condamnés et livrés à la populace qui les maltraita ignoblement, mutilant e1 traînant
leurs cadavres qui lurent, ensuite jetés du haut des remparts dans les
(
fossés, an milieu
des ordures et des immondices.
L'autorité appela alors tous les paysans, Turcs, Arabes et autres, et leur distribua
les armes qu'elle avait en sa possession pour aller assaillir les Arméniens qui restaient
enfermés chez eux; ils se ruèrent encore une fois sur ce quartier en poussant des cris
féroces et décidés à mettre tout à feu et à sang; mais ayant encore trouvé une résis–
tance, ils se retirèrent en laissant 5 morts, après avoir dévasté 5o maisons et tué
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Arméniens. Cette dernière affaire se passait le mardi à 10 heures à la turque et,
immédiatement après, le quartier arménien fut entouré d'un cordon de troupes qui
empêchaient toute communication avec le dehors.
Le mercredi, on emprisonna les notables arméniens de la Aille. On voulait à toute
force leur faire avouer qu'ils faisaient partie d'un comité révolutionnaire. On exigeait
d'eux les noms des membres de ce comité et la remise au Gouvernement des pré–
tendus 1,800 fusils qu'ils ont reçu de dehors ou bien une somme d'argent importante
s'ils voulaient être délivrés.
Ces pauvres gens ne pouvant pas avouer l'existence d'un comité qui n'existait pas,
n i remettre des fusils qu'ils n'ont jamais reçu, durent réunir tout l'argent qu'ils
purent trouver et le verser entre les mains des Turcs, en se liant à leur parole. Au
lieu de les mettre en liberté comme c'était p r omi s , on les enferma dans des cachots
OÙ ils gémissent encore.
Ce qui va suivre vous démontrera d'une façon irréfutable (pie c'est bien le Gou–
vernement lui-même qui a organisé et ordonné les massacres. Les autorités compre–
nant que pour détruire les Arméniens, i l faudrait sacrifier beaucoup de Turcs,
imaginèrent ce STratagème pour désarmer les Arméniens et les mettre entièrement à
leur merci.
Elles firent appeler les chefs de la communauté arménienne et leur déclarèrent
que des ordres très formels avaient été donnés pour que de nouveaux massacres
n'aient plus lieu, mais que, de leur côté, les susdits chefs devraient engager tous
leurs coreligionnaires à rendre leurs armes.
Les Turcs, tout en protestant de leurs bonnes intentions, avaient pourtant fait
ranger une batterie de canons au-dessus du quartier arménien. Pendant une ving–
taine de jours, r i en ne fut. tenté contre les Arméniens, qu i , i l est vrai, restaient
toujours enfermés dans leurs maisons. Mais cela ne faisait pas le j eu des autorités
locales qui voulaient en finir. Aussi, de nouveau, les prêtres furent-ils appelés ;on leur
fit remarquer la tranquillité qui régnait en ville et la nécessité de faire déposer les
armes pour que, des deux côtés, la confiance renaisse et que chacun puisse vaquer à
ses affaires.
Les prêtres avant, dû consentir à faire un essai, le Gouvernement les lit. accompa–
gner par des « mouhtars » dans les demeures des Arméniens, et là les prêtres étaient,
obligés d'ouvrir l'Evangile et de faire jurer à ces malheureux s'ils avaient ou non des
armes. S'ils en possédaient, ils étaient de suite saisis et envoyés au Sérail, la tournée
terminée, pour être certaines qu'il n'v avait plus de moyens de défense chez les A r –
méniens, les autorités ordonnèrent la fouille des maisons des prêtres et des tombeaux
des églises.
Fonds A.R.A.M