tournée dans le vilayet d'Uskub, onl cons–
taté (tue de terribles violences ont élé exer–
cées par les fonctionnaires turcs sur un
grand nombre de Bulgares des deux sexes.
L A
T E R R E U R POLICIÈRE.
—
Depuis la
tuerie de Belgrade, S. M . I. souffre plus
gravement de sa folie ch r on i que ; le délire
des p e r s é c u t i o n s la tourmente assez fort
pour que les agences à sa solde donnent
des nouvelles excellentes de sa s a n t é et
d éme n l e n t toute information maligne. Ce –
pendant les a c c è s de la Bêle redoublent
de f r é q u e n c e et d ' i n t e n s i t é . Elle n'est plus
s û r e de sa garde albanaise n i m ê m e de ses
mouchards q u i se mangent entre eux :
l'un des chefs de sa police s e c r è t e Mehcmed
A l i bey a élé a r r ê t é dans son vaIi de
B u y u k d é r é et e x p é d i é à A n g o r a ; le pre–
mier s e c r é t a i r e Tewfik l'aurait, dil-on, ac–
c u s é a u p r è s du ma î t r e de d é n o n c i a t i o n
calomnieuse. Il est probable que les griefs
contre Mehemed A l i bey sont autres : car
Hamid encourageait n a g u è r e les d é l a t e u r s
les moins v é r i d i q u e s (Ici l'infâme Ke n t -
cheoghlou), voyant dans leurs mensonges
la preuve d'un g r and zèle pour sa per–
sonne.
Le Icherkesse Issak bey a é l é de
même e n v o y é en exil à T r é b i z o n d e avec
loute sa famille, y c omp r i s sa s œ u r , q u i
fui cependant l'une des favorites de H a m i d .
Car les parents, les fils, les amis des sus–
pects sont é g a l e m e n t suspects et nulle
personne prudente
ne leur oserait t é –
moigner de sympathie ou porter a u c un
secours.
R é c e mm e n t , la fille de F u a d P a c h a ,
exilé à Damas, en c h â t i m e n t de
c r i –
mes imaginaires, devait accoucher; une
o p é r a t i o n é t a i t n é c e s s a i r e : aucun des
nombreux mé d e c i n s d'abord a p p e l é s ne
voulut se rendre a u p r è s de la malade, par
crainte de passer pour u n homme sub–
versif; seul un A r m é n i e n , au dernier mo–
ment, eut ce courage. To u s soins é t a i e n t
devenus alors inutiles; la malheureuse
mourut e l fut au plus vile e n t e r r é e en p r é -
•
sence de quelques serviteurs et d'espions
du Palais. A i n s i S. M . t. montre aux yeux
du monde son impartiale m a n s u é t u d e
envers tous ses sujets et traite avec une
égale b o n t é , sans distinction de race, de
religion, d ' â g e ou de sexe qu i conque
eut l'heureuse fortune de n a î t r e sous sa
c l éme n t e domi na t i on .
P R E S S E H AM I D I E N N E .
—
On a l u plus
haut et nous avons e x p o s é déjà dans le
p r é c é d e n t n u m é r o quelle est la situation
du vilayet d ' An d r i n o p l e . Le s j o u r n a u x ha -
midiens i n t e r p r è t e n t les faits d'autre ma –
n i è r e :
Les journaux turcs d é m e n t e n t formellement le bruit
uns en circulation par des personnes malveillantes et
d'après lequel les habitants du village Yénidjé, rele–
vant de sandjak de K i r k Kiltssé (Andrinople), seraient
molestés.
D'après les avis reçus d'Andrinople, voici les faits
qui onl d o n n é naissance à ces faux b r u i t s . Dernière–
ment, deux bandits ayant fait feu dans le village de Yé–
nidjé, sur les représentants des autorités, ceux-ci ont
riposté et tué les deux malfaiteurs. L a tranquillité la
plus complète règne sur tous les points de l'Empire.
S i une panique de Bourse p r o v o q u é e
par les bruits de. mob i l i s a t i on les oblige à
parler de la Bu l g a r i e , c'est dans les termes
que voici :
U n bruit a été m i s en circulation à la Bourse de
Galata, d'après lequel des troupes impériales seraient
expédiées sur la ligne de d é m a r c a t i o n bulgare.
Aucun mouvement révolutionnaire ne s'étant produit
de la part de la principauté bulgare contre son gou–
vernement suzerain de nature à provoquer la concen–
tration de troupes sur la ligne de d é m a r c a t i o n , le bruit
dont i l est question est donc de pure invention et dé–
nué, de tout fondement.
C ONDAMNA T I ON S E T D É CORA T I ON S .
—
Les
j ou r n a ux turcs observent depuis quelque
temps une s i n g u l i è r e d i s c r é t i o n en ma–
tière de mandats d ' a r r ê t et jugements par
d é f a u t de criminels politiques : les c om–
m u n i q u é s louchant les r é f o rme s tiennent
trop de place. Mais les listes de d é c o r a
1
lions sont p u b l i é e s sans discontinuer.
