du manifeste, Lénine félicite Chahoumian pour sa conception
du problème national.
En mars 1903, les organisations social-démocrates de Tiflis,
Bakou, Batoum et autres lieux s'unissent et créent le premier
comité caucasien du P.O.S.D.R. dont feront partie Cha–
houmian, Djaparidzé, Knouniantz, Tskhakaya et Mak-
haradzé. Ce comité décide de publier un seul organe tri–
lingue :
Bor'ba Proletariata
(
La lutte du prolétariat en russe),
Proletariatis Brdzola
(
géorgien) et
Proietariati Kriv
(
arménien).
L'explosion du mouvement révolutionnaire en Russie après
l'issue désastreuse de la guerre contre le Japon en 1905 et la
perte de prestige qui s'ensuit pour le régime tsariste, ont leur
répercussion au Caucase. Les comités bolcheviks en profitent
pour organiser des manifestations de masse et déclenchent des
grèves, notamment à Bakou et à Tiflis. Les paysans s'attaquent
aux grands domaines, les troubles gagnent même l'armée.
Mais à la fin de 1907, le gouvernement russe arrive à contenir
le mouvement révolutionnaire et passe à la répression et aux
déportations.
En octobre 1914, l'entrée en guerre de la Turquie bou–
leverse la situation politique au Caucase. Le pays est l'enjeu
d'un conflit qui se traduira d'abord par une avance turque,
puis i l sera occupé par les forces de puissances étrangères et
enfin reconquis par la Russie.
Cependant, c'est surtout aux Arméniens, sujets de deux
empires rivaux, que la guerre apportera d'immenses espérances
suivies d'amères déceptions. Ceux de Turquie, qui s'atten–
daient à la veille du conflit aux réformes administratives
promises par le gouvernement ottoman et qui devaient être
appliquées sous le contrôle de représentants de pays neutres,
sont isolés de l'extérieur. Les Turcs en profitent pour mettre en
œuvre un projet élaboré de longue date : l'extermination des
Arméniens. Au Caucase, en revanche, les Arméniens voient
dans la guerre russo-turque l'occasion de réaliser leurs aspi–
rations nationales : libérer leurs frères du joug turc et obtenir
l'autonomie pour une Arménie intégrale réunifiée. Ils ob–
tiennent une promesse nébuleuse des autorités tsaristes, et de
la part des libéraux comme le K.D. Milioukov, un engagement
moins nuancé. Dès lors, les partis politiques arméniens se
consacrent moins à la révolution qu'à la collaboration avec le
gouvernement russe.
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Fonds A.R.A.M