bolchevique. Persuadé que la majorité des soldats lui sont
favorables et pour en faire la démonstration afin d'impres–
sionner les mencheviks, le Kraïkom convoque à Tiflis le Ile
Congrès régional de l'Armée du Caucase (10—13 décembre).
Les délégués bolcheviks accusent leurs adversaires de soutenir
la contre-révolution au Caucase du Nord et de s'opposer à la
politique de paix des Soviets. Le menchevik Gueguetchkori
dénonce le défaitisme des bolcheviks qui ne peut que conduire
à dégarnir le front. Néanmoins, le congrès adresse un appel
aux soldats pour qu'ils n'abandonnent pas le front, la
démobilisation devant se faire dans l'ordre, et qu'ils soutien–
nent le nouveau soviet régional de l'armée, lequel comprend
52
bolcheviks et S.R. de gauche contre 48 mencheviks,
dachnaks et S.R. de droite et dont la présidence est confiée à
G. Korganov, ancien officier d'artillerie tsariste (8). Bien
qu'ayant obtenu la majorité au soviet de l'armée, les bolche–
viks ne sont pas soutenus par la base composée essentiellement
de soldats russes peu sensibles aux problèmes des peuples du
Caucase et qui n'ont qu'une hâte : rentrer chez eux dans leur
Russie lointaine.
Le comité militaire révolutionnaire formé le 28 décembre
par Korganov pour soutenir l'action des bolcheviks ne dispose
pas de forces suffisantes. D'ailleurs, une partie des dirigeants
est opposée à une action violente pour la prise du pouvoir.
Menacé d'arrestation, le comité se réfugie le 5 janvier 1918 à
Bakou où i l se sentira en sécurité pour organiser des troupes
rouges.
Tout en s'efforçant de séparer les masses ouvrières des
mencheviks, le Kraïkom espère également obtenir la majorité
au Ile Congrès des soviets des députés des ouvriers que les
mencheviks consentent à convoquer le 19 décembre 1917.
Prétextant que la norme fixée par la délégation — 1 délégué
pour 500 électeurs — ne leur permet pas d'être représentés
totalement en raison des difficultés matérielles, les bolcheviks
proposent que leurs délégués disposent chacun de quatre
mandats. La demande est rejetée par les mencheviks qui
continuent à dominer le soviet et qui décident de former des
troupes nationales sous l'égide des conseils nationaux pour
s'opposer à toute tentative d'intervention armée des bolche–
vik^
(8)
G.R.S.0
(152),
doc. 108, pp. 143-146.
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Fonds A.R.A.M