N° 94.
Le N u m é r o :
30
centimes.
15
S
E P T E M B R E
1904.
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QU I L LARD
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QUILLARD
IO, Bue Nollet. Paris
—
>*—
A B O N N E M E N T S
1
France
' 8
t>
É t r a n g e r
I O»
Paraissant le
I
er
et le i5 de chaque
mois
COMITÉ DE RÉDACTION :
O.
Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé
S e c r é t a i r e de la R é d a c t i o n :
Jean L O N G U E T
ADMINISTRATION :
Avenue de l'Observatoire, 3
P A R I S
A B O N N E M E N T S
France
S »
Etranger
I O »
S 0 M M H I R E
Atrocités cosaques.
.
l e s
- —
Informations : L a mobilisation d u IV" et du VI» corps d'armée; L e mouvement révolutionnaire arménien; Une invraisemblable infamie
diplomatique : Un manifeste de la fédération révolutionnaire arménienne': A u Sassoun; AV a n ; L'anniversaire d u Sultan; U n complot contre le Sultan; Nouvel incident
turco-americain ;
L
incident de Galata; Les officiers de l'escadre anglaise de la Méditerranée à Constantinople; Police russe. — Asie Mineure (FRANCIS D E P R SSENSÉ).
four les Arméniens (GEORGES C L E M E N C E A U ) : La quinzaine : L a mobilisation du I V corps et les incidents de Van
(
PIERRE Q U I L L A R D
) .
—
Le comité de secours
Le mouvement pro-armemen en Angleterre [H. W . MASSINGIIAM).
—
L a presse hamidienne en France. — Combat de la bande révolutionnaire Orsgan près de Zartanisse.—
Nouvelles dOrient : Macédoine; Mourad V : Le successeur d'AbduI-Hamid : Presse Hamidienne : Le Sultan et M . Loubet; L a nouvelle loi sur le timbre; L'asile des sourds
muets; condamnations a mort et mandats d'arrêt; Décorations (P. Q . ) . - - Documents : correspondance diplomatique sur les affaires de Zeïtoun
(
suite).
Sous l'influence des
nouvelles émouv a n t e s
venues d ' Armén i e Tu r –
que, une bande d ' Ar –
mé n i e n s , compo s é e de
6 1
hommes , parmi les–
quels un officier en r é –
serve, un pr ê t r e , deux
é t ud i an t s et d'autres i n –
tellectuels, traversait le
i 5 j u i l l e t l a r ég i ond ' Ol t i
(
Transcaucas ie) pour
portersecoursaux com–
patriotes de Sassoun,
victimes des atrocités
hamidiennes.
Près de la frontière,
la bande se heurta aux
troupes ottomanes qui
avaient été p r évenue s
par le chef de la garde
frontière russe. U n com–
bat très v i f s'engagea et
pendant toute une j ou r née les
Fédays
sous le drapeau de la « Fé –
dé r a t i on r évo l u t i onna i r e a r mé –
n i e nn e » , tinrenten échec l ' ennemi
qui était en nombre bien plus
cons i dé r ab l e .
Mais bi entôt plusieurs centaines
de Cosaques et de soldats russes
sous le commandement d'un offi–
cier n o mm é Bikolï, franchirent la
frontière, dépa s s è r en t la limite
permise et vinrent au secours des
Tu r c s . Les Armé n i e n s , fidèles à
leurtactique habituelle, ne r é pon –
dirent pas à la fusillade des Rus –
ses. Ils dé l éguè r en t l 'un apr ès
ATROCITÉS COSAQUES
i
~ — G r o u p e
des Arméniens.
P h o t o g r a p h i e o f f i c i e l l e r u s s e
(
Communiquée par la Rédaction de
Droschak
l'autre deux d'entre eux aup r è s du
commandant russe afin de lui ex–
pliquer leur but et le prier de faire
cesser la fusillade et de se retirer.
Ces dé l égués ne revinrent plus.
Le prê t re a rmé n i e n , la croix en
ma i n , fut envoyé avec la même
mi ss ion , mais le vieillard tomba
b i en t ô t criblé par les balles des
Cosaques. Al o r s le chef des Fédav s
hissant le drapeau blanc se rendit
avec une douzaine d'hommes, au–
pr ès du commandant russe, e spé –
rant sauver le reste de la bande
par une soumi ss ion toute volon–
taire. Mais l'implacable comman–
dant ordonna le feu, et
les Armé n i e n s furent
tués sur place. Plu sieurs
des i nsu r gé s furent faits
pr i sonniers , et l ' u n
d ' e u x f u t l i v r é a u xTu r c s
sur la demande de ces
derniers; on l'égorgea
aux yeux des Russes.
Ap r è s cet acte de
l âche t é , les Cosaques
r ama s s è r en t les cada–
vres, déjà l i t t é r a l emen t
dépou i l l és par les so l –
dats, les mu t i l è r en t et
les p r o f anè r en t de la
man i è r e la plus bar–
bare. Le commandant
des troupes turques fit
venir du cognac et une
vér i t abl e orgie fut or–
gani sée autour des ca–
davres. Les barbares
turcs et russes f ra t erni sèrent , cé–
l éb r an t leur commune victoire.
Ce ne fut pas tout. Pour é t e r n i –
ser l'acte commi s et pour donner
au gouvernement central des
preuves éc l a t ant es de sa sinistre
besogne, le commandant Bikoff
fit. photographier les cadavres en–
t our és des égo r geu r s , le chef en
tête.
C'est cette photographie r ep r é –
sentant une des scènes les plus
é cœu r an t e s et exceptionnelles,
même d a n s lesannales del'Orient,
que nous nous voyons obl igés de
pr ésen t e r au public eu r opé en .
Le commandant Bikolï'
Fonds A.R.A.M