des bolcheviks. Ceux-ci, pressés d'introduire les réformes
prévues dans leur déclaration du 1
er
mai, jugeant que cela les
rapprochera davantage des masses laborieuses, nationalisent les
forêts, les pêcheries et la flotte marchande, monopolisent
l'achat du coton qu'ils expédient à Moscou, et par décret du 2
juin nationalisent l'industrie du pétrole, en majorité propriété
de capitalistes étrangers. Cette mesure est d'ailleurs désavouée
par Moscou qui tient le pétrole pour gage des futures
transactions avec les puissances occidentales. La nationalisation
et le partage des terres sont promulgués par décret du 18 juin.
Mais toutes ces réformes n'ont que peu d'effet sur les ouvriers
et les paysans musulmans. Ceux-ci demeurent plus sensibles à
l'action des Turcs et des moussavatistes qui combattent pour
établir dans le pays un Etat musulman plus proche d'eux par le
sentiment national et religieux qu'à la doctrine bolchevique. A
ce propos, Mikoyan, qui quittera Bakou dès l'entrée des Turcs,
interprétera ces faits à sa manière : « Les vagues de la
révolution agraire n'ont pas brisé les barrages dressés par la
bourgeoisie et les propriétaires terriens entre le village et le
Bakou prolétarien (3). »
L'introduction hâtive des réformes rencontre l'opposition
de la bourgeoisie et des partis adverses. La production, déjà
ralentie par manque de matières premières, est désorganisée.
Le nombre des ouvriers et des employés de l'industrie du
pétrole, qui était de 47 000 en 1917, descend à 38 000, la
production du pétrole passe en même temps de 12 à 7 millions
de tonnes. Le ravitaillement fait défaut en raison de la
désorganisation des transports et des actes de sabotage per–
pétrés dans le Nord, au Daghestan. La Commission de
ravitaillement créée le 15 mai sous la présidence du vieux
bolchevik Stopani demande aux ouvriers « de ne pas tomber
dans le désespoir en raison de l'agitation des ennemis du
pouvoir soviétique qui veulent profiter de la pénurie de pain
pour semer le désordre dans les masses prolétariennes (4) ».
Maîtres de la ville et des communications qui, par la
Caspienne, leur permettent de recevoir armes et vivres d'As–
trakhan qui se trouve aux mains des bolcheviks, les partis S.R.,
(3)
Tokarjevsky (149), p. 36.
(4)
Histoire de ïAzerbaïdjan
(121),
vol. I, p. 135.
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Fonds A.R.A.M