tion des biens sacrés, meubles et imme u –
bles appartenant aux couvents et églises
a r mé n i e n s ; cet ordre est exécuté par
Galitzine, gouverneur général du Ca u –
case, d'une ma n i è r e absolument tvran-
n i que ; i l voudrait l u i -même admi n i s –
trer, avec les revenus des biens
confisqués, les églises, les couvents
et les écoles, et pourvoir à leurs frais,
etc.
Bref, tous ces faits d émo n t r e n t et
prouvent que le gouvernement rusfse a
pour but décisif et résolu d ' a n é a n t i r la
langue, la religion et l'individualité de
la nation a r mé n i e n n e . Quand , en
1829,
ce m ê m e gouvernement confie à Nersès
le soin de faire appel aux A r mé n i e n s ,
de former un r é g ime n t pour l ' Armé n i e ,
à cette é poqu e , i l promu l gue une cons–
titution dont l'article
29
dispose que
«
les bataillons a r mé n i e n s se serviront
de la langue a r m é n i e n n e », et aujour–
d ' hu i i l défend aux A r mé n i e n s l'ensei–
gnement religieux dans leur langue
nationale.
Nous avons r a p p o r t é ci-dessus les pro–
messes faites par le gouvernement russe
à la malheureuse nation a r mé n i e n n e , et
en m ê m e temps comment i l a su ne pas
tenir ses promesses. Nou s avons vu
comment ce m ê m e gouvernement a,
depuis longtemps, d u p é la nation a r mé –
nienne, et impo s é son joug, une fois
a r r i v é à son but. Nous avons vu égale–
ment par quelle perfidie profonde i l
s'est efforcé d ' a n é a n t i r ou russifier la
nation a r mé n i e n n e qu i a une langue et
une littérature propres, une Église i n –
d é p e n d a n t e , une histoire de milliers
d ' a nn é e s , et une patrie en ruines, une
nation éclairée et ayant me n é dans le
monde une existence de 4
,000
ans, tan–
tôt heureuse et t a n t ô t malheureuse, et
qu i aujourd'hui, désespérée et misé–
rable, est dispersée dans toutes les
parties du monde.
Ce qu i est é t o n n a n t c'est que ce gou–
vernement a entrepris de nouveau à
prodiguer aussi ses promesses sédui–
santes et me n s o n g è r e s aux A r mé n i e n s
sujets du sultan, et pour leur inspirer
de l'espoir i l a fait passer dans le traité
de Sant S t é p h a n o l'article
18,
qu i devint
plus tard l'article
61
du traité de Berlin.
To u t cela pour inspirer de la confiance
aux A r mé n i e n s turcs, pour les s édu i r e ,
exciter leur mé c o n t e n t eme n t et les faire
tomber dans le piège russe. Ilfitentre–
voir de loin des réformes à la nation
a r mé n i e n n e , et cela dans le but de
produire un mouvement en Tu r qu i e ,
mouvement dont i l était s û r de tirer un
profit pour l u i -même . Il se déclara
le protecteur de la nation a r mé n i e n n e ,
et exigea des Tu r c s des prérogatives
que l u i -même n'accorda jamais et n'ac–
cordera jamais à ses sujets a r m é n i e n s ;
il a n é a n t i t , au contraire, leur propre
hé r i t age qu i leur est laissé par leurs
anc ê t r e s .
O r , au j ou r d ' hu i , les A r mé n i e n s
se sont rendus compte et ont bien
saisi que Hovssep Arzouthiantz et
Nersès d 'Achda r agh , ainsi que nous
l'avons relaté ci-dessus, avaient' été
leurrés et dup é s par les promesses
russes, et que l'empire qu'ils appelaient
le saint empire, n'était qu ' un empire
perfide et dupeur.
