la situation é c o n om i q u e de la popula–
tion frontière et à aplanir les difficultés
entre Russes et Persans.
[
Il s'agit en réalité d'une n o u v e l l e mesure de po–
lice russe contre les A r m é n i e n s ; o n veut renouveler
le plus souvent possible les tueries c o mm e celles
•
d'Olti. N . D . L . R . ]
•
ASIE-MINEURE
L ' Eu r op e , a b s o r b é e dans la contem–
plation, pour l'instant passive, de la
guerre d ' Ex t r ême - O r i e n t , ne semble
pas avoir beaucoup d ' é n e r g i e et de l i –
b e r t é d'esprit de reste pour l'étude de
p r o b l ème s plus anciens et de nature à
redevenir d'un moment à l'autre plus
urgents. E l l e laisse aller les é v é n e –
ments, et l'on dirait que la diplomatie
occidentale a a bd i qu é , soit à l'égard de
ces troubles profonds de la Ma c é d o i n e
auxquels nul n'a l'illusion d'avoir mis
un terme définitif par l'application i n –
suffisante et mal suivie d'un t r o n ç o n
du programme de Muerzsteg, soit à
l ' é g a r d de ce terrible p r o b l ème a r mé –
nien qui ne tend que trop à reprendre
le c a r a c t è r e d'un tragique conflit.
De ce dernier côté, les avertisse–
ments comminatoires ne se sont que
trop mu l t i p l i é s depuis quelque temps.
A u mois de j u i n dernier, l'attention
officielle des gouvernements et des
peuples avait été appe l é e par une inter–
pellation à la Chambre française sur
le recommencement des massacres du
Sassoun, c'est-à-dire du prologue du
drame sanglant de 1895 et 1896.
Le ministre des affaires é t r a n g è r e s
de France, en r é p o n s e à un relevé
p r é c i s , authentique, exact, des h é c a –
tombes d eZe k k i paclia et de Fe r i d bey,
avait reconnu l'existence du ma l ; i l
avait p r o c l amé la légitimité de la r é –
sistance pour une nation qui ne veut
pas mou r i r ; i l avait enfin promis de
ne rien n é g l i g e r , non seulement pour
p r é v e n i r ou a r r ê t e r l'effusion d'un sang
innocent, mais encore pour assurer à
un peuple infortuné les garanties élé–
mentaires de la vie sociale au moyen
de r é f o rme s organiques.
Personne n'avait le droit de mettre
en doute la bonne foi d'un ministre qui
a fait preuve, à plusieurs reprises,
d'une réelle bonne volonté, et qui au–
rait horreur de se rendre complice,
même par simple faiblesse, d'une r é c i –
dive de l'attentat de 189o. Partout où
se fit entendre In voix des r e p r é s e n –
tants de l ' Armén i e , partout où se r é u –
nirent — comme à Londr es à la fin de
j u i n dernier — des con f é r enc e s inter–
nationales des champions de cette
cause s a c r é e , tout le monde se plut à
rendre hommage à la droiture des i n –
tentions de M . De l c a s s é : mais tout le
monde aussi c i u l devoir signaler l'in–
suffisance radicale des projets mis en
avanl.
Ce n'est pas que les p r é t e n t i o n s des
amis de l ' huma n i t é lussent bien exces–
sives. Sans doute ds n'ont pas r e non c é ,
ils ne renonceront jamais à se p r é v a –
loir dn litre j ur i d i que , du titre e x é c u -
cutoire que constitue [tour eux l'arti–
cle L X I du traité de Be r l i n . Sans
doute, i l n'ont pas a b d i q u é , ils n'abdi–
queront jamais les droits que le fameux
Mémorandum
de mai 1896 leur crée sur
les puissances signataires. Pou r l'ins–
tant, toutefois, en gens pratiques, p r é –
o c c u p é s avant tout de mettre un terme
à l'assassinat d'une nation, de p r é s e r –
ver de la mort et d'un sort souvent
pire que la mort les femmes, les filles
et les' enfants des A rmé n i e n s du Sas–
soun et de Mo u s h , ils se sont conten–
tés de rappeler aux gouvernements
qu'il y a huit ans déjà l ' Eu r ope avait
d ema n d é au sultan la r é vo c a t i on des
bourreaux de l ' Armé n i e et que Ze k k i
pacha était déjà l'un d'entre eux.
