après avoir été livrées à l a soldatesque, sont
exterminées à coups d'épéesou de baïonnettes.
A i l l e u r s , une soixantaine de femmes et de j e u –
nes filles sont enfermées pendant plusieurs j o u r s
dans une petite église, livrées aux soldats, et
finalement égorgées : un torrent de sang
s'échappe de l a porte de l'église. — A i l l e u r s ,
sur une montagne, quelques mi l l i e r s de réfugiés
résistent pendant une dizaine de j o u r s ; c'est
en v a i n . Une femme s'avance sur u n rocher et
crie : « Mes sœurs, i l faut choisir. Ou bien t o m –
ber aux mains de ces Turcs, oublier nos maris,
nos maisons, notre r e l i g i o n , ou bien me s u i –
vre » . Et , tenant dans ses bras son enfant d ' un
an, elle se précipita dans l'abîme. Ses compa–
gnes l a suivirent. Le Sultan décora l'officier
commandant et envoya une bannière d'argent
aux chefs.
L'Europe f a i l l i t s'émouvoir. Pendant des mois
les diplomates conversèrent, et ils arrivèrent au
fameux Mémorandum, u n projet de réformes
p ou r les
six vilayets
de l a vieille Arménie. Le
Sultan donna ses approbations, (18 septembre et
22
octobre 1895), car i l en donna plusieurs ;
et même i l envoya à L o r d Salisbury... sa parole
d ' honneu r ! (V, 5).
.
Mais cette dernière intervention de l'Europe
allait être seulement le signal de l a mise à exé–
cution du projet d ' Ab du l - Hami d . Une fois de
p l u s , au lieu de protéger les Arméniens, l ' E u –
rope h um i l i a i t le Sultan ; au lieu de dompter la
bête féroce, l ' Eur ope l'agaçait ; l a bête féroce
b ond i t sur sa v i c t ime . Et à Trébizonde c om–
mença la série des massacres q u i , en trois mois,
Fonds A.R.A.M