P R E M I È R E A N N É E .
N °
9.
Le numé r o : France,
40
cent. — Etranger :
50
cent.
•20
M A R S
1901
Pro Armeni a
R é d a c t e u r en chef :
P i e r r e
Q U I L L A R D
Adresser
tout ce nui concerne la direction
à M. Pierre Quillard
IO, rue Nollet, P a r i s
A B O N N E M E N T S :
France
8 »
Etranger
10 »
paraissant le 10 et le 25 de chaque mois
COMITÉ D E RÉDACT I ON :
Q. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n :
J e a n
L O N G U E T
Vendredi
de 11 n. à midi, 17, rue Cujas
50000000000000000000000000000
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Francis de Pressensé, E. de Roberty
ADMINISTRATION :
Société nouvelle de Librairie
et d'Édition
(
Librairie G. BELLAIS)
17,
rue Cujas, P A R I S
TÉLÉPHONE : 801-04
Pro Armenia
est en vente chez les libraires et dans les principaux kiosques de Paris.
SOMMAIRE
L a Quinzaine
P . Q u i l l a r d .
Une lettre de M
P . V l o l l e t , membre
de l'Institut, p r é –
sident d u Com i t é
de défense et de
protection des i n –
g è n e s .
L a situation dans l a pro–
vince de Mo u c h , rapport
du
Varlabed
P a p g h e n .
Lettres d ' Ad a n a , d e D j é z i r é ,
d'Halep et de B i t l i s . . .
Nouvelles d'Orient
P . Q .
Documents :
L ' A r m é n i e
avant
les
massacres
(
suite)
E . - J . Dillon.
Nous attirons tout
particulièrement
l'attention sur le rapport du prêtre
Pap–
ghen qui valut à son auteur d'être
arrêté
par ordre du sultan et transféré
d'Ana-
tolie à Constantinople avec une escorte
de gendarmes; depuis lors le vartabed
Papghen a été mis en liberté et attaché
à l'une des paroisses de Constantinople.
Ce douloureux document nous est com–
muniqué
pur lu rédaction
de
Droschak.
LA QUINZAINE
Un journal hongrois, fort dévoué à
la personne du sultan, démentait r é –
cemment, comme tous ses confrères, la
concentration des troupes turques sur
la frontière bulgare et ajoutait qu'à
Constantinople, à cause de préoccu–
pations d'argent, on ne désire rien
tant que la tranquillité.
Certes, la nouvelle année financière
i naugur ée , selon les rites tradition–
nels, par regorgement de moutons
et la récitation de prières dans toutes
les douanes de la ville et à la poisson–
nerie, ne semble point devoir se clore
autrement que par un déficit plus
grand, une misère plus aiguë, une ruine
plus profonde de la. Turquie. N i les
propos attribués mensongèrement à
M . Loubet par Munir bey touchant la
prospérité des budgets ottomans, ni les
correspondances élogieuses envoyées
de Constantinople, sur l'augmenta–
tion des recettes de la Dette publique,
ne rempliront le trésor vide.
Cette pénurie endémi que n'inquiète
qu'à demi le sultan : son argent, à l u i ,
est placé en fonds étrangers dans de
bonnes et solides banques, et quand
adviendra l'inévitable catastrophe, la
fortune du souverain n'en sera pas
autrement atteinte.
Il ne se demande pas s'il trouverait
les sommes suffisantes pour mobiliser
un corps d'armée : i l débat en l u i -
même et avec ses conseillers.ordinaires
une autre question d'un intérêt plus
imméd i a t et plus tragique : « Faut-il
procéder sur l'heure à des massacres
importants en Arménie et en Macé–
doine? »
Son goût naturel pour les glorieuses
boucheries porterait Hamid effendi
à r épondr e par l'affirmative. Mais d'au–
tres excellentes raisons, d'apparence
politique, lui sont suggérées par l'état
présent de l'empire.
Malgré les mensonges impudents de
la presse hamidienne en Europe, la sou–
veraineté du khalife n'est maintenant
que presque nominalesur divers points
du territoire ; et ce fait est d'autant
plus grave que la rébellion et le mé–
contentement sévissent non pas sur des
sujets chrétiens, mais sur des sujets
musulmans.
Si secrets que soient tenus les événe–
ments de l'Yémen, on ne les ignore
pas à Yldiz et le silence même organisé
autour des révoltes continuelles, les
nouvelles contradictoires r épandues
dans les agences indiquent que l'on en
comprend la gravité. Au mois de j an–
vier dernier, le chérif Esseid-Hamid
Edd i n s'est proclamé khalife ; i l des–
cend directement du prophète et les
Arabes semblent assez portés à se ral–
lier à l u i : la révolte des tribus Mun-
tefik, le raid dlbn-Rashid sur Koweït,
les troubles de l'Yémen seraient autant
de mouvements en sa faveur et i l at–
tendrait dans les montagnes du Yémen
l'heure d'une action plus énergique.
Toujours est-il qu'on a expédié en Ara–
bie seize bataillons de troupes syrien–
nes.
En Albanie, même situation. Sans
doute, Mollah Zekkah, gagné par Yldiz,
put naguère obtenir des ligueurs d'I-
pek et d'Uskub une adresse de loya–
lisme envers le sultan. Mais à nouveau
les Albanais s'agitent. Un fait récent
montre en quelle révérence ils tiennent
les autorités déléguées par Hamid. A
Ipek, le n ommé Mohamed Rizzo fit
tuer par vendetta le fils du notable
Mustapha bey et refusa de livrer le
meurtrier au mutessarif qui le récla-
Fonds A.R.A.M