mé n i e n s pacifiques soit devenue, ces
derniers temps, de plus en plus pén i –
ble. Il a ajouté que dans les provinces
d'Asie, les violences continuent, tandis
qu'ici des arrestations et faits du m ê m e
genre se produisent continuellement.
Le conflit turco-américain
et la démission du grand vézir.
C o n s t a n t i n o p l e ,
16
a o û t .
L'escadre amé r i c a i n e a à peine qu i t t é
Smy r ne , que de nouvelles difficultés
s'élèvent entre la Porte et la légation
amé r i c a i n e .
M . Le i s hma nn i n t e r p r è t e la note de
la Porte dans ce sens que toutes les
écoles a rmé n o - amé r i c a i n e s , dont le
nombre s'élève à 3 8 1 , doivent être re–
connues, tandis que la Porte s'en tient
à son point de vue que seules sont re–
connues les écoles ouvertes en vertu
d'un firman imp é r i a l , soit
81
écoles. Il
faut donc s'attendre à u n retour de la
flotte, les amé r i c a i n s se montrant i n -
transigants dans la question des écoles.
(
Frankfurter
Zeitung).
C o n s t a n t i n o p l e ,
18
a o û t .
Le grand vézir, F è r i d - P a c h a a d o n n é
sa d émi s s i o n à la suite de l'incident
t u r c o - amé r i c a i n .
A la lettre de d émi s s i on était joint un
mémo i r e de douze pages qu i a fait une
grande impression sur le sultan. Il
faut y rattacher l'affaire de la note re–
mise hier à la Lé g a t i on amé r i c a i n e par
la Porte, note q u i , du côté de la Porte,
semble vou l o i r faire revivre le conflit.
L a d émi s s i on du grand vézir a été
mo t i vé e par le fait que lors de l'appa–
r i t i on , à Smy r ne , de l'escadre amé r i –
caine, trois r épon s e s avaient été rédi–
gées,' l'une par le grand v i z i r , l'autre
par le ministre des affaires é t r a ng è r e s ,
la t r o i s i ème par Izzet-Pacha, second
secrétaire du Palais. Le sultan choisit
cette d e r n i è r e , sans tenir compte de
celle de la Porte.
Le ministre amé r i c a i n affirme qu'a–
près les assurances que l u i avaient
d o n n é e s Izzet-Pacha de la part du sul–
tan, le conflit devait être considéré
comme t e r m i n é . Le sultan l u i avait
p r omi s que l ' Amé r i q u e aurait, dans la
question des écoles, comme la France
ap r è s la d émo n s t r a t i o n de Mitylène, le
traitement de la nation la plus favori–
sée. L ' Amé r i q u e s'est con s i dé r é e satis–
faite et i l s'en tient à la parole du sou–
verain.
A u Palais, on fait pression sur le
grand vézir pour q u ' i l retiré sa d ém i s –
sion. Fé r i d n'est pas venu hier au Co n –
seil des ministres, parce q u ' i l est effec–
tivement malade. I l a fait savoir à Y l d i z
qu ' i l ne resterait pas en fonction plus
tard que le dimanche
21 .
(
Frankfurter
Zeitung.)
C o n s t a n t i n o p l e ,
21
a o û t .
Depuis deux jours, le Sultan n'a pas
e nvoy é mo i n s de neuf fois son cham–
bellan, Arif-bey, chez le grand vézir
qu i , hier, a retiré sa d émi s s i o n .
A Trébizonde.
C o n s t a n t i n o p l e ,
24
a o û t .
Hassan Efendi, consul de Tu r q u i e à
S o k h o um Ka l e h , sur la côte du Cau–
case, a été r é c emme n t emp r i s o n n é à
T r é b i z o n d e et transféré à Constantino–
ple, avec^ un autre fonctionnaire turc
arrêté en m ê m e temps à Hoppa , le der–
nier petit port turc, près de la fron–
tière russe. L a cause de l'arrestation
doit être une lettre adressée au Sultan
qui a o c c a s i onn é é g a l eme n t l'arresta–
tion de quelques musu lmans de Batoum
a r r i vé s à Constantinople.
