pleins pouvoirs pour constituer un comité de défense et adressa
à la population la proclamation suivante : « Citoyens ! l'heure
est venue où le sort de notre commune patrie va se décider.
Vous connaissez les prétentions que le gouvernement turc nous
a présentées. I l exige de nous la reconnaissance du traité de
Brest-Litovsk conclu à l'insu des peuples du Caucase (...) Son
but est de séparer la Transcaucasie du monde extérieur, de
l'étouffer et de l'asservir. Nous ne pouvons les arrêter (les
Turcs) que par la force des armes (27). »
Ayant perdu tout espoir de résister aux Turcs, le
Seïm,
convoqué le 22 avril en séance extraordinaire, décide de
proclamer l'indépendance de la Transcaucasie. Un nouveau
gouvernement, présidé par Tchkhenkeli, espère qu'ayant
rompu tout lien avec la Russie, i l aura la faveur des Turcs et
obtiendra de meilleures conditions de paix. Ce fragile espoir
ne tarda pas à être déçu. En insistant si nettement sur la
nécessité pour la Transcaucasie de proclamer son indépen–
dance, les Turcs, en réalité, cherchaient habilement à séparer
ce pays de la Russie et à obtenir ainsi des concessions plus
importantes que celles qu'ils avaient obtenues à Brest-Litovsk.
En tout état de cause, leurs troupes approchent de Kars, ville
clé qui commande l'entrée du Caucase. La confusion est telle
parmi les dirigeants du
Seïm
que Tchkhenkeli, dans l'espoir
d'obtenir la cessation des hostilités, cède le 23 avril Kars aux
Turcs sans en avoir référé au
Seïm
qui devait l'investir dans ses
nouvelles fonctions lors de la séance prévue pour le 26 avril.
Cet acte délibéré soulève la colère des Arméniens qui le
qualifient de trahison. Mais lorsque les Géorgiens leur pro–
posent la présidence du
Seïm,
ils se dérobent, sachant qu'ils ne
seront appuyés ni par les Géorgiens, exclusivement soucieux
pour l'heure de préserver leur propre territoire, ni par les
musulmans, intimement liés aux Turcs.
Le 26 avril 1918, Tchkhenkeli peut télégraphier au gou–
vernement ottoman qui a, entre-temps, reconnu l'indépen–
dance de la Transcaucasie, pour lui annoncer que son gou–
vernement est prêt à reprendre les pourparlers à Batoum en
vue de la conclusion de la paix.
(27)
A.M.A.E.F., Turquie-Caucase, 895, f" 253.
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Fonds A.R.A.M