dachnak de gauche, aux juristes Levon Tigranian et Mikaël
Adjemian, ce dernier ancien député de la Douma, afin de
constituer un dossier de défense des intérêts arméniens (11).
Lors de la deuxième séance, la délégation soviétique insiste
pour que soit réglé en priorité le sort de la Pologne, de la
Lituanie, de la Courlande et de l'Arménie, pays auxquels
Lénine avait reconnu le droit à l'autodétermination. Les
Allemands ne veulent rien entendre. Le 1
er
janvier 1918, le
général Hoffmann, chef de leur délégation, présente une carte
indiquant les territoires que le Reich veut annexer ; ce sont
ceux que les bolcheviks désirent au moins neutraliser. L'Ar–
ménie occidentale, conquise par les armées tsaristes, doit être
restituée aux Turcs. Jugeant ces conditions inacceptables, la
délégation soviétique rompt les pourparlers. Les Allemands,
qui savent parfaitement que les bolcheviks veulent conclure la
paix à tout prix pour sauver leur régime menacé par la guerre
civile et l'intervention alliée, reprennent en février l'offensive
et arrivent à moins de 200 kilomètres de Petrograd. I l ne reste
aux bolcheviks qu'à accepter un ultimatum plus rigoureux, qui
est présenté le 23 février et qui exige une réponse dans les 24
heures. Le traité de paix signé le 3 mars consacre la perte, outre
les territoires contestés, de l'Ukraine et d'une partie de la
Biélorussie. Les Turcs en profitent pour demander, outre
l'Arménie occidentale, le rattachement des provinces trans—
caucasiennes de Kars, Ardahan et Batoum, qui avaient été
annexées par la Russie en 1878.
Après la victoire de la Révolution d'octobre et la constitu–
tion du Sovnarkom, conscient de l'importance que présente le
problème des nationalités dans l'ancien empire russe, Lénine
confie à Staline la création d'un Commissariat central aux
nationalités qui devra s'occuper des allogènes de la Russie et les
attirer dans le camp bolchevik.
Il est permis de supposer que Lénine, au début de son
pouvoir, fut partisan de l'indépendance de l'Arménie. Le 9
juin 1917, à la tribune de la première conférence des Soviets, i l
déclarait : « I l faut créer une république indépendante d'Ar–
ménie (12) ». Peu après la Révolution d'octobre, i l affirmait :
«
En nous emparant du pouvoir, nous reconnaîtrons immé-
(11)
Khourchoudian (42), pp. 71-80.
(12)
A. Mnatsakanian, in
Kommounist
du 27 nov. 1963.
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Fonds A.R.A.M