gagent à libérer Bakou, leur future capitale, demeurée aux
mains de bolcheviks. En attendant, les Azéris, qui ont formé
leur gouvernement sous la présidence de Fatali Khankhoïski,
s'installent le 14 juin à Gandja.
Si le traité signé à Batoum donne satisfaction aux Turcs, i l
indispose les Allemands qui y voient une entrave à leur
pénétration économique au Caucase. Ils espèrent en modifier
les clauses à la ratification de ce traité, prévue un mois après la
date de la signature.
Après la proclamation de l'indépendance, c'est au Conseil
arménien de Tiflis qu'incombe la tâche de former un gou–
vernement pour l'Arménie, pays dévasté et affamé avec lequel il
n'avait apparemment que peu de liens organiques. Son désir de
former un gouvernement de coalition rencontre maints obs–
tacles : les populistes accusent les dachnaks de tous les maux qui
se sont abattus sur le pays et veulent les éliminer, sociaux-révo–
lutionnaires et sociaux-démocrates ne veulent pas entendre
parler des populistes qui, pour eux, sont des bourgeois. Irrité
par ces flottements, Aram, qui exerce un pouvoir dictatorial à
Erevan, et Katchaznouni, qui préside le Conseil à Tiflis,
menacent de démissionner. Finalement, sous la présidence de
ce dernierj un cabinet dachnak est formé où entrent Khatissian
(
Affaires Etrangères), Kartchikian (Finances), Aram (Intérieur).
Seul le portefeuille de la Guerre est confié à un sans parti,
Allaverdian. Ce gouvernement — en compagnie d'autres
membres du Conseil — n'arrive à Erevan que le 20 juillet.
Le Parlement
(
Khorourdaran)
issu des membres du Conseil,
doit faire face à une situation chaotique. Sur un territoire
montagneux de 9 000 kilomètres carrés, privés de la riche plaine
de l'Ararat occupée par les Turcs, comptant une population de
750 000
âmes dont 300 000 réfugiés qui ont fui l'occupant turc,
la famine et les épidémies ne tardent pas à sévir. De surcroît, le
Parlement doit faire face à l'hostilité des musulmans qui sont
nombreux dans la région.
Malgré des efforts méritoires pour mettre en marche un
appareil d'Etat et les mesures prises pour essayer d'améliorer des
conditions dramatiques, la situation demeure critique.
La proclamation de l'indépendance de l'Azerbaïdjan n'af–
fecte pas sa partie orientale, qui demeure sous la dépendance
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Fonds A.R.A.M