vernement russe des ouvriers et paysans, soyez sûrs qu'il vous
accordera la liberté pour laquelle vous avez versé tant de sang
et de larmes (14). »
Des brochures contenant des textes de Lénine, de Marx, de
Bogdanov, de Tocqueville et de Kautsky sont diffusées parmi
les réfugiés arméniens sans toutefois trouver beaucoup d'écho
parmi ces personnes déplacées surtout préoccupées par la
recherche des moyens de subsistance élémentaires.
Tolérés jusqu'au milieu de l'année 1918 en raison de leur
participation à la défense de Bakou et forts de cette coopéra–
tion, les membres du comité dachnak, Zavriev, Nazariantz et
Tchilingarian (Darbinian), espèrent obtenir l'appui des
bolcheviks pour une action conjointe contre les Turcs. Ils se
déclarent hostiles à la politique du Seïm et solidaires des
bolcheviks pour le maintien de la Transcaucasie dans le cadre
de l'État russe. Au début, ils trouvent auprès de Trotsky et de
Karakhan (15) un accueil favorable. Mais les pourparlers qui
auront lieu en juin avec Staline et Avanessov, en vue de fixer
les termes d'un accord pour une collaboration plus étroite,
s'enlisent et s'arrêtent brusquement. Les deux interlocuteurs
bolcheviks invoquent comme raison la signature par le gou–
vernement arménien du traité de Batoum qui ouvre aux Turcs
la route de Bakou et place le gouvernement sous la dépendance
germano-turque. Les deux dirigeants bolcheviks, de longue
date farouchement hostiles aux partis nationaux, en profitent
pour supprimer dans les territoires soumis à l'autorité soviéti–
que tous les comités arméniens patronnés par le Conseil
National de Tiflis.
Après la chute de la Commune de Bakou et l'exécution des
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commissaires, injustement imputée aux dachnaks par les
agents trop zélés du Commissariat arménien, la répression se
déclenche contre les membres du comité de Moscou. Zavriev et
Nazariantz sont jetés en prison et détenus comme otages en
vue de leur échange contre la veuve de Djaparidzé et les deux
fils de Chahoumian qui se trouvent pourtant aux mains des
S.R. Grâce à l'intervention de Terian, Tchilingarian s'en tire,
(14)
La vict. du pouv. soviet, en Transe.
(143),
p.
219.
(15)
Né le 1" février 1889 à Tiflis. Fils d'avocat, études à la faculté juridique de
l'univ. de Petrograd. Exilé en Sibérie, revient en
1912
à Petrograd où il adhère au
P.O.S.D.R. Membre du Soviet de Petrograd
(1917).
Adjoint au commissaire des
Affaires étrangères (mars
1918).
Participe en
1922
à la conférence de Gênes. Ambassa–
deur en Chine
(1923)
puis en Turquie d'où il est rappelé en 1937.
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Fonds A.R.A.M