regards se tournent vers le prolétariat de Bakou et son Armée
rouge que vous attendez comme une libératrice. Dans les mon–
tagnes de l'Arménie et de la Géorgie [des soulèvements y ont eu
lieu contre les propriétaires terriens] se trouvent beaucoup de
braves combattants. Ils ne sont faibles que du fait qu'ils ont été
divisés et trahis par les mencheviks et les dachnaks de Tiflis. (...)
Si vous pouvez, avec l'aide des paysans musulmans, arméniens
et géorgiens, leur rendre les terres des pachas, des beks et des
nobles, aucune force ne pourra vous résister. (...) En avant pour
la lutte sanglante, mais juste et sainte (11). »
Les bolcheviks groupaient environ 14 000 combattants,
dont beaucoup de nouvelles recrues sans formation militaire. Le
Soviet ne pouvait compter que sur quelques milliers de soldats
et de marins russes et sur les troupes arméniennes qui s'étaient
jointes à l'Armée rouge mais qui gardaient leur autonomie sous
le commandement du colonel Avetissov, auprès de qui d'ail–
leurs le soviet envoya Mikoyan, en qualité de commissaire po–
litique.
L'offensive contre l'« Armée de l'Islam » fut déclenchée au
début de juin dans trois directions : au nord vers le Daghestan,
au sud sur la côte de la Caspienne, et surtout à l'ouest, le long du
chemin de fer Bakou-Tiflis où était concentré le gros des troupes
turques. Le début de l'offensive est couronné de succès. Le 12
juin, l'importante station de Kurdamir est aux mains des
bolcheviks qui, à la fin juin, se trouvent à 150 kilomètres de
Gandja. Lénine, craignant que cette offensive ne se transforme
en un affrontement avec les Allemands qui serait lourd de
conséquences, et ne songeant qu'à protéger Bakou, enjoint à
Staline, commissaire militaire sur le front de la Volga, de
ralentir l'offensive, contrairement aux vœux de Chahoumian
qui, lui, espère entraîner les éléments favorables aux bolcheviks,
quoique hésitants, au fur et à mesure de leur marche en avant.
Le 8 juillet, Staline adresse à Chahoumian le message suivant :
«
Vos succès nous réjouissent, mais afin d'éviter toute compli–
cation avec les Allemands, nous vous demandons de ne pas
avancer au delà d'Elisavetpol (Gandja) (12) », région limitro–
phe de la Géorgie dont l'indépendance a été officiellement
reconnue par l'Allemagne qui la protège.
(11)
G.R.S.O.
(152),
doc. 81, p. 177.
(12)
Khatchapouridzé (130), doc. 181, p. 176.
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Fonds A.R.A.M