Les résolutions.
          
        
        
          L a p r em i è r e r é s o l u t i o n soumise à l ' A s –
        
        
          s emb l é e était :
        
        
          
            La présente
          
        
        
          
            conférence,
          
        
        
          
            composée de
          
        
        
          
            délégués de toutes les parties du Royaume-
          
        
        
          
            Uni, de France et d'Italie, déclare cpie l'a
          
        
        
          
            continuation du mauvais gouvernement
          
        
        
          
            turc en Macédoine et en Arménie est un
          
        
        
          
            déshonneur pour l'Europe civilisée et
          
        
        
          
            requiert la condamnation des horreurs et
          
        
        
          
            atrocités commises par les Turcs dans ces
          
        
        
          
            provinces.
          
        
        
          L a seconde r é s o l u t i o n portait que :
        
        
          
            Considérant la faillite de la Russie el de
          
        
        
          
            l'Autriche-Hongrie pour réaliser une amé–
          
        
        
          
            lioration quelconque dans la condition des
          
        
        
          
            habitants de la Macédoine ou pour écarter
          
        
        
          
            le danger d'une nouvelle insurrection, celle
          
        
        
          
            conférence déclare que la seule solution
          
        
        
          
            satisfaisante de la question macédonienne
          
        
        
          
            est la nomination d'un gouverneur indépen–
          
        
        
          
            dant du sultan et responsable seulement
          
        
        
          
            devant les grandes puissances européennes.
          
        
        
          
            Les Discours.
          
        
        
          L a p r em i è r e r é s o l u t i o n fut soutenue
        
        
          d'abord par M . PIERRE OUU.LARD :
        
        
          Après avoir dit q u ' i l était c h a r g é d'assu–
        
        
          rer l'Assemblée que M . F . de P r e s s e n s é
        
        
          était e n t i è r eme n t d'accord avec les organi–
        
        
          sateurs de la r é u n i o n et estimait n é c e s s a i r e
        
        
          et d é s i r a b l e l'action commune des nations
        
        
          occidentales, i l se d é c l a r a peu conva i ncu
        
        
          de la bonne v o l o n t é de la Russie et de
        
        
          l'Autriche, ainsi que de celle d e l à Tu r q u i e .
        
        
          A u contraire, en A r m é n i e , la situation est
        
        
          plus grave que j ama i s ; les m ê m e s massa–
        
        
          cres ont r e c o mm e n c é avec les m ê m e s chefs
        
        
          et à de telles a t r o c i t é s i l ne faut pas s'éton–
        
        
          ner si les A r m é n i e n s repondent par une
        
        
          r é s i s t a n c e é n e r g i q u e , que le ministre fran–
        
        
          çais des affaires é t r a n g è r e s , d è s 1901,
        
        
          n'osait b l âme r .
        
        
          Je sais, ajouta-t-il, et j ' a i été c h a r g é de
        
        
          faire connaître au gouvernement français
        
        
          qu'une insurrection est imminente eh Armé–
        
        
          nie et en Macédoine, si les réformes ne sont
        
        
          pas introduites au plus tôt, et je saisis l'oc–
        
        
          casion de le faire é g a l eme n t c o n n a î t r e au
        
        
          gouvernement anglais.
        
        
          D'ailleurs, une insurrection nouvelle amè–
        
        
          nerait la guerre entre la Bulgarie et la Tu r –
        
        
          quie et cette guerre s'étendrait bientôt à
        
        
          toute l'Europe.
        
        
          M i NEVINSON, qu i revient de Ma c é d o i n e ,
        
        
          fait un tableau poignant des m i s è r e s q u ' i l
        
        
          a vues, des horreurs qui l u i ont é t é r é v é –
        
        
          l é e s . « S i les paysans acceptaient cela sans
        
        
          se r é v o l t e r , ils cesseraient
        
        
          d ' ê t r e
        
        
          des
        
        
          hommes. »
        
        
          M
        
        
          m e
        
        
          KARAVEI.OI- sou lient à son tour la
        
        
          r é s o l u t i o n . T r è s é mu e , elle dit la d é t r e s s e
        
        
          des Ma c é d o n i e n s , les lourdes charges que
        
        
          les 30,000 r é f u g i é s imposent à la Bu l g a r i e ,
        
        
          l'impossibilité de laisser durer plus l o n g –
        
        
          temps un tel état de choses.
        
