La fraction menchevique issue du P.O.S.D.R., entière–
ment aux mains des dirigeants géorgiens, est de loin plus
nombreuse et plus influente que sa rivale bolchevique et que
les autres partis. En octobre 1915, lors d'une réunion tenue à
Akhalsenaki, en Géorgie, les mencheviks prennent une po–
sition « défensiste » en ce qui concerne la guerre, confiants que
celle-ci se terminera par une « paix honorable » sans an–
nexions, et par l'instauration en Russie d'un régime démocra–
tique qui réglera le problème national. A la même époque, la
fraction bolchevique réunie à Bakou décide de suivre la ligne
«
défaitiste » préconisée par Lénine, voire de transformer la
guerre impérialiste en une guerre civile d'où sortira le pouvoir
des Soviets.
En Azerbaïdjan, le parti
Moussavat
s'abstient de prendre
ouvertement position contre le gouvernement, bien que
celui-ci ait pris des mesures restrictives à l'égard des mu–
sulmans et diminué leur représentation à la Douma. Les
pantouraniens azéris notoires, Ahmed bey Agaev et Al i bey
Khousséïnov, installés en Turquie bien avant la guerre,
entreprennent dès 1915 une tournée dans les Empires centraux
pour solliciter une aide morale et matérielle en vue de la
séparation d'avec la Russie de toutes les régions musulmanes.
Ce n'est qu'en 1917, lorsque la situation sur le front occidental
paraît critique et que la retraite des armées russes sur le front
caucasien devient imminente, qu'une orientation pro-turque
se dessine chez les dirigeants moussavatistes. Créé en avril 1917
à Gandja, le parti fédéraliste-national musulman fusionne avec
le
Moussavat
pour former le parti fédéraliste turc du même
nom,
Moussavat,
favorable à une étroite collaboration avec les
Ottomans et qui facilitera la pénétration de ceux-ci au
Caucase.
Telle était l'attitude respective des partis politiques de
Transcaucasie lorsque éclata à Petrograd le coup d'état
bolchevik qui devait ouvrir une nouvelle ère dans l'histoire des
peuples du Caucase.
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Fonds A.R.A.M