(
Politische
Korrespondenz).
A Yldiz.
C o n s t a n t i n o p l e ,
27
a o û t .
Par suite de l'attitude me n a ç a n t e de
la garde albanaise du Palais^ d'autres
troupes ont d û être appelées pour le
service et le r é t a b l i s s eme n t de l'ordre.
Il y a eu entre elles et la garde du P a –
lais un combat en règle au cours du–
quel plusieurs hommes ont été t ué s et
beaucoup blessés. P a r m i les blessés se
trouvent un géné r a l , un aide de camp
de service et le commandan t de la
garde du Palais. L a cause de la mu t i –
nerie des Albanais doit être a t t r i bu é e
au fait qu'ils ont d ema n d é en tumulte
le paiement de l'arriéré de leur solde.
(
Pester
Lloyd).
LIRE
LES RÉFORMES
ET LA
Protection des Chrétiens en Turquie
par A.
SCHOPOFF
Chez P L O N et NOURRIT, 8, rue Garancière.
Nous rendrons compte de cet ouvrage ma–
gistral dans le prochain
numéro.
LA QU I NZA I NE
ANNIVERSAIRE
Aujourd'hui,
1
er
septembre, c'est
grande fête officielle dans tout l'em–
pire. Le s journaux c é l è b r e n t en termes
dithyrambiques l'anniversaire du S u l –
tan ; de la Co r ne - d 'Or au Bosphore les
illuminations é c l a t en t dans la nuit sur
les nobles collines de la ville, et en
Europe même , les divers Mun i r - Pa c h a
et autres r e p r é s e n t a n t s de Sa Sanglante
Ma j e s t é r e ç o i v e n t pour elle les félici–
tations protocolaires. Cependant A b d -
ul-Hamid-Ivhan, padischah des trois
villes, seigneur honoraire de la Mo r é e ,
de la Gr è c e , de la Bosnie, de la Ro u –
mé l i e , massacreur j ama i s las des pays
de Va n , Er z e r oum, Di a r b é k i r et B i t l i s ,
chevalier de l 'Annonc i ade , de l ' E l é –
phant, de l ' A i g l e No i r , des S é r a p h i n s ,
de la To i s on d'Or, songe en son antre
d ' Y l d i z .
Il se reporte par la p e n s é e à un autre
anniversaire, celui de septembre 1896,
C'était au lendemain des massacres
de Constantinople. Pendant plusieurs
jours, les troupes d ' é g o r g e u r s dont i l
avait a r mé les mains, avaient couru
sus à tout ce qui était Armé n i e n .
Tardivement les ambassades euro–
p é e n n e s s ' é t a i en t ému e s et avaient
a d r e s s é à Y l d i z , au mé p r i s du proto–
cole, la terrible d é p ê c h e constatant les
faits et rendant le souverain respon–
sable :
«
Les représentants
des grandes puis–
sances s'adressent au nom de leurs
gouvernements, directement
à
la per–
sonne de Voire Majesté comme chef de
l'Etat, pour lui demander instamment
de donner sans délai des ordres
précis
el catégoriques,
propres à mettre fin à
cet état de choses inoui qui est de nature
à amener pour son empire les consé–
quences les plus désastreuses.
»
E t le 1
er
septembre 1896, d'ordre de
leurs ambassadeurs, les é t r a n g e r s r é –
sidant à Constantinople s ' é t a i en t abste–
nus de sortir de chez eux et d'illuminer.
M . de la Bou l i n i è r e , dans une d é p ê c h e
à M . Hanotaux, a c o n s i g n é le souvenir
de cette s o i r é e :
«
La ville demeura absolument
déserte,
seules les patrouilles
la
sillonnaient
à la lueur d'illuminations plus lugubres
que l'obscurité.
Nous nous sommes
Fonds A.R.A.M