Cette déclaration peu enthousiaste fera tout de même
naître, après des siècles, un État indépendant.
C'est avec ces trois républiques nouvellement créées que les
Turcs signent le 4 juin des traités de paix.
Le traité « de paix et d'amitié » entre le gouvernement
ottoman et la République arménienne ne laisse à celle-ci qu'un
territoire nain de 9 000 kilomètres carrés autour d'Erevan et du
lac Sevan. Aux termes de ce traité, le gouvernement turc
assistera militairement l'Arménie sur sa demande pour rétablir
l'ordre sur son territoire (Art. IV). Le gouvernement d'Erevan
s'engage : 1° - à supprimer toutes les bandes armées qui se
trouvent sur son territoire et à disperser celles qui pourraient
s'y réfugier (Art. V) ; 2° - à accorder la liberté religieuse et
culturelle totale à tous les musulmans habitant le territoire
arménien (Art. VI). Un traité complémentaire annexé stipule
que le gouvernement arménien doit démobiliser complè–
tement son armée. Les effectifs des forces à maintenir devront
être déterminés par le gouvernement ottoman (Art. I) ; i l
devra mettre à la disposition de l'armée turque toutes les voies
de communications pour le libre passage sur son territoire (Art.
III). Ce traité est signé du côté arménien par Rouben
Katchaznouni, Alexandre Khatissian et Mikaël Papadjanov, et
du côté turc par Khalil bey et Vehib pacha (2).
Le traité signé avec la Géorgie à la même date est plus
clément. Bien qu'amputé d'un sixième de son territoire, le
bouclier allemand constitué par la présence d'un contingent de
10 000
hommes permet aux Géorgiens de limiter l'immixation
des Turcs dans leurs affaires. En outre, les mencheviks se
sentent libres pour éliminer l'influence bolchevique qu'ils
accusent d'ailleurs d'avoir contribué à la désintégration de la
Transcaucasie et aux soulèvements paysans dans différentes
régions de leur territoire. Déjà en février, la presse bolchevique
est supprimée. La majorité des membres du Kraïkom se
réfugient en juin à Vladikavkaz où le pouvoir bolchevik est
rétabli. Les autres, comme Tskhakaya, entrent dans la clan–
destinité.
Quant aux musulmans, devenus pour la première fois
Azéris,
ils tirent un maximum d'avantages : les Turcs s'en-
(2)
L'intervent, e'trang. en Arménie
(127),
pp. 154-161.
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Fonds A.R.A.M