Nouvelles d'Orient
E N
MACÉDOINE.
Les Gouvernements
russe et austro-hongrois font remettre à l a
Sub l ime Porte, lanote identique que
Voici :
Vous avez été chargés r é c emme n t encore
de déclarer que l'Autriche-Hongrie et la
Russie persévèrent dans l'œuvre d'apaise–
ment qu'elles ont entreprise et qu'elles
maintiennent leur programme de réformes
élaboré au commencement de l'année, mal–
gré les difficultés qui, j u s q u ' à présent, se
sont opposées à sa réalisation; car, en effet,
tandis que d'un côté les Comités révolution–
naires provoquaient des troubles et empê–
chaient l a population c h r é t i e n n e de trois
vilayets de prêter son concours à l'exécution
des r é f o rme s ; d'autre part, les organes de la
Porte chargés de les'appliquer n'y ont pas
a p p o r t é en général le zèle désirable et ne se
sont pas p é n é t r é s de l'esprit qui a inspiré
ces mesures.
Pour manifester leur ferme résolution d'in–
sister sur l'exécution intégrale desdites r é –
formes, acceptées par la Porte et destinées à
assurer la sécurité générale, les deux gou–
vernements sont convenus d'un mode plus
e f f i c a c e
de contrôle et de surveillance.
Vous recevrez sans retard des instructions
précises à ce sujet. S i les deux puissances
reconnaissent pleinement le droit et le
devoir de la Porte de r é p r ime r les désordres
fomentés par l'agitation séditieuse des Co –
mités, elles déplorent que cette répression
ait été a c c omp a g n é e d'excès et de cruautés
dont les habitants paisibles ont eu à souffrir.
Il leur paraît donc urgent de venir en aide
aux victimes de ces faits regrettables.
Les instructions s n bme n t i o n n é e s vous édi–
fieront é g a l eme n t sur les détails de l'action
humanitaire qui s'impose afin de secourir
une population privée de tous les moyens
d'existence; d é f a v o r i s e r son rapatriement,
de pourvoir à la reconstruction des villages,
églises et écoles incendiés.
Les gouvernements austro-hongrois et
russe ont le ferme espoir que leurs efforts
constants atteindront leur but, qui est d'a–
mener un apaisement durable dans les pro–
vinces éprouvées. Ils sont convaincus que
leurs conseils, empreints d'impartialité, se–
ront écoutés dans leur propre intérêt par
tous ceux à qui ils s'adressent.
D'ordre de
S a
Majesté mon Maître, je vous
invite à communiquer ce qui précède au
gouvernement ottoman, après vous être en–
tendu avec votre collègue russe, qui reçoit
des instructions identiques.
L a Porte, q u i sait avoir peu à craindre
des deux puissances les plus directement
i n t é r e s s é e s dans la crise Ba l k a n i q u e a d é -
clai é que les termes
d'excès
et de
cruautés
é t a i e n t peu amicaux et pouvaient donner
une mauvaise opinion d u r é g i m e h ami –
dien. Acelte note ottomane, l'ambassade
russe a r é p o n d u qu'elle était
nulle et non
avenue.
Tandis que se poursuit cet é c h a n g e de
paperasses, les tueries continuent m a l g r é
l'approche de l'hiver et les deux puissan–
ces q u i m è n e n t l'affaire s'opposent de leur
mieux à toule entente directe entre l a
Tu r q u i e et la Bu l g a r i e ; et chacune, à l'ar-
r i è r e - p l a n , joue son j e u ; l'Autriche se p r é –
parant à une occupation de la V i e i l l e Ser–
bie ; la Russie d é p ê c h a n t à Sofia le prince
Alexis Nicolaievitch Do l go r ouko f , q u i fut
son candidat a u t r ô n e de Bu l g a r i e en
1886-87.
E l l e s a t r o c i t é s sont telles, pour
satisfaire le cruel caprice des ma î t r e s des
peuples que des capitaines turcs devien–
nent fous d avoir assisté à des s c è n e s
comme celles-ci : le massacre de cinquante
enfants m a c é d o n i e n s , devant leurs parents
e n c h a î n é s , par les troupes rie S . M . I.
A b d u l - H a m i d .
L E SULTAN ET LES SERBES.
Le S u l l a n ,
par un i r a d é inattendu, vient de r e c o n n a î –
tre la n a t i o n a l i t é serbe en Vieille-Serbie e l
en Ma c é d o i n e : i l s'y était refusé j u s q u ' i c i .
