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J'appris également que Gurun avait été attaqué le matin. Le Vali mettait le massacre
de Sivas sur le compte d'un télégramme du Caimakan de Gurum, l u i annonçant
l'attaque de la ville, et divulgué avant même qu'il ne l'eût reçu.
Tout le monde, chez mo i , s'est admirablement comporté.
Chez les Pères.
Ils avaient gardé quelques élèves, et beaucoup de leurs voisins
étaient venus se réfugier chez eux, environ 2 5o personnes. Ils avaient bien quelques
provisions, mais manquaient de pain. Un Musulman voisin, Hadji Lou f t i , un fanatique
pourtant, leur en fit porter une certaine quantité et quelques autres provisions.
Chez les Sœurs.
Elles avaient gardé une trentaine de petites filles et n'avaient
été nullement inquiétées. Dès le début du massacre, on avait frappé violemment à
la porte; quand elles regardèrent par une fenêtre, elles virent quatre cadavres à leur
porte, probablement les gens qui avaient frappé voulant se réfugier chez elles.
Le bazar.
Toutes les boutiques et magasins arméniens ont été complètement
pillés et saccagés : on a enlevé jusqu'aux fenêtres. I l ne reste même pas de vieux
papiers.
Dans les pharmacies, les pillards, n'osant enlever les médicaments, ont brisé toutes
les fioles.
I l existe au bazar un grand bâtiment en pierre, construit récemment, appelé
«.
nouveau khan », fermé par deux portes de fer et n'ayant de baies qu'au premier
étages, renfermant les magasins et dépôts des plus riches négociants. Environ
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oo Arméniens s'y étaient enfermés. Dans ce bâtiment se trouvait une certaine quan–
tité de revolvers (ceux envoyés naguère par les comités) et beaucoup de munitions.
Les Musulmans travaillèrent au moins une heure pour faire un trou de
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mètre
dans une des portes, sans être inquiétés ni par la police , n i par les assiégés, et quand
le premier homme passa avec difficulté par la brèche, les Arméniens se rendirent et
ouvrirent leurs magasins qui furent entièrement saccagés.
Le Vali affirme que tous ont eu la vie sauve; je le saurai plus t ard , connaissant les
noms de bon nombre des réfugiés au nouveau khan.
Si le fait est peu en faveur du courage des Arméniens, i l a eu son bon côté; ceux-
ci pouvant facilement tuer un grand nombre de musulmans, de terribles représailles
eussent été à craindre.
On a pillé quelques maisons abandonnées parleurs propriétaires, mais presque
exclusivement des maisons de riches notables.
Les massacres.
Le massacre devait certainement être préparé à l'avance, car i l
y a eu une spontanéité toute particulière. Qu'il y ait eu connivence de l'autorité, la
chose paraît probable. Le secret avait été assez bien gardé, quoique la veille, au
soir, quelques avertissements discrets eussent été donnés. Mais les avertissements
étaient trop ambigus. Néanmoins, mis en défiance, j'avais, le
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novembre au soir,
recommandé à nos missionnaires de s'approvisionner secrètement en cas d'une
émeute que je ne pouvais croire si près d'éclater, et leur avais donné la consigne de
ne sortir de chez eux sous aucun prétexte au moindre trouble.
Fonds A.R.A.M