Les Turcs ne s'attendaient pas à une résistance aussi vive.
Khadjinski, ministre des Affaires étrangères d'Azerbaïdjan,
écrit à Rassoul Zadeh, chef de la mission diplomatique azérie à
Constantinople : « Notre situation sur le front est précaire,
nous ne pouvons avancer. (...) I l faut envoyer d'urgence une
division, autrement nous ne prendrons pas Bakou (13). »
Nouri pacha fait appel à Enver pacha, ministre de la Guerre,
pour obtenir des renforts, qui ne tardent pas à arriver. La
contre-offensive de l'« Armée de l'Islam », à la fin juillet,
rejette les troupes rouges à la station de Karamarian, 100
kilomètres à l'ouest de Bakou. Face du danger qui menace la
ville, et constatant l'impossibilité de la défendre avec les seules
troupes bolcheviques et arméniennes, étant donné la supério–
rité numérique écrasante des Turcs et de leurs alliés moussa–
vatistes, les groupes S.R., dachnak et menchevik du Soviet,
auxquels se joint la flotille de la Caspienne, préconisent de
faire appel aux Britanniques, stationnés dans le nord de la
Perse, pour barrer la route aux Germano-Turcs. A l'Assemblée
extraordinaire du soviet convoquée le 16 juillet pour débattre
de la question, les bolcheviks s'opposent à cette solution, mais
en raison de la gravité de la situation, ils acceptent l'envoi, en
renfort, des 1 200 cosaques du général Bitcherakhov qui, après
la défection du corps expéditionnaire russe en Perse, s'est mis
au service des Britanniques, sous le commandement du général
Dunsterville. Ce dernier était déjà en rapport avec les S.R. de
Bakou, qui n'attendaient que le moment opportun pour
évincer les bolcheviks du Soviet (14). Les 1 200 cosaques
débarquent le 7 juillet à Alyati, à 60 kilomètres au sud de
Bakou, et le Soviet, faisant contre mauvaise fortune bon cœur,
mais aussi pour ne pas se laisser déborder par des éléments
hostiles, fait venir de son côté, par Astrakhan, un régiment
prélevé sur le front ukrainien, commandé par Petrov qui, avec
780
hommes, n'arrivera que le 20 juillet. Le 25 juillet, à la
deuxième Assemblée extraordinaire du Soviet, inquiets de la
situation qui ne cesse de dégrader sur le front, S.R.,
(13)
Histoire de l'Azerbaïdjan
(121),
vol. II, p. 145.
(14)
Dans une entrevue avec Me Donell, consul britannique à Bakou, Chahoumian
lui demanda : « Votre général Dunsterville arrive-t-il à Bakou pour nous en chasser ? »
(
Suny(23), p. 288).
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Fonds A.R.A.M