des secours à Mo u s h . Le 3 juillet, les
femmes des villages détruits de Mi g r a -
k om et de Demerd p r é s en t è r en t une pé–
tition au gouverneur de Mou s h deman–
dant des secours. Les quatre porteuses
de la pé t i t i on , pour toute r é pon s e , fu–
rent violées par les soldats.
Les au t o r i t é s ont c o n c e n t r é à Passour
(
district de Guendj) i.3oo réfugiés dont
3
oo femmes et
800
enfants, les privant
de nourriture pendant quinze jours; on
interdit aux villageois de leur don–
ner du pain. Beaucoup sont morts.
Pendant la nuit, les soldats et les
Kurdes commettent toutes sortes de
violences sur les femmes et les enfants;
plusieurs jeunes filles ont s u c c omb é
aux mauvais traitements.
T o u r a n , 7
/20
j u i n .
Les derniers d é s a s t r e s .
Les populations de la plaine d ' Ava -
raïr et de Sassoun ont été t r a n s po r t é e s
à Da r on . L a situation des A rmé n i e n s
est des plus lamentables; le sang coule
chaque jour dans les villages a r mé n i e n s
et le sabre fait ses ravages quotidiens.
C'est avec une profonde douleur que je
vous informe qu ' à Sassoun on conti–
nue encore à massacrer les A r mé n i e n s
réfugiés dans ies ravins des montagnes
inaccessibles ou dans la profondeur
des vallons et des forêts. De ces réfu–
giés, plusieurs sont morts de f a im; la
population est e n t ou r é e de soldats et
d'achirets kurdes qu i fouillent partout
et tuent les réfugiés dans leurs cachettes
ou dans les ravins. Ceux de ces A r mé –
niens qu i ont encore quelque force et
quelques armes vendent c h è r eme n t leur
v i e ; mais la plupart d'entre eux, affai–
blis par la faim et par la mi s è r e , tom–
bent sous le sabre et la b a ï o n n e t t e de
l'ennemi.
Le gouvernement fait tout son possi–
ble pour emp ê c h e r le retour des Sas–
souniotes sur leurs montagnes. Une
Commi s s i on spéciale s'est f o rmé e dans
le but de disperser les Sassouniotes
dans le sandjak de Mo u s h . Sur la pro–
testation é n e r g i q u e d e s consuls, un Iradé
du Sultan fut c o mm u n i q u é aux A rmé –
niens de Sassoun qui leur donnait la
liberté de regagner leurs montagnes.
Malheureusement le gouvernement turc
avec l'aide de Fé r i d , le vali actuel, ima –
gine toutes sortes d'intrigues pour
emp ê c h e r l'application de cet Iradé.
Actuellement^ une pression est exercée
sur les A r mé n i e n s dans le but de les
d é t o u r n e r de l'idée de retourner à Sas–
soun. Toute cette pression, toutes ces
intrigues n'aboutissent à rien, car le
peuple déclare é n e r g i q u eme n t qu ' i l ne
veut pas renoncera sa patrie, qu ' i l veut
retourner à Sassoun, car c'est là que se
trouvent les tombeaux de ses a ï eux et
leurs ossements; c'est là que se trou–
vent ses églises séculaires et leurs reli–
ques.
Plusieurs A r mé n i e n s qui ont refusé
de se soumettre aux desseins du gou–
vernement sont emp r i s o n n é s ; on me–
nace les autres de les disperser dans les
villages. Les Sassouniotes ont protesté
aux consuls français, anglais et russe
au sujet de ces pressions.
Des faits.
Mirzé Binatrtchati, l'un des chefs des
Kurdes h ami d i é s de Djibdan a a t t a q u é
avec ses hommes Brotapint, village ar–
mé n i e n , le
28
ma i . Ils ont assassiné
trois notables a r mé n i e n s , dont voici
les noms : Boghos, Daniel et Mesrob.
Après avoir mis leurs cadavres en mor–
ceaux et les avoir fait d i s p a r a î t r e , ils
ont pillé leurs maisons et ont dispersé
la population.
