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L'indépendance
des républiques transcaucasiennes
(
mai 1918)
Fort du succès des armées turques et sur l'insistance de son
ministre de la guerre, Enver pacha, qui a des visées sur le
Caucase et au-delà, Khalil bey présente le 26 mai un ultimatum
à Tchkhenkeli, lui demandant d'accepter dans un délai de 72
heures le projet de traité prévoyant, outre l'annexion des ter–
ritoires déjà cités, une plus large portion des régions d'Alexan-
dropol et d'Erevan, si bien que la totalité des territoires con–
voités est double de ceux cédés par le traité de Brest-Litovsk. Les
Turcs réclament en outre le libre passage de leurs troupes sur les
voies de communications conduisant à Bakou. La possession de
cette ville leur permettra d'isoler la Transcaucasie de la Russie et
d'exercer un protectorat sur le Caucase. L'Allemagne, for–
tement intéressée par les ressources naturelles de la Transcau–
casie et surtout par le pétrole qui lui fait cruellement défaut,
veut écarter les armées turques de cette région ; elle préfère les
voir combattre les Anglais qui avancent en Mésopotamie. Von
Lossow est pour le maintien des frontières établies par le traité
de Brest-Litovsk, mais son intervention en faveur de la déléga–
tion transcaucasienne n'ayant produit aucun effet sur les Turcs,
il se retire de la conférence et au lieu de gagner Berlin comme i l
le prétend, i l se rend clandestinement à Poti où débarquent les
premiers détachements allemands. I l y traitera séparément avec
les Géorgiens.
Pendant que la conférence bat son plein, des pourparlers
secrets s'engagent dans les coulisses. Les moussavatistes Ra-
fibekov et Soultanov projettent la déclaration d'indépendance
de l'Azerbaïdjan sous le protectorat de la Turquie. Les Géor–
giens profitent adroitement des controverses qui surgissent en-
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Fonds A.R.A.M