et dispersé ses os. Aucun mariage n'est
célébré sans paiement préalable
aux
aghas usurpateurs,
soit en argent,
soit en nature.
D i a r b é k i r ,
9
février
1908.
Téfur bey habitant du village
Til,
à la tête de ses hommes, a attaqué,
il
y a quelques jours, la maison de Kir-
kor Assadourian,
notable de
Tirkhé
(
Palou) et, après avoir tué ledit Kir*
kor et tes nommés
Sarkis
Kévorkian
et Garabed Khatchadourian,
a déva–
lisé toute la maison.
Quelques-uns des hommes de
Téfur
ont été arrêtés, mais on exerce toutes
sortes de pressions sur les
Arméniens
pour qu'ils donnent des
témoignages
favorables
pour tirer Téfur de l'em–
barras.
M o u s h ,
9
février
1904.
Sélim Cin Evesa, a enlevé au monas–
tère Agpérik
12
hectares de terrains
avec leurs produits
respectijs.
Sélim Chavo a enlevé
2
bœufs au–
dit
monastère.
Mahmé bin Minés a enlevé
10
mou–
tons et
2
vaches.
Les Kurdes de G\ank ont
emporté
5
oo hectolitres de foin.
Mirhan bin Charo a détourné
l'eau
du moulin du
monastère.
Les autres Kurdes
à leur tour
agissent de même contre ledit monas-
M o u s h ,
10
février
1904.
Les Circassiens,
récemment
établis
dans.le village arménien
de Teghond
(
Boulanyk),
sont devenus un danger
continuel. Un d'eux, nommé
Hamid,
a
tué. en plein jour l'Arménien
Télo
Manougpian
notable du même
village.
Les Circassiens protègent
l'assassin et
menacent les
Arméniens.
LA QUINZAINE
U
GUERRE RUSSO-JAPONAISE
ET LE RÉGIME HAMIDIEN
C'est au mo n a s t è r e de R i l o , dans la
soirée du
10
février, que nous est venue
la nouvelle de la guerre russo-japonaise.
Depuis plusieurs jours, de Ra domi r à
R i l o , le long de la frontière turque,
j'avais visité les milliers de réfugiés
ma c é d o n i e n s qu i vivent à la charge du
gouvernement et du peuple bulgares ;
j'avais recueilli de la bouche des v i c t i –
mes le récit de leurs souffrances et
l'aveu de leur d é t r e s s e ; devant ce la–
mentable troupeau de veuves, d'orphe–
lins, de filles violées, de vieillards
é p o u v a n t é s encore, et qu i , à la mo i n –
dre alerte, croyaient voir surgir à nou–
veau les é go r g e u r s hami d i ens , d'autres
scènes semblables s ' évoqua i en t avec
une imp é r i e u s e obsession : l'exode des
paysans a r mé n i e n s au Caucase, la fuite
é p e r du e loin de Constantinople où l'on
tuait sous les yeux des ambassadeurs
e u r o p é e n s , et p e r p é t u e l l eme n t , là-bas,
sur l'a terre sanglante d'Asie, chaque
jour, par ordre de S. M . I. Ab d - u l -
Ham i d , le pillage, le v i o l , l'incendie,
le massacre d é c h a î n é s . Et c'était aussi,
en songeant à l'infamie des puissances
e u r o p é e n n e s , dites civilisées, dont cha–
cun de nous se sent, pour sa part, res–
ponsable et complice, une grande pitié
et une grande colère.
-
Vo i c i maintenant que la guerre en
Ex t r ême - O r i e n t fournira à nos ma î t r e s
quelques nouveaux prétextes pour ne
pas retirer i mmé d i a t eme n t au Sultan
l'abominable licence de tuer.