Le
2
g
mai. — T r o i s paysans de
Ka r n i , village a r mé n i e n , situé à un
quart d'heure de Mo u s h , ont été atta–
qu é s et t o r t u r é s par les Kurdes au mo–
ment où ils travaillaient sur la mon –
tagne. Quelques potiers a r mé n i e n s de
Mou s h ont été aussi tués. L a femme
de Th oma s , villageois deSpaghang, fut
violée par 5 soldats turcs dans le val–
lon de K a r n i .
Le 3o ma i . — Hassim, neveu du cé–
lèbre bandit Hadji Fero, a t ué d'un
coup de fusil le prêtre a r mé n i e n , Ma -
nouel Seyan, à une demi-heure de
distance de Ha s s keu ï , sur le chemi n
d ' Eml a . Le seul crime de ce malheu–
reux prêtre était d'avoir hospitalisé le
consul de France qui arrivait de Van
à Mou s h .
Le 3o mai. — Sako Ko r o ï a n , natif
de Cheml ag , qui tenait compagnie au
prêtre me n t i o n n é ci-dessus, pour aller
de Cheml ag à Ha s s k e u ï fut t ué ; quant
à son camarade Mk h é Kréïan i l fut griè–
vement blessé par un Ku r de , n o mm é
Kurdjo Bn i ba r é , natif de Balak.
Le 3o mai. — Boghoss Oh n é ï a n , na–
tif du village Chartz fut tué par le
Kurde Fa r ho Binadjim, originaire de
Gong r ouan , au moment où i l traver–
sait le village pour se rendre au Mo u –
l i n .
Le 3o ma i . — Bedron, le frère d'Ou-
roghen Ghougo . fut g r i è v eme n t blessé
par les Kurdes de Badikan, devant la
porte de son étable.
Le 3o. — Ar a g h , village a r mé n i e n ,
situé à une distance d'une heure et
quart de Mou s h fut c e r né par Izet Bey,
le sanguinaire chef de police de Bitlis
Osghian, jeune homme de
18
ans, fut
t ué . To u t le village fut p i l l é ; la popu–
lation est dispersée.
Ap r è s le pillage, les Kurde sont incen–
dié les maisons. U n adolescent de
10
ans, n o mm é Mg h i g Ké vo r k i a n et
Soussig, une petite fille de
2
ans, b r û –
lèrent dans les flammes.
Le 3o mai. — Le m ê m e soir, au v i l –
lage de Pertak, Egh s i g , fille de Sarkis
K l o , et Gouler, femme de Nelo, furent
violées dans leurs maisons.
Le 3i ma i . — U n vieillard, appelé
Mekitar An t o n i a n , chef du village T a -
n i k , fut a t t a qu é par les Kurdes Ahme t ,
A hm é Bingoro et leurs camarades et
fusillé traitreusement.
Le 3i mai. — Nouvelle attaque sur
Gome r . Au j ou r d ' hu i , à 9 heures, le
chef de police avec
200
policiers, gen–
darmes, i5o soldats et achirets d ' A l -
ma l i , Badikanli et Ho c h k a n l i , a cerné
le village pour y attaquer An t r a n i k et
ses hommes. L'attaque tentée par un
mi l l i e r de Tu r c s et de Kurdes fut i m –
mé d i a t eme n t r epou s s é e .
A m i d i , An t r a n i k avec ses braves a
dispersé l'ennnemi et a traversé la
ligne d'investissement. C'est alors que
les Tu r c s et les Kurdes se r u è r e n t sur
la population sans armes et sans pro–
tection.
Les villageois ont réussi à s'enfuir
par un vallon touffu ; leurs maisons
déjà pillées une fois, le
22
ma i , furent
de nouveau saccagées. Cette fois-ci non
seulement les meubles et différents ob–
jets furent pillés, mais tout le bétail
fut enlevé. On a ensuite mis le feu aux
maisons.
Dans le village et aux environs ont
été tués les A r mé n i e n s suivants: le chef
du village, un vieillard appelé Sarkis,
son fils Marguen, son frère Do n è n e ,
Gu i r o Mg r o ï a n , Ohan et son fils de
trois ans Ho s r ov ; leurs cadavres ne
sont pas encore e n t e r r é s , car les Kurdes
et les Tu r c s sont encore dans le v i l -
Fonds A.R.A.M