Détroits, et avec les Puissances occidentales, soucieuses de
contenir toute progression russe en Orient et en Asie. Pays
multi-ethnique, la Transcaucasie compte à la veille de la guerre
de 1914, sur une superficie de 180 000 km
2
, 6,7
millions
d'habitants, en majorité Arméniens, Azéris (à l'époque on dit
encore « Tatares ») et Géorgiens (80 % de l'ensemble) et plus
de vingt autres peuples, parmi lesquels des Russes (450 000),
des Ossètes (100 000), des Abkhazes (50 000), des Kurdes
(30 000),
des Grecs, des Allemands, des Juifs, etc.
Gouverné par un vice-roi
(
namestnik)
qui réside à Tiflis
(
l'actuelle Tbilissi), le pays est divisé en provinces dont les
limites sont tracées sans tenir aucun compte des réalités
ethniques, économiques et religieuses, ce qui provoque des
heurts parmi les populations autochtones.
L'essor économique résultant de la mise en valeur des
immenses richesses du sous-sol grâce à l'apport des capitaux
russes et étrangers provoque un bouleversement des structures
socio-économiques et donne naissance à une nouvelle bour–
geoisie et à un prolétariat, formés surtout dans les villes où les
nouvelles industries se sont implantées après l'achèvement du
réseau ferroviaire, notamment à Bakou, Tiflis, Batoum et
Alexandropol. L'amélioration des conditions de vie, les possi–
bilités qui s'offrent à la jeunesse de faire des études supérieures
dans les universités de l'empire et à l'étranger, contribuent au
développement de l'activité sociale et culturelle de la région.
Cependant, la classe ouvrière et paysanne n'est pas encore
organisée, les idées marxistes ne pénètrent pas dans les milieux
ruraux, la nouvelle bourgeoisie, issue du développement
industriel et du commerce, apparaît à côté des propriétaires
fonciers ; elle est en majorité solidaire du régime tsariste dont
dépend sa prospérité, mais la politique répressive de la
monarchie à l'égard des peuples allogènes réveille les con–
sciences nationales, et a pour corollaire la création de partis aux
tendances politiques diverses, opposés dans l'ensemble au
régime autocratique.
La bourgeoisie azérie s'adapte mal aux transformations
structurelles. Sa part dans l'exploitation des richesses du
pétrole de Bakou est très réduite par rapport à celles des
Arméniens et des autres nationalités. L'élite azérie est peu
attirée par la culture russe bien que le régime tsariste soit plus
tolérant envers les musulmans, considérés comme étant dans
18
Fonds A.R.A.M