allaient ensanglanter et dévaster les six vilayets,
désignés pour les réformes. La réponse aux
Puissances était claire (V, 8).
J'emprunte les détails aux récits du pasteur
allemand Lepsius, le témoin le plus autorisé.
Commencés au signal de la trompette, termi–
nés par une procession, accompagnés de l a
prière des Mollahs, qui appelaient du haut des
minarets la protection d'Allah sur le carnage,
les massacres se déroulaient dans un ordre
admirable, d'après le programme préalable–
ment arrêté... Les femmes turques encoura–
geaient leurs braves coreligionnaires par le son
guttural et perçant de leur c r i de guerre, et
étouffaient les plaintes des victimes sous le h u r –
lement de leurs chants de noces... Un officier
criait : « Mort aux Arméniens, c'est l a volonté
du Sultan... » Un Vali exhortait : « Soyez actifs,
ne cessez pas de tuer, de piller et de prier pour
le Sultan... » Puis, le simple meurtre devenant
ennuyeux, on alluma des feux pour y faire rôtir
les blessés. On en pendit quelques-uns à des
poteaux, la tête en bas, on en cloua d'autres... !
Puis on eut recours au pétrole et à l'essence.
On imprégnait les barbes de pétrole, et on y
mettait le feu. Quand des chrétiens, l a tête en
bas, arrosés d'essence, flambaient, on en jetait
d'autres dans la fumée, qui les asphyxiait... Une
femme avait de beaux cheveux, on y jetait de la
poudre et on allumait : cela faisait une jolie
explosion. On empalait, on tuait les Arméniens
comme des moutons, on les pendait aux cro–
chets des boucheries, et on criait : « qui achète
Fonds A.R.A.M