Malgré les assurances
contraires
d o n n é e s aux Délégations par le comte
de Go l u c h ows k i , la Russie, engagée
dans une lutte très grave, peut-être
désastreuse pour elle, ne peut plus
exercer, m o m e n t a n é m e n t du mo i ns ,
une influence p r é p o n d é r a n t e dans les
Balkans : l'exécution du programme
dé j à ' i h s u f f i s an t et illusoire de Murzteg
va donc se trouver encore a j ou r né e ,
d'autant mi eux qu'aucune des deux
puissances qu i le proposaient n'en dé–
sirait pas s i n c è r eme n t l'application eff–
ective.
Elles ne cherchent, toutes deux, q u ' à
empirer l'état de la Tu r qu i e pour sa–
tisfaire leurs ambitions territoriales;
aussi jouent-elles le rôle de dupes vo–
lontaires quand elles se laissent leurrer
par les manoeuvres dilatoires de la
Porte et quand les longues discussions
de la Commi s s i on pour la r é f o rme de
la gendarmerie aboutissent au choix
pour les officiers e u r o p é e n s , d'un u n i -
f o rmé turc qu i ne comporte point
l'usage du fez.
En Tu r qu i e , un parti puissant pousse
à la guerre contre la p r i n c i p a u t é bu l –
gare, sans porter une attention suffi–
sante aux mouvements de troupes autri–
chiennes vers Novi-Bazar et à la nomi –
nation, comme commandant des forces
en Ro sme -He r z é gov i e du général qu i ,
Ions des menaces de guerre entre la
Ru&sie et l'Autriche, avait été envoyé
à Cracovie. Le s projets du gouverne–
ment impé r i a l et r oya l , ne sont, d'ail–
leurs, guè r e d i s s imu l é s : c'est ouverte–
ment depuis plus d'un a n ^ue des
fusilsMannlicher ont été distribués aux
Albanais de Diakovo, qui viennent de
s'en servir contre les troupes turques
avec quelque succès, et l'archevêque
autrichien Men i n i est le protecteur le
plus ardent des chefs rebelles qu i sont
à la tête du mouvement.
Par contre, en Angleterre, les plus
récentes d é c l a r a t i on s de lord Lands-
dovne semblent indiquer qu'une fois la
faillite de l'entente austro-russe d ûme n t
con s t a t é e , ie gouvernement britannique
serait assez d i s po s é à adopter envers le
Sultan, une politique plus éne r g i que ,
et i l est à souhaiter q u ' i l ait l'appui
ou l'approbation des deux autres puis–
sances occidentales qui n'ont pas déjà
comme la Russie et l'Autriche choisi
leur part dans l'héritage de l'homme
malade.
Quant à l'empereur allemand, i l fait
déclarer par ses journaux officieux
qu'en cas de guerre turea-bulgare, il
n'interviendrait pas en faveur de son
ami d ' Y l d i z . Mais ce sont paroles d'un
souverain qu i n'est pas d'une parfaite
constance dans ses actes.
Il va de soi que dans leurs négocia–
tions, arrangements et plans avoués ou
secrets, les hommes d'Etat européens
ne s ' a b a i s s e n t . p a s . j u s q u ' à faire entrer
en ligne de compte le sentiment des
principaux intéressés, c'est-à-dire des
A r mé n i e n s et des Ma c é d o n i e n s . I l n'est
question des peuples qu i souffrent que
pour leur conseiller ou leur enjoindre
la r é s i gna t i on à leur sort, afin de ne
pas compromettre la paix générale. On
le sait en effet par les dé c l a r a t i on s à
peu près semblables du comte Golu–
c hows k i , de M . Balfour, du chancelier
de Bu l ow et de M , Delcassé, quand le
Sultan extermine ses sujets d ' Armé n i e
et de Ma c é do i n e , cela ne menace pas
la paix g é n é r a l e ; mais aussitôt que des
fédaïs se montrent au Sassoun ou
qu'une ceta engage les hostilités contre
les soldats et les bachibouzouks de
H a m i d , la paix géné r a l e court les plus
grands risques du fait que les « ban–
dits » a r mé n i e n s et ma c é d o n i e n s ont
l'audace de se d é f e nd r e .
Fonds A.R.A.M