        
          Le Ré v . D r . MESSORO GIBSON, le profes–
        
        
          seur GEORGOFF et M
        
        
          R
        
        
          AGNOLITTI soutien–
        
        
          nent la seconde r é s o l u t i o n ; puis M . JAMES
        
        
          BRYCE, a c c l amé par l ' a s s emb l é e ,
        
        
          a p r è s
        
        
          avoir i n d i q u é les difficultés réelles de la
        
        
          question m a c é d o n i e n n e , i l rappelle que
        
        
          Chaque semaine passée rend plus proche
        
        
          le moment où peut éclater une nouvelle i n –
        
        
          surrection. Si rien n'a été t'ait avant la fin
        
        
          d'avril pour amorcer s é r i e u s eme n t les réfor–
        
        
          mes les chefs des i n s u r g é s ne pourront pas
        
        
          tenir leurs hommes inactifs. La seule solu–
        
        
          tion possible est la nomination d'un gouver–
        
        
          neur responsable devant les puissances et
        
        
          i n d é p e n d a n t .
        
        
          Il e s p è r e que le gouvernement anglais
        
        
          prendra une pari plus active que par le
        
        
          p a s s é à ces n é g o c i a t i o n s .
        
        
          On a trop négligé aussi en Angleterre, de–
        
        
          puis quelque temps, la question a rmé n i e n n e .
        
        
          Elle est exactement semblable à celle de Ma –
        
        
          cédoine ; ce sont les même s souffrances et
        
        
          les même s horreurs, et nous avons pour la
        
        
          r é s o u d r e les même s droits basés sur un traité
        
        
          solennel. C'est "à tout le moins une satisfac–
        
        
          tion que de savoir les trois grands pays libres
        
        
          de l'Europe occidentale unis dans cette ques–
        
        
          tion de l i b e r t é , de justice et d ' h uma n i t é
        
        
          
            (
          
        
        
          
            longs
          
        
        
          
            applaudissements).
          
        
        
          i l . VICTOR BÉRARD d é b u t e ainsi :
        
        
          Prenant la parole au nom des Comités
        
        
          français pour l'Arménie et la Macédoine, je
        
        
          suis obligé de constater que la Russie et
        
        
          l'AuL'iche ont été de tout temps d'accord
        
        
          pour dépouiller ta Turquie ou p e r p é t u e r
        
        
          l'oppression en ce pays, jamais pour affran–
        
        
          chir un seul peuple.
        
        
          L'exemple de l a C r è t e prouve au c o n –
        
        
          traire que la France, l'Angleterre et l'Italie
        
        
          peuvent apporter une solution é g a l e m e n t
        
        
          satisfaisante au p r o b l è m e balkanique au
        
        
          bénéfice des populations o p p r i m é e s et du
        
        
          peuple turc l u i - m ê m e q u ' i l ne faut pas
        
        
          confondre avec son gouvernement.
        
        
          Ce que trois hommes, trois amiraux ont
        
        
          pu faire en Crète par leur bonne entente,
        
        
          les trois gouvernements le peuvent faire en
        
        
          Macédoine. Du moment qu'ils seront d'ac–
        
        
          cord, ils imposeront aisément au Sultan:
        
        
          1"
        
        
          Une gendarmerie e u r o p é e n n e ; 2° Un gou–
        
        
          verneur e u r o p é e n . Et ce sera le meilleur
        
        
          usage de la bonne entente rétablie que de
        
        
          la faire servir à introduire dans le monde
        
        
          un peu plus de justice et d ' h uma n i t é
        
        
          
            (
          
        
        
          
            longs
          
        
        
          
            applaudissements).
          
        
        
          L o r d A B E R D E N , le D
        
        
          r
        
        
          HODGIN et lord
        
        
          LYTTON p r o n o n c è r e n t é g a l e m e n t des allo–
        
        
          cutions t r è s applaudies.
        
        
          L A RÉCEPTION DU SOIR.
        
