mant les Arméniens (1). Ce fut l'ère nouvelle
(
V, 2).
Abdul-Hamid fit son favori de l'inventeur du
panislamisme, Seyyed qui devait mourir à ses
côtés en 1896 (V, 3) ; et, s'écartant de plus en
plus des puissances qui avaient eu jusque-là le
plus d'influence à Constantinople, mais qui
dominaient sur des pays musulmans, l a France
et l'Angleterre, i l se rapprocha de plus en plus
de l a seule puissance qui n'avait pas de musul–
mans sous sa domination, et qui lui paraissait
se désintéresser des choses d'Orient, l'Allema–
gne. Enfin, en 1890, i l eut une idée géniale
(
V, 4) : i l transforma les bandes kurdes en
«
cavalerie hamidienne », avec uniformes et
fusils modernes. E n baptisant ainsi gendarmes
ces pillards cruels, i l leur donnait toute force
et toute licence, et i l enlevait à leurs victimes
tout droit à la résistance, même à l a réclama–
tion... Magnifique coup double. Et quand arriva
l'été de 1894, tout était prêt.
Pour se faire l a main, Abdul-Hamid ordonna
le massacre de Sassoun, un massacre préala–
ble, un petit massacre, qui dura seulement trois
semaines, dans la ville et ses environs.
Ici, trois à quatre cents femmes ; là deux cents,
(1) «
Le sultan Abdul-Hamid a un jour formulé cette
maxime : * Le moyen de se débarrasser de l a question
arménienne, c'est de se débarrasser des Arméniens », (Lord
Bryce,
Artnenian
atrocities
t
p. 13). Le mot a fait fortune :
«
J'ai entendu plus d'un jeune Turc des plus en vue, approu–
ver de tout coeur « le bon mot », alors en circulation : * Le
seul moyen de se débarrasser de l a question arménienne,
c'est de se débarrasser des Arméniens ». (H. A . Gibbons
Les derniers massacres d'Arménie,
1916,
p. 38).
Fonds A.R.A.M