mais un ami de l'Arménie, bien placé pour être
exactement informé, nous prévient que les deux infirmières
sont de nationalité danoise.
Fonds A.R.A.M