«
Rédaction
Drosçhak
salue ouverture du
douzième Congrès de paix, adresse vœux ar–
dents, aux vaillants champions d'Humanité qui
dans leurs nobles préoccupations n'oublieront
pas la cause d'Arménie. La misère noire, les
menaces de nouveaux massacres dans Arménie
turque, ainsi que les dernières mesures du
gouvernement russe au Caucase, visant l'exis–
tence même de la nationalité arménienne nous
engagent à vous adresser pressant appel et
vous adjurer d'user tous les moyens en votre
pouvoir en vue de hâter solution question
arménienne. »
R.
Nouvelles d'Orient
E N MA C É D O I N E .
—
L'empereur François-
Joseph et le tsar Nicolas II, dont les minis–
tres ont travaillé avec un si heureux succès
à la pacification de la Macédoine, se sont
rencontrés à Vienne et congratulé selon les
rites du protocole. L'empereur d'Autriche,
pour ne pas employer de mots qui pussent
contrister Abdul Hamid, a qualifié de
«
regrettables événements » l'incendie des
villages, le massacre des hommes, le viol
des femmes, la famine et la misère ache–
vant de tuer ceux qui échappèrent aux
loyaux serviteurs du Sultan. Le tsar lui a
répondu que l'entente austro-russe était :
Un gage précieux pour le succès de la grande
œuvre pacificatrice que nous avons entreprise
d'un commun accord; le but humanitaire que
nous poursuivons exclut toute partialité et doit
être atteint avec fermeté et persévérance par les
moyens les mieux appropriés à l'apaisement
réel et durable. Nos efforts contribueront en
même temps, je l'espère, à la consolidation de
la paix générale.
Il faudrait avoir là-dessus l'avis des i n–
surgés macédoniens qui ont fait trop de
sacrifices déjà pour abandonner la lutte
désespérée qu'ils soutiennent avec hé–
roïsme; et l'expérience du passé les empê–
chera de prendre au sérieux les réformes
toujours promises et jamais exécutées.
L'entente austro-russe purement négative
a fait faillite : une autre politique sera
peut-être imposée aux gouvernements d'Eu–
rope, de tradition libérale, par l'opinion
des peuples, et en Angleterre on avait
répondu d'avance, le
29
septembre, aux
palabres optimistes des empereurs :
Londres,
29
septembre.
Un grand meeting, très enthousiaste a eu
lieu à Saint-James hall. -On y a examiné la
question macédonienne et l'attitude que doit
prendre le gouvernement anglais. C'est-une
réunion analogue à celle tenue à Paris, au
Château-d'Eau, au commencement de l'année.
L'Eglise et tous les partis politiques étaient re–
présentés; le parti libéral prédominait. La salle
était archi-comble de bonne heure, et des cen–
taines de personnes n'ont pu y pénétrer.
Trois ordres du jour ont été votés à l'unani–
mité. Le premier déclare que, vu la mauvaise
administration en Macédoine et étant donné
que toute tentative d'application des réformes
sous le régime turc a échoué, il importe que le
sultan cesse de régner directement sur ces pro–
vinces et qu'il soit établi une administration
que dirigeront des personnes indépendantes du
gouvernement turc,.
Le second ordre du jour porte que les me–
sures prises par la Grande-Bretagne, en
1878,
et ses engagements aux termes du traité de
Berlin exigent qu'elle prenne les dispositions
qu'elle pourra pour mettre fin aux massacres
des non combattants et à la dévastation en Ma –
cédoine; il est de son devoir, en premier lieu,
de taire ressortir auprès des autres puissances
signataires du traité de Berlin les avantages que
comporte une politique semblable à celle que
suggère l'ordre du jour précédent.
Le troisième ordre du jour affirme que, comme
il est à craindre, que la famine se déclare parmi
les réfugiés sans abri en Macédoine, les secours
sont très nécessaires et qu'il convient de de–
mander au Comité des Balkans de parer à la
détresse actuelle.
