Turquie... par la religion, la race et l'histoire (26). Cette
ignorance délibérée des Arméniens et des Géorgiens était de
mauvais augure pour ces derniers. Et de fait, le 10 mars, Vehib
pacha demande au général Lebedinsky de retirer ses troupes
des trois districts d'Ardahan, Kars et Batoum en vertu des
clauses du Traité de Brest-Litovsk. Tchkhenkeli demande si
cette injonction signifie le refus de continuer des pourparlers.
Feignant d'ignorer la demande de Vehib pacha, Raouf bey
explique qu'il a mission de mener des pourparlers avec « la
République transcaucasienne en formation » et demande que!
serait le statut de cette république. Tchkhenkeli déclare alors
que la Transcaucasie s'est dotée d'un Etat responsable,
indépendant de fait, et qu'il ne reconnaît pas le traité conclu à
Brest-Litovsk à son insu. N'étant pas satisfaite par une telle
réponse, la délégation turque fait valoir qu'un accord conclu
entre deux Etats souverains n'implique pas l'approbation d'un
tiers, et que la Transcaucasie, pour bénéficier des dispositions
du droit international, devrait se conformer aux normes qui y
correspondent, à savoir en l'occurrence prendre les mesures
nécessaires pour être reconnue par les autres puissances. Or,
cette reconnaissance ne saurait avoir d'effet rétroactif. Ayant
déclaré dans son télégramme du 23 janvier qu'il devait faire
concorder ses actes avec la conduite et les actes des autres
gouvernements autonomes faisant partie de la République
russe, le gouvernement transcaucasien devait considérer de ce
fait qu'il ne représentait pas un État indépendant mais bien un
membre de la République fédérative russe. Le gouvernement
ottoman, poursuit la délégation turque, avait appris pendant
les opérations militaires menées contre la Russie, la formation
d'un État en Transcaucasie et l'intention de cet État de se
séparer d'avec la Russie ; i l avait donc eu le désir de prendre
contact et d'entrer en bonnes relations avec lui.
On peut négliger la suite des arguments byzantins échan–
gés par les deux délégations au cours de pourparlers qui
traînèrent en longueur. Devant les exigences turques jugées
inacceptables, la délégation transcaucasienne quitta Tré-
bizonde le 14 avril sans avoir abouti à un résultat quelconque.
Décidé à continuer le combat, le
Seïm
décréta la mobili–
sation, donna à Gueguetchkori, Ramichvili et Kartchikian
(26)
L'intervention e'trangere en Arme'nie
(127),
doc. 17, pp. 29-35.
48
Fonds A.R.A.M