Toutes ne sont pas d o n n é e s à des F r a n ç a i s :
en un seul j ou r , trente-lrois fonctionnaires
roumains, depuis M M . Jean Ka l i n d e r o , m i –
nistre des domaines royaux (grand cordon
de
YOsnianié),
Haret, mi n i s i r e de l'instruc–
tion publique, Co s l i n e s c o , ministre des
finances (grands cordons de
Medjidié),
j u s qu ' a ux cavas A l i A g h a (4
e
classe du
Medjidié)
Mehmed et K a d i r A g h a (5
e
classe
du
Medjidié),
ont r e ç u des d é c o r a l i o n s
hamidiennes, comme s'ils eussent appar–
tenu au cabinet de M . C h a u m i é ou à celui
de M . Combes. Le s sujets de Gu i l l a ume II
ne sont pas non plus indemnes de cette
peste. C i , pa rmi eux, quelques victimes de
choix et d'importance :
F r a n z Kessel effendi, maitre d ' Hô t e l au
Pa l a i s i mp é r i a l , a é t é d é c o r é de la 3
e
classe
du
Medjidié.
M
l l e
von Imhoff, fille du g é n é r a l Imhoff
pacha, instructeur de l'artillerie ottomane,
a é t é d é c o r é e de la 2
e
classe du
Chéfakat.
L e major von F u i s t e r , de l ' a r mé e alle–
mande, a é l é d é c o r é de la 3
e
classe de
YOsnianié.
P . O .
DOCUME N T S
Le Rapport de Djavid bey sur l'ilbanie
et la Macédoine
FIN
Ouvrez l'histoire et cherchez la cause de la
d é c a d e n c e des empires. Je ne veux pas jeter
la faute sur Votre Majesté, que Dieu m'en
préserve. Mon éducation, ma foi, mon res–
pect et ma fidélité envers Votre Majesté ne
m ê le permettent pas. Mais cela n ' emp ê c h e
pas l'existence de l'injustice et d'une mau–
vaise administration ; et, si elles sont causées
par la faute même de vos fonctionnaires, la
responsabilité devant Dieu et devant le Pro–
phète n'en incombe pas moins à vous-
m ê m e ; car vous êtes le chef s u p r ême à qui
le gouvernement de notre nation et de notre
Empire a été confié par Dieu, et le chef sacré
à qui notre P r o p h è t e a confié la protection
de notre malheureuse nation et religion.
Ag i r contrairement à ces principes, c'est atti–
rer sur soi-même toutes les r e s p o n s a b i l i t é s .
Retenu à chaque instant par la peur et l ' i n –
certitude dues aux rapports faux et infidèles
p r é s e n t é s à Votre Majesté par les gens de
votre entourage, que vous reconnaissez
comme des traîtres et i n f âme s ; vous n'osez
pas les expulser, et, à chaque instant, vous
êtes emp ê c h é de suivre les conseils sages de
vos dévoués serviteurs, au nombre desquels
se trouve votre humble serviteur.
Car i l est dans la nature humaine d'être
incertain dans toutes les affaires à force d'en–
tendre des mensonges et de faux rapports.
Par suite de cela, Votre Majesté peut-être
j u s q u ' à un certain point excusable devant
nous; mais votre haute intelligence vous fait
suffisamment apercevoir qu'il ne peut pas
être de même devant Dieu et devant Maho–
met. Car Dieu a dit dans le Coran : «
La
responsabilité
des rois dans leurs actes, égale
à la responsabilité
du public
». 11
est donc
de votre devoir et pouvoir de chasser ces
traîtres de votre entourage et de les rempla–
cer par des gens h o n n ê t e s capables, patriotes
e x p é r ime n t é s et scrupuleux, et sans recourir
à aucun intermédiaire, de prendre l'avis per–
sonnellement des hommes d'État de votre
Empire (car c'est Dieu même qui nous
ordonne de se consulter dans nos affaires),
relativement aux affaires gouvernementales,
affaires qui sont d'une grande importance,
et d'une question de vie ou de mort; et de
faire appliquer le plus t ô t possible les r é –
formes nécessaires, ce qui est l'unique
moyen de sauver l'Empire Ottoman.
Quand Votre Majesté n'aura plus de con–
fiance dans une personne de son entourage,
il faudra la remplacer i mmé d i a t eme n t par
une autre personne possédant votre con–
fiance. Tout ceci est le seul moyen d ' é c h a p p e r
à la politique russe et française. Car les pa–
triotes voient avec un profond regret que
Votre Majesté reste toujours sous la domi–
nation de cette politique, grâce à l'influence
qu'exerce survotre entourage, vendue comme
on l'a dit déjà à cette politique, qui fait
pleurer des larmes de sang à tous les gens
de cœu r .
Cet état de choses, qui, tout en tenant
Votre Majesté dans un état de doute et d'hé–
sitation, Vous emp ê c h e n t de sauver Votre
Empire, ma l g r é votre pouvoir et votre capa–
cité, feront dire un jour de vous — que Dieu
m'en préserve : « Voilà l'homme qui a causé
la ruine et la d é c a d e n c e de son pays ! <> Cette
opinion naissant dans l'esprit de Votre
peuple, nous fait aussi voir, à notre vif regret,
à nous vos fidèles sujets, la fin bien triste et
bien terrible de Votre Majesté. Je crois qu'il
y a peu de monde, je pourrai dire personne,
qui aurait eu l'audace de pouvoir vous dire
si franchement et en langage si précis,
Fonds A.R.A.M