Philippe Makharadzé arrivé de Bakou, 36 délégués se réunissent
à Tiflis. Ils représentent 8 366 membres du parti et comptent
parmi eux Mikoyan qui fait là sa première apparition publique.
Dans son rapport sur la question nationale, Chahoumian se
déclare partisan de la division du Caucase en régions nationales
autonomes distinctes, composées des principales ethnies : ar–
ménienne, azérie, géorgienne, etc. Mais la vieille garde (Kav-
taradzé, Makharadzé, Orakhelachvili), préconise le maintien de
l'unité territoriale autonome du Caucase sans distinction des
nationalités. Cette erreur fondamentale profitera par la suite aux
partis nationaux ; ceux-ci créent des conseils nationaux et attirent
vers eux une certaine frange du prolétariat plus animée par des
sentiments nationaux que par des idées révolutionnaires.
Cependant, l'intense activité des bolcheviks, encouragés par
les succès de leurs homologues de Petrograd à se frayer la voie vers
le pouvoir, est loin d'atteindre le but qu'ils se sont assigné. Les
classes moyennes se tiennent à l'écart, le prolétariat ouvrier est
divisé, les paysans demeurent rétifs à tout engagement politique.
Les élections à la Douma n'avaient donné aux bolcheviks qu'une
faible représentation ; les élections à l'Assemblée constituante,
en octobre, ne leur sont guère plus favorables, bien que leur
avance ne soit pas négligeable : ils obtiennent 8 % des voix pour
l'ensemble de la Transcaucasie contre 30 % aux mencheviks,
20 %
aux dachnaks et 19 % aux moussavatistes, mais ils
obtiennent une majorité relative à Bakou (22 %) .
Pressentant que le front du Caucase va être dégarni et que la
population arménienne va se trouver sans défense devant les
Turcs dans les territoires jusqu'alors occupés par l'armée russe, le
Bureau arménien de Tiflis, créé en 1912, décide de réunir les
représentants des institutions et des partis politiques arméniens
en vue de la création d'un Conseil national. Le congrès, qui
réunit du 27 septembre au 13 octobre 1917 à Tiflis 187 délé–
gués, adopte les résolutions suivantes : sur la situation po–
litique : l'Arménie orientale doit, avec le reste du Caucase, faire
partie de la République fédérative russe et jouir de tous les
avantages dont bénéficieront les voisins géorgiens et azéris.
Sur l'Arménie occidentale : conformément aux vœux expri–
més par les Arméniens de cette région, le front du Cau–
case devra être renforcé par tous les moyens (1). Élu à la fin
(1)
A.M.A.E.F. Russie-Caucase, 831, P 67.
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Fonds A.R.A.M