tre délégués turcs et allemands pour se rapprocher des
Allemands et, sous leur garantie, proclamer l'indépendance de
leur pays. Seuls les Arméniens, qui n'ont ni ressources ni
protecteurs, se trouvent isolés. Mais pour proclamer l'in–
dépendance, i l faut faire éclater la Fédération transcau–
casienne. Le 26 mai, le jour même de la réception de
l'ultimatum turc, à la dernière séance du
Se'im,
Akaki
Tseretelli déclare qu'on ne peut parler de l'unité de la
Transcaucasie lorsque cette unité n'existe pas en réalité et que
dans ces circonstances i l ne reste aux Géorgiens qu'à proclamer
leur indépendance. Malgré les véhémentes protestations des
Arméniens, la résolution adoptée par la majorité menche-
vique-moussavatiste décide la dissolution du
Seïm :
«
Etant
donné les discordances qui se sont manifestées sur les questions
de guerre et de paix parmi les peuples qui ont créé la
république indépendante de Transcaucasie et l'absence d'un
pouvoir autoritaire unanime qui en découle, le
Seïm
se
considère comme dissous (1). » Quelques heures plus tard,
dans le même bâtiment, Jordania, président du Conseil
national géorgien, proclame en présence du représentant
allemand, comte von Schulenburg, l'indépendance de la
Géorgie. Le gouvernement constitué sous sa présidence com–
prend Tchkhenkeli (Affaires Étrangères), Noï Ramichvili (In–
térieur) et Tchkheïdzé, qui sera président du Conseil National.
Le 28 mai, à Poti, Tchkhenkeli et von Lossow signent un accord
de coopération entre l'Allemagne et la Géorgie, qui met ce
dernier pays sous protectorat allemand. Le 27 mai, la fraction
musulmane du
Seïm
décide de former un gouvernement de
l'Azerbaïdjan indépendant, et le lendemain, dans une cham–
bre de l'hôtel Orient à Tiflis, le comité exécutif du Conseil
National musulman proclame l'indépendance de l'Azerbaïd–
jan « s'étendant aux territoires méridionaux et orientaux de la
Transcaucasie ». I l ne reste aux Arméniens qu'à proclamer le
28
mai, à contrecœur, leur indépendance dans une déclaration
qui traduit leur embarras : « En raison de la situation créée par
la dissolution de l'unité politique de la Transcaucasie et par la
proclamation de l'indépendance de la Géorgie et de
l'Azerbaïdjan, le Conseil National arménien se déclare l'au–
torité unique et suprême des provinces
(
sic)
arméniennes. »
(1)
Polit, étr. de la Géorgie et de la Transe,
Tbilissi, 1919, p. 330.
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Fonds A.R.A.M