La promesse faite le 20 novembre 1918 par les bolcheviks
d'accorder aux musulmans de la Russie et de l'Orient une large
autonomie place les dirigeants azéris dans une situation
ambiguë. Le 17 décembre, à la réunion des partis musulmans,
YHùmmet, YAdalat
et les
hùmmetistes-mencheviks
décident
de soutenir les soviets.
Vers la fin de l'année 1917, la situation des bolcheviks à
Petrograd est critique. Ils proposent le 25 novembre aux
Allemands la cessation des hostilités ; l'armistice sera signé le 3
décembre à Brest-Litovsk. Les Turcs, de leur côté, proposent le
30
novembre au général Prjevalski la conclusion d'un armistice
correspondant à celui qui sera signé à Brest. Conclu le 5
décembre à Erzindjan, l'armistice est accueilli avec soulage–
ment par le Commissariat qui pense utiliser ce répit pour
mettre sur pied des forces nationales. Quant aux Turcs, ils en
profitent pour regrouper leurs troupes décimées lors de la
campagne précédente et tenter de progresser dans le Caucase.
Les conseils alliés à Tiflis protestent contre la conclusion de
l'armistice séparé « sans qu'il en ait été référé à leurs
gouvernements (10) ». Le 9 janvier, le général turc Ferik Vehib
pacha invite le Commissariat à envoyer ses délégués à la
conférence de Brest, mais celui-ci, tout en se réservant la
possibilité de participer ultérieurement à des pourparlers
directs, décide de s'abstenir afin d'éviter de se trouver seul face
aux Turcs et aux bolcheviks ; i l invoque comme prétexte le fait
qu'il n'est pas habilité par l'Assemblée Constituante dont la
réunion n'est prévue que pour le 15 janvier à Petrograd. En
réalité, il espère que naîtra de cette assemblée un gouverne–
ment qui saura mieux défendre les intérêts du Caucase. Or,
dès sa première séance, l'Assemblée est dissoute par les
bolcheviks. Le Commissariat s'est donc privé d'une repré–
sentation à Brest, et c'est avec les bolcheviks que les déléga–
tions allemande et turque traitent des conditions de paix pour
la Transcaucasie.
Pour associer les Arméniens aux pourparlers de Brest, où le
sort de leur pays était en jeu, le poète arménien Vahan Terian
est désigné pour faire partie de la délégation soviétique. I l fait
appel à l'historien Nicolas Adontz, à Rostom (Zorian),
(10)
A.M.A.E.F., Turquie, 894, P 54.
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Fonds A.R.A.M