Mais aujourd'hui que l'univers entier
c o n n a î t les tendances et l e s -mach i na –
tions de la c o n q u ê t e russe, les A rmé –
niens ont enfin connu les sentiments
des Russes à leur é g a r d , et ils ont bien
saisi qu'aujourd'hui l'empire russe est
leur ennemi j u r é , comme l'était jadis
l'empire byzantin ; la preuve de cette
i n imi t i é fut d o n n é e par la Russie à la
nation a r mé n i e n n e dans le cours de ces
dernières . a n n é e s : c'est l ' é v é n eme n t
des derniers massacres farouchement
accomplis dans la Grande et de la
Pe t i t e -Armén i e et m ê m e à Constanti–
nople. Quand l'Angleterre avec sa flotte
formidable emp ê c h a l ' a rmé e russe d'en–
trer à Constantinople, et obtint l'île de
Chypre, pour a r r ê t e r en m ê m e temps
l'invasion russe en A r mé n i e , et faire
exécuter les r é f o rme s d ' ap r è s le traité
de Be r l i n , elle n omma des consuls dans
les principales villes habitées par les
A r mé n i e n s , et ceux-ci, naturellement,
mirent l'espoir de leur salut sur la na–
tion et le gouvernement anglais. Le
gouvernement russe, par l ' i n t e rmé –
diaire de Ch a k i r pacha, ambassadeur
ottoman à S a i n t - P é t e r s b o u r g , ainsi que
Nélidoff, son ambassadeur à Constan–
tinople, mi t tout en œu v r e pour se
montrer ami du gouvernement du
sultan ; i l l'incita ainsi à a r r ê t e r le pro–
grès national mo r a l et intellectuel des
A r mé n i e n s , et m ê m e au besoin à exé–
cuter des actes de barbarie ; le sulan
Ham i d ne pouvait pas demander
mieux.
L ' Al l emagne et la France suivirent
la Russie; l'empereur de la p r emi è r e , . à
cause des richesses précieuses et consi–
dérables reçues en don lors de sa visite
à Constantinople
(1),
et la seconde,
pour que la Ré p u b l i q u e française fût
agréable à la Russie.
''
A suivre).
DOCUMENTS
Correspondance diplomatique sur les
affaires de Zeïtoun (Octobre 1895-
Avril 1896).
(
Livre Jaune de 1>S'.)7,>.
(
SUITE).
Annexe à la lettre de
Jérusalem
du
4
février
i8g6.
L E RÉYF.RENDISSI.ME P È R E Custode de
Terre-Sainte, à M . L E D O U L X , Consul
général de France en Palestine,
Jérusalem,
le 3 février
i8g6.
Je suis très heureux de vous exprimer ma
plus vive gratitude pour l'agréable nouvelle que
vous vouiez bien me donner par votre lettre du
2
de ce mois de la délivrance des trois religieux
de Terre-Sainte réfugiés à Zeïtoun à la suite
des énergiques démarches faites auprès de la
Sublime Porte par S. E . l ' Amb a s s a d e u r d e l à
République, M . C a m b o n , et des négociations
que Son Excellence se propose de faire pour
obtenir satisfaction d u meurtre c omm i s par des
soldats mu s u l ma n s sur la personne d u P . Sal-
vatore de Cappadocia, missionnaire à Mu j u k
Déressi, ainsi que des indemnités pour des d om –
mages soufferts par les couvents de notre mis–
sion franciscaine de Terre-Sainte à Yenidje
Kalé, Doukalé et M u j u k Déressi.
Je vous prie de vouloir bien être auprès de
S. E x c . M . l ' Amb a s s a d e u r , l'interprète de la
profonde reconnaissance dont avec mo i est
animée la Custodie tout entière pour sa noble,
énergique et efficace intervention en faveur de
notre mission qu i se glorifie de se trouver sous
la bienveillante protection de l a France. Elle
espère que le présent et signalé bienfait qu'elle
vient d'en recevoir ne sera 'pas le dernier dans
la longue série des immenses faveurs que la
Custodie reconnaît avoir reçu de la très noble
nation française.
F .
AURELIO DA BUJA,
Custode de Terre-Sainte.
(
i) Le bruit a couru, et ce bruit est fondé, que l'empe–
reur Guillaume, .en visitant le Trésor des sultans, aurait
remarqué l'épée du sultan Sélim. garnie de diamants, et
l'aurait obtenue sur sa demande ; de môme l'impératrice,
sur l'ordre du sultan, se serait emparée, par force et sans
façon, d'un bracelet très précieux appartenant à l'une des
femmes aimées du suitan et dont ce dernier lui avait fait
cadeau.
Le Secrétaire-Gérant :
J E AN LONGUET.
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L'Émancipâtrice
(
Imprimerie),
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e d e Pon(!lchér
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E d . GAUTHIER,
Administrateur-délégué.
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Syndiqués
en Commandite généralisée
f
Fonds A.R.A.M