PREMIÈRE ANNÉE
N» i
25
NOVEMBRE 1900
Pro Armeni a
R é d a c t e u r en chef :
P i e r r e
Q T J I L L A R D
Adresser
tout ce gui concerne la direction
à M. Pierre Quillard
ÎO, rue Nollet, P a r i s
A B O N N E M E N T S :
France
8 »
É t r a n g e r
10 »
L e n u m é r o . . . .
0 2 5
paraissant le 10 et le 25 de chaque mois
COMITÉ D E RÉDACT I ON :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
ooooooocoooooooooo
Francis de Pressensé, E. de Roberty
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n :
J ean L O N G U E T
Mardi et Vendredi
de 11 n. à midi, 17, rue Cujas
ADMINISTRATION :
Société nouvelle de Librairie
et d'Édition
{
Librairie G. BELLAIS)
17,
rue Cujas, P A R I S
TÉLÉPHONE : 801-04
S O M M A I R E
D é c l a r a t i o n
L a R é d a c t i o n .
Pro Armenia
P . Quillard.
L a M a i n Sanglante
G . Clemenceau.
L e Tsar et les A r m é n i e n s .
F . de P r e s s e n s é .
L A r m é n i e devant les Con–
g r è s
J e a n Longuet.
Nouvelles d'Orient
P . Q.
Nous publierons dans les prochains n u m é r o s
des articles d
'
Anatole F r a n c e , J e an J a u r è s ,
E dmo n d de Roberty, Em i l e Vandervelde,
En r i c o F e r r i ,
etc.
Les grands massacres de 189b, 1895,
1896
exécutés par les ordres du sultan
Abd-ul-Hamid
et qui firent plus de
trois cent mille victimes commencent
à peine à être connus en Europe dans
tous leurs détails; et si récents, ils se–
raient déjà oubliés et relégués au rang
de catastrophes historiques, si l'on vou–
lait suivre les conseils de diplomates à
courte mémoire.
Cependant depuis lors, l'extermina–
tion méthodique de la race arménienne
se poursuit par des moyens plus lents,
mais aussi sûrs; et en présence de l'uni–
verselle lâcheté, l'auteur des premiers
crimes médite de parfaire son œuvre et
de déchaîner à nouveau en Anatolie
l'assassinat, le pillage, le viol et l'in–
cendie.
Avec le concours d'illustres collabo–
rateurs français et étrangers, nous dé–
noncerons les atrocités commises et
nous rappellerons à l'Europe, sans
nous lasser, qu'elle a de par les traités
des droits à exercer contre le Grand
Assassin, des devoirs à remplir envers
les victimes de sa folie.
Il ne s'agit point de réveiller ici l'es–
prit de croisade ni d'exciter à la haine
de l'une des races ou des religions qui
vivent ou sont professées sur le terri–
toire ottoman.
Mais si nous sommes prêts à divul–
guer tous les attentats du Sultan contre
chacun des peuples que la mauvaise
fortune fit ses sujets, nous nous attache–
rons plus spécialement aux souffrances
arméniennes,
parce qu'elles excèdent
infiniment
toutes les autres;
parce que c'est pour une race entre
toutes intelligente et apte à recevoir la
civilisation occidentale, une question
de vie ou de mort
immédiate;
parce que, pratiquement, l'Europe
est armée, par le traité de Berlin, pour
mettre fin à ces horreurs et préparer
ainsi la régénération
de la Turquie
tout entière.
LA
RÉDACTION.
P r o
A r m e n i a
Quand au mois de novembre 1894,
des dépêches adressées de Varna à la
presse anglaise annoncèrent pour la
première fois les horreurs de Sasoun,
le sultan Abd-ul-Hamid nia d'abord
le crime commis par son ordre ; et
dans toute l'Europe les journaux à ses
gages attribuèrent à l'imagination mal–
faisante de nouvellistes sans scrupules
les viols, les mutilations, les incendies,
les massacres opérés par les soldats
réguliers, les Kurdes et les réguliers
hamidiés,
si justement décorés du nom
de leur maître et choisis parmi l'élite
des bandits et des égorgeurs.
L'enquête tardive entreprise en plein
hiver par trois délégués : un français,
un russe et un anglais, démon t r a sura–
bondamment que le criminel respon–
sable habitait le palais d'Yldiz et qu'il
n'avait fait que payer une dette en dé –
cernant l'ordre impérial du Liakat à son
fidèle serviteur Zekhi-Pacha, comman–
dant du 4
e
corps d ' a rmé e . Cependant
on continua à négocier avec le Sultan
Rouge, et le temps lui fut laissé de
p r épa r e r à loisir les grandioses tueries
de 1895 et de 1896 où i l supprima
TROIS
CENT MILLE ARMÉNIENS
.
Il semblait qu'il
eût dépassé la mesure, et l'un de ses
plus ficMes complices,
M .
Gabriel Ha-
notaux se crut obligé de l'en avertir
respectueusement par l'intermédiaire
de notre ambassadeur à Constanti-
nople.
I l serait désirable que vous eussiez le
plus tôt possible un entretien particulier
avec le Sultan. Vous l u i ferez connaître
l'effet produit en France sur l a Chambre
et sur l'opinion par les révélations qui
viennent d'avoir lieu à la Chambre au
sujet des massacres d'Arménie.
11
est de l a plus haute urgence que le
Sultan prenne de lui-même l'initiative des
mesures qui peuvent donner satisfaction
à un mouvement d'opinion qui tourne
contre l u i . Tout le monde en Europe est
unanime :
qu'on ne verse plus une goutte
de sang
(1).
L a dépêche de
M .
Gabriel Hano-
taux est datée du 4 novembre : le
lendemain 5 avait lieu le massacre
d'Everek, près de Césarée. Et depuis
lors, sachant quel compte i l pouvait
faire sur l'ignominieuse lâcheté des
gouvernements européens dont le s i –
lence se paie en concessions de che–
mins de fer et de mines, et en d é ç ûm–
es
i).LH
>re
Jaune,
Affaires arméniennes,
1 8 9 7 ,
n° a85.
Fonds A.R.A.M