        
          —
        
        
          A p r è s un ban–
        
        
          quet au B r own s Hô t e l , le B a l k a n C om -
        
        
          meflee y donnait
        
        
          
            u n e
          
        
        
          r é c e p t i o n o ù assis–
        
        
          tèrent les plus notables r e p r é s e n t a n t s de
        
        
          la cause ai u n n o - m a c é d o n i e n n e en An g l e –
        
        
          terre. P l u s i e u r s des personnes p r é s e n t e s ,
        
        
          et en particulier M . James Bryce v o u l u –
        
        
          rent bien « remert ier personnellement »
        
        
          les d é l é g u é s f r a n ç a i s de n'avoir pas s é p a r é
        
        
          les questions de Ma c é d o i n e et d ' A r mé n i e .
        
        
          M . V i c t o r B é r a r d , dans un bref discours,
        
        
          dit à nouveau que pour les F r a n ç a i s « le
        
        
          Ba l k a n passait la mer el se prolongeait en
        
        
          Asie, partout où des hommes souffraient
        
        
          sous la domi n a t i on du Su l t an , Ma c é d o –
        
        
          niens, A r m é n i e n s , Lazes, Albanais, Gr e c s ,
        
        
          Arabes, Tu r c s , q u i ont tous droit à nos
        
        
          sympathies » : en F r a n c e , c'est par les
        
        
          souffrances a r m é n i e n n e s que les souf–
        
        
          frances des autres peuples
        
        
          ottomans
        
        
          ont été connues. E l M . James B r y c e ,
        
        
          revenant l u i aussi sur l a n é c e s s i t é de ne
        
        
          pas s é p a r e r les deux questions, e xp r ima
        
        
          l'espoir que tant d'eftorls ne seraient pas
        
        
          vains, et que l ' A r mé n i e et la Ma c é d o i n e
        
        
          verraient finir leur longue torture g r â c e à
        
        
          l'entente des trois peuples occidentaux.
        
        
          
            +
          
        
        
          
            LE SASSOUN
          
        
        
          j u s q u ' à ces derniers temps, de toutes les
        
        
          parties de l ' A r mé n i e , c'est Sassoun q u i a
        
        
          été é t u d i é le moins. Même K i e p e r l ou - l e
        
        
          gouvernement russe, q u i ont r e p r é s e n t é en
        
        
          détail les autres parties de notre pays sur
        
        
          la carte g é o g r a p h i q u e , se sont c o n t e n t é s
        
        
          d'y faire figurer toute la province de Sas–
        
        
          soun par une série de montagnes; et, en
        
        
          r é a l i t é , Sassoun ne forme qu'une s é r i e de
        
        
          montagnes, mais qu i ne sont nu l l emen t
        
        
          d é s e r t e s . Au s s i , n ' e s l - i l pas inutile d ' é c r i r e
        
        
          quelques renseignements pour les lecteurs
        
        
          de « H a ï r é n i k », au sujet de ce pays q u i fut
        
        
          le berceau de nos mouvements r é v o l u t i o n –
        
        
          naires et aujourd'hui aussi forme la retraite
        
        
          unique de nos coin bal lanls a r m é n i e n s .
        
        
          Il sera très difficile de vous r e p r é s e n t e r
        
        
          toute la province montagneuse qu i s'étend
        
        
          de l'est à l'ouest, de la ville de B i t l i s j u s –
        
        
          q u ' à G i n d j , environ un c h emi n de 50 h e u –
        
        
          res, et de la ville de Mo u s h , vers le sud,
        
        
          j u s q u ' à la plaine de D i a r b é k i r , environ un
        
        
          chemin de 24 à 30 heures.
        
        
          Je me contenterai donc de vous d é c r i r e
        
        
          la partie centrale de ces montagnes, qu i
        
        
          forme le g î t e des fédaïs et o ù j ' a i été per–
        
        
          sonnellement.
        
        
          Cetle partie centrale est s i t u é e au sud de
        
        
          la plaine de Mo u s h , exactement d e r r i è r e la
        
        
          ville de Mo u s h et se s é p a r e de Moush par
        
        
          la c h a î n e de montagnes de Go u r t i k . Cette
        
        
          c h a î n e de montagnes est d é s e r t e , e x c e p t é
        
        
          la partie septentrionale où sont b â t i s qu e l –
        
        
          ques-uns des villages de la plaine de
        
        
          Mo u s h . Dans la saison d ' é t é , les tribus
        
        
          kurdes de P a k r a n , Z i b a n , Badiksm et Sas–
        
        
          soun, arrivent des alentours de D i a r k é b i r
        
        
          Fonds A.R.A.M