Bakou préoccupent les dirigeants des partis nationaux et
notamment les mencheviks qui craignent l'extension du
bolchevisme en Transcaucasie. Isolés et privés de l'appui du
G.P. éliminé, ils cherchent des voies nouvelles pour sortir de
l'isolement tout en gardant l'espoir que le nouveau pouvoir
bolchevik ne pourra se maintenir longtemps et qu'avec l'aide
des Alliés un nouveau gouvernement sera établi en Russie
après la réunion de l'Assemblée constituante. En attendant
l'éclaircissement de l'horizon politique, une conférence s'ou–
vre le 11 novembre à Tiflis sur l'initiative des mencheviks
géorgiens : elle a pour objet la constitution en Transcaucasie
d'un gouvernement représentatif qui pourra faire face à la
situation. Sont représentés à cette conférence les partis politi–
ques, le soviet des députés des ouvriers et paysans, l'Ozakom,
le commandement de l'Armée, ainsi que les représentants des
missions militaires alliées au Caucase : l'Anglais Shore, le
Français Chardigny et le Consul américain Smith. Shore
considère que la situation au Caucase est très grave. Le 18
novembre i l télégraphie à Londres : « Tout est paralysé.
Aucune nouvelle du reste de la Russie. Le Commissaire
supérieur (Gueguetchkori) dit que les maximalistes maîtres de
Bakou refusent d'envoyer de la farine vers le Sud. I l n'y a pas
d'argent pour payer les troupes et les fonctionnaires. Le
général Prjevalski estime la situation désespérée. Les milieux
politiques inclinent vers une fédération des peuples du Cau–
case et pour la formation d'un gouvernement local, mais i l n'y
a nulle part une volonté d'agir (5) ». Smith demandera à son
secrétaire d'État, Lansing, de reconnaître
de facto
le nouveau
gouvernement qui devrait sortir de ces assises et de lui accorder
un prêt de 10 millions de dollars pour la lutte contre les
bolcheviks (6).
Invités à la conférence, les bolcheviks sont représentés par
Makharadzé, Nazaretian et Tskhakaya. Après avoir manifesté
leur opposition à la création d'un pouvoir séparé de la Russie,
ceux-ci quittent la séance. Le 15 novembre, à la clôture de la
conférence, la résolution est prise de créer à la place de
l'Ozakom un Commissariat de la Transcaucasie.
Dans ce nouvel organisme les mencheviks sont représentés
(5)
A.M.A.E.F., Arméniens du Caucase, 894, f" 15.
(6)
In documents Foreign Office, N. & S. Russia, Vol. III, 1918, pp. 578-579.
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Fonds A.R.A.M