des insurgés. Mais la vallée de Zeïtoun n'est pas une plaine entourée de montagnes,
c'est une suite de ravins abrupts et profonds au fond desquels coulent des torrents
infranchissables. Au confluent de deux de ces torrents, sur l'éperon formé par les
pentes d'un rocher de
8 0 0
mètres de hauteur s'étagent les misérables maisons de
briques crues qui composent la ville de Zeïtoun. On peut la bombarder mais on ne
peut s'en emparer de vive force. Encore faudrait-il déloger les insurgés des sommets
qui dominent la petite cité pour se considérer comme maitre de la place et, à moins
d'un déploiement de forces considérable, cette opération est difficile en toute saison;
elle est impossible en hiver.
En face de la ville, de l'autre côté du ravin qui la couvre à l'Est, les Turcs ont
construit après l'insurrection de
1 878 ,
une caserne fortifiée armée de deux canons
et destinée à tenir les turbulents Zeïtounlis en respect. Mais avec leur impéritie or–
dinaire, ils ont négligé de pourvoir leur établissement militaire de puits ou de citernes
et lors du soulèvement actuel, i l a suffi de couper la conduite d'eau pour obliger une
garnison de 5oo hommes à se rendre.
Les insurgés s'étaient installés dans ce fortin, ils en sont sortis aussitôt l'entrée des
troupes ottomanes dans la vallée et ils se sont cantonnés sur 3 rochers qui surplombent
la ville, la caserne et les ravins.
Les Turcs ont célébré comme une victoire la prise de la caserne. En réalité ils sont
entrés dans une maison abandonnée et ils occupent une position dont on ne peul
tirer parti.
Us ont établi sur la plate-forme du bâtiment une batterie de 1 o pièces de mon–
tagnes qu i , jointes aux 2 pièces de la place, constituent une artillerie assez forte pour
pulvériser les masures de Zeïtoun. Pourquoi ne l'ont-iis pas fait? Pourquoi malgré
l'ordre secret de déployer une très grande activité et une implacable sévérité dans
la répression, le Sultan s'est-il tout à coup ravisé ? I l est probable que c'est après avoir
reconnu qu'un bombardement ne résoudrait rien. On tuerait peut-être des femmes,
des enfants, des vieillards, mais on n'atteindrait pas l'armée insurrectionnelle et on
déchaînerait, peut-être contre les troupes ottomanes, en cas d'échec, des vengeances
terribles.
Lorsque nous avons offert nos bons offices à Sa Majesté elle nous a remerciés,
mais i l semble que, le jour même, le commandant des troupes ait reçu l'ordre d'en
finir vite. Celui-ci a évidemment tenté quelque attaque infructueuse, car cette mé–
diation, accueillie tout d'abord assez froidement, a été réclamée ensuite avec une i n –
sistance significative.
Les Ambassadeurs ont invité en conséquence leurs Consuls à Alep à se réunir et à
se mettre en rapport avec les insurgés. Ils ont demandé en même temps quelles se–
raient les autorités ottomanes chargées de la négociation.
Les Consuls ont offert, par dépèche télégraphique aux gens de Zeïtoun leur mé–
diation, et ces derniers l'ont acceptée en exprimant leur reconnaissance. I l faut dire
quà Zeïtoun, le pouvoir exécutif appartient à quatre personnages descendant des
plus anciennes familles de la vallée et administrant chacun l'un des quartiers de la
ville, qui est divisée en quatre parties. Ils sont assistés d'un conseil des anciens analo–
gues au Djounna Kabyles. I l est donc possible de trouver à qui parler et l'acceptation
de la médiation a dû être délibérée dans le Conseil.
DOCUMENTS DIPLOMATIQUES.
—
Arménie.
n
Fonds A.R.A.M