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La« grande révolution d'Octobre »
et le Caucase
La Révolution de février 1917 fut accueillie avec joie par les
peuples du Caucase qui y voyaient l'aboutissement de leurs
vœux : libération du joug tsariste, introduction de réformes
sociales, solution du problème national, fin des difficultés et des
misères apportées par la guerre.
Craignant l'extension du mouvement révolutionnaire, le
grand-duc Nicolas, vice-roi et commandant de l'armée du
Caucase, adressa le
2
mars un appel au maire de Tiflis, Alexan–
dre Khatissian, aux représentants du clergé et de la presse pour
solliciter leur appui afin de maintenir à l'intérieur l'ordre in–
dispensable et aboutir à une conclusion victorieuse de la guerre.
Cependant, nommé quelques jours plus tard commandant en
chef de l'armée, il est rappelé au Q.G. de Mohilev. Le
4
mars est
formé à Tiflis, sous la présidence de Noï Jordania, le soviet des
députés des ouvriers et le
6
mars le soviet des députés des
soldats ; ils fusionneront le
26
mai. A Bakou, le soviet des
députés des ouvriers est créé le
6
mars. I l élit Chahoumian, en
son absence, président du Comité exécutif.
Au premier Congrès des dix-sept soviets de la Transcaucasie
(18
-22
mars), Jordania, faisant siennes les idées des porte-parole
mencheviks Tseretelli et Tchkheidzé, membres influents du
Comité exécutif central de Petrograd, proclame que la révolu–
tion en cours n'est pas une affaire de classe et que la chute du
tsarisme permettra aux deux classes, bourgeoise et ouvrière, de
travailler en harmonie pour l'introduction de la démocratie en
Transcaucasie. Cette déclaration va à l'encontre des conceptions
des bolcheviks locaux qui, eux, préconisent une tout autre
forme de combat pour aboutir au règlement des questions
sociales et nationales, ce qui provoquera l'éclatement du soviet
en fractions opposées.
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Fonds A.R.A.M