Toutes ces résolutions ont été acceptées avec
acclamations vives et prolongées.
L E S DÎMES EN R O UM É L I E .
—
On lit dans
les journaux turcs :
Suivant un rapport, adressé par S. E . Hussein
Hilmi pacha, inspecteur général, les dîmes des
villages du vilayet de Monastir, ont été affer–
mées, cette année, pour une somme de
1
3.
g8o.65o piastres, soit avec une plus-value de
1.250-708
piastres, comparativement au prix de
l'affermage de l'année dernière. Les dîmes du
sandjak de Monastir, Serbitché, Goritza et llba-
zan, n'ayant pu être affermées à un prix raison–
nable, seront perçues directement par l'Etat.
Il peut sembler extravagant que les dîmes
soient affermées avec une plus-value dans
un pays en pleine insurrection : mais avec
un peu de réflexion on comprend sans peine
que les fermiers des dîmes pouvant piller à
leur gré, à la suite des armées de S. M . I.
consentent à un petit sacrifice en vue des
butins éventuels.
H E L L È N E S ET A RMÉ N I E N S HAMIDOPHILES. —•
Tout dernièrement trois cents volontaires
hellènes sont arrivés à Constantinople; ils
ont débarqué à Sirkedji et ont été dirigés
sur le ministère de la guerre. Ces indignes
descendants des klephtes et des armatoles
se font aujourd'hui les auxiliaires du bour–
reau. Afin de n'être pas en reste avec les
Hellènes, quelques Arméniens attirent l'at–
tention sur eux par des donations adroites
«
pour les victimes des bandes bulgares. »
Je relève sur une liste :
Parsesh effendi Stamboulian.
200
piastres
A . et T . Karagueuzian
700
piastres
Artin effendi Ka r aman i an . . .
200
piastres
Manoukian Karnik effendi . . 5oo piastres
Ar t i n effendi Aslanian
400
piastres
Si ces hommes ne sont pas des fonction–
naires d'Etat, à qui on impose de souscrire,
ils devraient se souvenir qu'à Andrinople,
la Bête fit pendre le même jour des « bri–
gands » arméniens et des « brigands » bul–
gares. Ils devraient au moins ne pas réserver
leurs libéralités aux seules victimes des in–
surgés macédoniens, mais les étendre aux
65,
ooo Macédoniens sans pain, sans vête–
ment, sans abri, qui errent lamentablement,
dans l'attente de la mort, sur les ruines des
villages détruits par ordre de S. M . I.
DÉCORATIONS.
—
Bathiar pacha, le com–
mandant turc responsable des atrocités de
Kruchevo et de Smilievo, a été décoré de la
première classe de l'ordre du Medjidé. Il
est maintenant envoyé dans le district de
Kastoria, où il a déjà brûlé six villages et où
un certain nombre d'insurgés ont été tués.
Vendredi dernier,
25
septembre, après le
Selamlik, auquel assistèrent M . et Mme
Constans et M . et Mme Lockroy, ceux-ci
furent reçus par le sultan qui, après une
conversation, donna le bras à Mme Cons–
tans pour faire visiter à ses invités son
musée privé. Il remit le grand cordon.du
Chefakat à Mme Lockroy et le grand cor–
don de l'Osmanié à M . Lockroy.
Ainsi se poursuit le jeu du massacre et
des décorations et au lendemain du jour où
le héros de Kruchevo reçoit de son Maître
une récompense trop méritée, M . Constans,
ambassadeur de la République française,
non content du beau succès financier obtenu
par ou malgré ses exigences personnelle
dans l'affaire de l'unification de la Dette,
s'emploie à compromettre et à déshonorer
tous les Français notables qui s'aventurent
à Constantinople.
P . Q .
L I R E
L
'
EUROPÉEN
Courrier International Hebdomadaire
POLITIQUE, DROIT INTERNATIONAL
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Jollll.-M. RoBERTSON, Dr M . KRONENIÎERG, A . Al'LABD
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