Le cadeau d'ailleurs esl mé d i o c r e . L e n om
m ê m e de Serbe fut longtemps synonyme
de « rebelle », les Serbes s ' é t a n t les pre–
miers et sans a u c un appui e x t é r i e u r révol–
tés, au d é b u t du x i x
e
siècle, contre le j o u g
ottoman.
Ap r è s avoir à peu p r è s d é p e u p l é e la
V i e i l l e Serbie de l ' é l éme n t Serbe — les
affaires de Ko l a s c h i n ont é l é e x p o s é e s i c i
en détail — H a m i d se donne le plaisir i r o –
nique de r e c o n n a î t r e une n a t i o n a l i t é q u ' i l
a s u p p r i m é e et e x t e r m i n é e autant q u ' i l le
pouvait faire. I l n'est point s û r que les
frères par le sang des malheureux paysans
q u ' i l fit massacrer se montrent aussi o u –
blieux que certains He l l è n e s des crimes
c ommi s contre leurs nationaux par la Bê l e
Bo u g e .
L E S OFFICIERS B E L G E S AU SERVICE DE LA
TURQUIE.
On avait déjà s i g n a l é la p r é –
sence en Ma c é d o i n e de deux officiers S u é –
dois charger de commande r e l de r é o r g a –
niser l a gendarmerie turque, suivant le
désir des diplomates austro-russes; ces
deux officiers n'avaient reçu j u s q u ' i c i n i
solde ni ration et demandaient à ê t r e rapa–
triés. H am i d a e m b a u c h é maintenant des
officiers belges; les j o u r n a u x de Bruxelles
du 7 octobre publient l'information s u i -
vanle :
Les officiers belges e n t r é s au service du
gouvernement impérial ottoman ont é t é
réunis hier, en un banquet intime, par
M . Vaxelaire, consul de Turquie.
Assistaient à cette réunion le c h a r g é d'af–
faires de Turquie, le colonel Cuvelier, l'émir
Arslan, Mutîd bey, premier secrétaire de la
légation, le commandant de Ro, etc.
Il n'est pas certain que les officiers B e l –
ges rejoignent jamais leur poste en Ma c é –
doine : i l s auront toujours eu l ' é l r a n g e
fortune de d î n e r , à Bruxelles, avec l'émir
Em i n Ar s l a n q u i , vers l ' a n n é e 1896, dans
un banquet de la Jeune Tu r q u i e , buvait
f é r o c eme n t à
la mort
d'Abdul-Hamid;
celui-là, d u moins ne leur aura pas o s é
faire un trop v i f é l o g e de leur futur pa –
tron.
CONDAMNATIONS ET DÉCORATIONS.
Les
journaux turcs annoncent que la cour c r i –
minelle a a c c o r d é un délai de d i x jours au
n o mm é C h u k r i , ex-direcleur des postes à
Karassi q u i s'est enfui en Europe e l n' a
pas é t é a r r ê t é . P a s s é ce délai i l sera j u g é
par d é f a u t .
Les m ê m e s journaux enregistrent les
d é c o r a t i o n s et promotions suivantes infli–
g é e s à des A r m é n i e n s .
Sa Majesté le Sultan a daigné conférer la
Ire classe de Medjidié à l'archevêque Der
Bedross, aratchnort de Sivas,
Il a été conféré également la 3" classe de
Medjidié à l'arcliiprêtre Kinèle Kalemkia-
rian, nouveau vicaire patriarcal de Moush.
Il a été conféré le grade de Môntémaïz à
Ariss effendi, premier c h a r g é d'affaires au
Patriarcat, à Bedross, effendi Garahedian
membre du Conseil d'instruction et à Mihran
effendi Cliirinino, membre du Conseil admi–
nistratif.
S. G . M* ' Stépan Hovaguemian évêque
arménien de Nicomédie a été décoré de la
classe du Medjidié.
Dicran effendi Paraghaminn, notable ar–
mé n i e n , est décoré de la 3
e
classe du même
ordre.
L a plus infamante de ces d é c o r a t i o n s
est celle q u i est c o n f é r é e au vicaire pa –
triarcal de Mo u s h , c'est-à-dire d'un diocèse
o ù le massacre des A r m é n i e n s est mé d i t é
d è s longtemps et o ù se pratique, mieux
que nulle part ailleurs l e x t e rmi n a t i on
lente.
P .
O .
LE COURRIER DE LA PRESSE
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21,
B o u l e v a r d M o n t m a r t r e —P A R I S
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E
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