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mairie qui suivit, les églises, écoles et bazars furent fermés, personne n'osant sortir de
chez soi. A Malatia, on se rua également sur les gens du bazar, on pilla leurs maga–
sins et l'on saccagea les maisons. Ces lettres rapportent cpie les Pères religieux ont
recueilli et sauvé
4
,
ooo personnes dans leur église et que
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, 0 0 0
se sont réfugiées
dans l'église arménienne de la Trinité.
En réponse à mes démarches réitérées pour la sauvegarde de nos missionnaires
d'Akbès, le Vali m'a donné à trois reprises et par écrit les assurances les plus for–
melles concernant leur sécurité et l'arrestation des deux beys Taiac A l i et Youssef
qui m'étaient signalés comme les instigateurs de l'agitation dans ces parages. J'ai fait
connaître à nos missionnaires les mesures prises pour leur préservation. Je leur en–
voie d'ailleurs un de mes anciens cawas d'Aïntab avec mission de rester auprès d'eux
tant que sa présence pourra être utile.
Les villes du Vilayet continuent à être tranquilles relativement, mais les campagnes
sont toujours occupées par des pillards. I l y faudrait une maréchaussée à cheval com–
mandée par des chefs sûrs et responsables, et encore je ne crois pas que les agricul–
teurs chrétiens se risquent d'ici à longtemps à regagner leurs centres d'occupation.
A trois heures de Mersine, à Dalakdéré, des Arméniens protestants, fermiers d'un
de nos nationaux, M. Massola, ont eu leurs gardes, également chrétiens, l'un tué et
l'autre blessé par des Turcs d'un village voisin, Kérimler, et l'affaire est en cours
d'instruction.
Je fais auprès de l'autorité, comme pour les autres affaires dans lesquelles nos na–
tionaux ou protégés ont été lésés, mes réserves pour les dommages et intérêts aux–
quels ils ont droit.
J'espère enfin avoir assuré dans la limite du possible la protection à laquelle ont
droit nos Pères jésuites et sœurs d'Adana, en faisant placer des corps de gardes au–
près de leurs établissements.
A. SUMMARIPV.
N° 77 .
M . BARTHÉLÉMY,
Gérant du Consulat de France à Al ep,
à M . P. CAMBON, Ambassadeur de la République française à Constan-
tinople.
A l e p ,
k
janvier 1896.
Aujourd'hui, dans une première réunion, les Agents des six Puissances ont décidé
d'informer par le télégraphe les chefs des Zeïtounlis, de leur rôle de médiateurs entre
eux et la Porte, de l'ordre donné par elle de suspendre les hostilités et de leur de–
mander s'ils acceptent notre médiation.
Le Vali sera chargé de transmettre notre télégramme.
Les conditions du Sultan nous ont paru devoir rencontrer un refus de la part des
Zeïtounlis.
BARTHÉLÉMY.
Fonds A.R.A.M