Exiger et obtenir un changement de
personnel, c'était a s s u r éme n t le mi n i –
mum de l'intervention efficace des puis–
sances : i l n'y avait là que le premier
pas dans la voie des r é f o rme s n é c e s –
saires, mais c'était le premier pas i n –
dispensable et, dans une certaine me–
sure et pour un certain temps, i l au–
rait suffi à é c a r t e r le péril le plus im–
mé d i a t .
Par malheur, les puissances n'ont
pas pris ce parti, le plus simple à la
fois et le plus effectif. On a p a r l é , au
cours de juillet, de n é g o c i a t i o n s qui
auraient été e n g a g é e s s i mu l t a n éme n t
par les cabinets de Pa r i s , de S a i n t - P é –
tersbourg, de Lond r e s , avec la Porte,
en vue d ' amé l i o r a t i o n s administratives.
Comme de juste, elles n'ont pas plus
abouti que celles qui les ont p r é c é d é e s
depuis un demi-s;ècle et qui consistent
r é g u l i è r eme n t à redemander solennelle–
ment à la Turquie des mesures qu'elle
a déjà solennellement promises à main–
tes reprises et même , dont elle a af–
firmé l ' exé cu t i on .
L e sultan a fait r é p a n d r e le brtiil que
ce que l'on a a pp e l é l'insurrection du
Sassoun était fini, qu'il allait d é v e r s e r
sur ce pays les fruits de son imp é r i a l e
largesse et faire reconstruire à ses frais
les villages. En fait, on a p o u r c h a s s é
les habitants, on a enfermé les nota–
bles, on a bâti des forteresses et des
casernes. Et
c
'
a été tout.
Aujourd'hui, des bruits sinistres re-
commancent à circuler. Constantinople
parle de révolte. On a vu, sur les fron–
tières de l ' Armén i e russe, les malheu–
reux A rmé n i e n s pris entre deux feux.
On p r é p a r e une r é p r e s s i on impitoyable.
L ' Eu r o p e sait ce que cela veuf dire.
E l l e verra une reprise des Vê p r e s
d'Anatolie si l'opinion ne s ' éme u t et ne
dit mot.
Le s Armé n i e n s en é t a t de porter les
armes ne demandent rien pour eux :
ils sont dé c i dé s à s'inspirer de l'exem–
ple de tous les peuples qui ont conquis
leur liberté et leur vie. Tout ce qu'ils
sollicitent, c'est que leurs femmes et
leurs enfants ne servent pas de boucs
émi s s a i r e s aux Hami d i é s et n'expient
pas les actes de leurs p è r e s et de leurs
maris par la torture et la honte.
L a r e qu ê t e n'a rien d'excessif : c'est
l'application des lois de la guerre à une
guerre d ' i n d é p e n d a n c e . Il est permis
d ' e s p é r e r que l ' Europe qui a tant souf–
fert, dans ses i n t é r ê t s comme dans sa
conscience, d'avoir a s s i s t é , t émo i n
inactif, sinon impassible, aux massacres
de 1896, voudra s ' é p a r g n e r la respon–
sabilité d'une r é c i d i ve , soit en mettant
des bornes au zèle des bourreaux, soit
même en rendant enfin à l ' Armén i e , à
l ' h uma n i t é , à la Turquie e l l e -même , le
service incomparable de régler, confor–
méme n t à la justice, aux t r a i t é s , • au
bien g é n é r a l , une question qui ne cesse
de menacer tout à la fois les o p p r i mé s ,
les oppresseurs et les spectateurs eux-
même s .
F
R A N C I S D E
P
R E S S E N S É .
(
Le
Temps
du 10 septembre).
Vient de paraître :
P o u r
l ' A r m é n i e
e t 1
£L
i V l i i c é c l o i n e
MANIFESTATIONS FRANCOANGLO ITALIENNE
Un volume de 350 liages en vente à la
Société Nouvelle de Librairie et d'Edition,
17,
rue Cujas.
Fonds A.R.A.M