A la demande des mencheviks, le gouvernement provisoire
envoie le 9 mars à Tiflis ses représentants plénipotentiaires : les
K.D., V. Kharlamov, M. Papadjanov, M. Djafarov, P.
Pereverzev, et le social-démocrate K. Abachidzé, tous mem–
bres de l'ancienne Douma, pour constituer un Comité spécial
transcaucasien, l'Ozakom
(
Osobyi zakavkazski komitei).
Ju–
geant leur présence indispensable, les mencheviks obtiennent
le remplacement de Pereverzev par leur candidat A. Tchk-
henkeli, chargé des Affaires intérieures, ce qui leur permet de
contrôler la situation dans le pays. Par une note signée le 26
avril par le prince Lvov, président du Conseil, et par P.
Milioukov, ministre des Affaires étrangères, les territoires de
l'Arménie occidentale occupés par les troupes russes et placés
sous administration militaire relèveront désormais de l'autorité
directe du G.P. qui autorise 150 000 réfugiés arméniens à
regagner les régions d'Erzeroum, Van et Bitlis.
L'Ozakom désigne les commissaires qui doivent remplacer
dans les provinces les gouverneurs tsaristes destitués. Appelé à
rétablir l'ordre, cet organisme n'est pas habilité à promulguer
des lois ou à abroger celles qui existent, ce qui repousse dans
l'avenir la solution des problèmes nationaux, sociaux et
agraires, après la formation d'une Assemblée Constituante.
Incapable de répondre rapidement aux aspirations pressantes
et légitimes de la population, i l est impopulaire et en
conséquence dépourvu d'une autorité qui lui est d'ailleurs
contestée par le soviet. La dualité du pouvoir ainsi créée ne
peut qu'engendrer une situation confuse confinant à
l'anarchie et qui se traduit par des émeutes paysannes et des
grèves dans les usines.
Après la Révolution de février, bolcheviks et mencheviks
collaborent au sein d'une seule organisation du P.O.S.D.R. Le
26
mars, à la réunion de ce parti qui a lieu à Tiflis, un comité
de quinze membres est créé qui comprend des bolcheviks
S. Kavtaradzé, A. Nazaretian et M. Torochelidzé. Bien que
minoritaires dans tous les comités créés au Caucase, les
bolcheviks comptent profiter de leur collaboration, qu'ils
estiment provisoire, pour accroître leur champ d'action parmi
les masses et dans l'armée. Quant aux mencheviks, ils pensent
de leur côté que la présence des bolcheviks dans une
organisation où ils sont majoritaires leur permettra de contrôler
une activité révolutionnaire qu'ils estiment beaucoup trop
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Fonds A.R.A.M