N 2
P R O A R M E N T A
t r è s que le b a r on de Richtoffen était surtout
c h a r g é d'espionner les r é f u g i é s o l t oman s .
Il n'est plus consul g é n é r a l en titre; mais
ce n'est là qu'une c omé d i e , au dire du
journal suisse et i l n'en continue pas moins
à correspondre avec le Pa l a i s : i l faut donc
d é b a r r a s s e r le territoire fédéral et du c on –
sulat et de l'ex-consul. L a
(
ktzelle de Lau–
sanne
exprime l a m ê m e opinion : elle trouve
plus qu'inutiles des r e p r é s e n t a t i o n s tur–
ques à Berne et à G e n è v e q u i , sous le titre
de l é g a t i o n ottomane, ne font que de l'es–
pionnage. L a question sera probablement
p o r t é e , en j u i n , devant le Co n s e i l national,
au moment de la discussion d u budget des
Affaires é t r a n g è r e s .
L A
T E R R E U R
P O L I C I È R E .
O n sait qu ' a –
p r è s F u a d P a c h a , le g é n é r a l de division
N a z i m P a c h a a é t é exilé pour six ans et
p r é a l a b l e m e n t d é g r a d é devant une assis–
tance choisie d'officiers s u p é r i e u r s . I l é t a i t
a c c u s é de conspiration avec F u a d , bien
qu'en réalité i l fût fâché avec celui-ci pour
des raisons p r i v é e s — histoires de femmes —
et q u ' i l ne l'eût pas vu depuis trois ans.
Ma i s au temps de leur am i t i é , Fu a d l u i
avait d o n n é u n revolver, avec cette d é d i –
cace : « P o u r l a d é f e n s e de l a patrie ».
L ' i n s c r i p t i o n , j u g é e subversive, a c a u s é sa
perte.
L e major R i z a bey a é t é soumis à une
i n s t r u c t i on j ud i c i a i r e parce que dans une
perquisition i l fut t r o u v é d é t e n t e u r de
deux n u m é r o s du
Petit Parisien,
o ù i l
était p a r l é du commerce, du pétrole, et des
p ê c h e r i e s de perles en Tu r q u i e . Il faut
r e c o n n a î t r e que l'affaire n ' e û t pas de
suite.
D'autres officiers ont é t é moins heu–
r e u x , d ' a p r è s une correspondance d u
Temps :
Les arrestations et les d é p o r t a t i o n s conti–
nuent. Les d e r n i è r e s victimes qu i viennent
d'être expédiées au Yéme n sont trois ofliciers
dont un colonel. Les crimes dont i l sont
accusés sont toujours les môme s : complots,
langage subversif ou correspondance avec
l'étranger.
Une autre arrestation est, plus é t r a n g e .
C'est celle d'une dame musulmane, Ha d i mé
hanaum, âgée de soixante-dix ans, veuve de
K i am i l pacha, ministre sous le règne d'Abd
ul Aziz. Cette brave dame, a eu la malencon–
treuse idée de réunir chez elle, dans son
konak de Bébek, sur le Bosphore quelques-
unes de ses amies et de leur offrir un d î n e r .
Il n'en a pas fallu plus pour qu'on invitât
Ha d i mé hanoum à transporter ailleuis ses
p é n a t e s , et comme elle montrait pas assez
d'empressement, on l'embarqua de force et
on l'expédia en Egypte.
L E S A V E N T U R E S D U P A T R I A R C H E C H A I
D E E N
A u moment de, l'incident franco-turc, le
gouvernement f r a n ç a i s compta au nombre
des avantages mo r a ux q u ' i l obtenait, en
m ê m e temps que des satisfactions finan–
c i è r e s , l'investiture enfin a c c o r d é e au
Patriarche des C h a l d é e n s , Emma n u e l Tho–
mas. 11 ne, parait pas que le p r o t é g é de la
R é p u b l i q u e ait eu grandement à se louer
da la bonne volonté du S u l l a n .
D ' a p r è s une d é p ê c h e de la
Frankùrler
ZeUung
en date du 31 ma i , i l était a r r i v é à
Constantinople v e n a n l de Mossoul, o ù les
a u t o r i t é s turques l u i rendaient la vie diffi–
cile et on le retenait depuis deux j ou r s à
Y l d i z pour l ' emp ê c h e r de c ommu n i q u e r
avec l'ambassade, de F r a n c e . A l a date du
3
j u i n le m ê m e j o u r n a l annonce q u ' i l a
obtenu l'autorisation de se rendre à Rome .
Il suffit de lire, les j o u r n a u x turcs pour
s'apercevoir q u ' i l a é t é t r a i t é comme le
Va r t a b e d Papghen c l comme
l ' é v è q u e
Te r z i a n . On y verra que son a r r i v é e et le
lieu de sa r é s i d e n c e é l a i e n t p r é v u s et que
le p r é s i d e n t de sa c o mm u n a u t é se trouve
ê t r e un des mouchards au service de
S a Majesté :
20
mai. — S. B . M*?
1
Emmanuel, patriarche
chaldéen, vient d'arriver à Alep. Il se remettra
en route pour venir à Constantinople et p r é –
senter ses hommages respectueux à S. M . 1.
le Sultan.
29
mai. — S. B . M«
r
Emmanuel Thomas,
patriarche chaldéen, est attendu cette se–
maine i c i . Sa Béatitude arrive à Constanti–
nople pour p r é s e n t e r ses hommages respec–
tueux à S. M . I. le Sultan. Une maison meu
blée sera louée à Péra pour la résidence du
patriarche aux frais du ministère de la Liste
civile.
M"
1
'
Gharib, vicaire du patriarche à Cons
tantinople, et
Abdul-Kérim bey, président de
la communauté chaldéenne
i c i , se sont rendus
au Palais et à la Sublime Porte pour aviser
S. E . Tahsin bey, premier secrétaire de
S. M . I. le Sultan, S. A . le grand-vizir de la
prochaine arrivée du patriarche à Constan–
tinople.
30
mai. — S. B . M"' Emmanuel Thomas,
patriarche chaldéen, est arrivé hier matin à
(
> heures à Constantinople par le vapeur
llûngaria
du Lloyd autrichien. Peu après
l'arrivée du vapeur dans le port Tellat bey,
ma î t r e des c é r émo n i e s à la Sublime Porte,
M *
r
Gharib, vicaire patriarcal à Constanti–
nople, et Ta b i b z a d é Abdul-Kérim bey, p r é –
sident de la c ommu n a u t é c h a l d é e n n e et pre–
mier drogman du ministère de la police,
sont allés dans la mouche à vapeur
Rehber,
de l'amirauté impériale à bord de la
llûnga–
ria.
Tellat bey a souhaité au patriarche la
bienvenue au nom du gouvernement i mp é –
rial. Peu après le patriarche a d é b a r q u é au
quai de To p -Ha n é , d'où deux voitures de la
Cour l'ont ame n é ainsi que sa suite au palais
impérial de Yildiz. Dans la p r emi è r e voiture
avaient pris place le patriarche avec Tellat
bey ayant en face de soi Ta b i b z a d é et Abdul-
Kérim bey. Dans la seconde se trouvaient
r
Gharib, vicaire patriarcal à Constanti–
nople, le premier et le second secrétaire du
patriarche.
S. B . M»
1
'
Emmanuel Thomas a fait parve–
nir à S. M . I. le Sultan ses hommages res–
pectueux et l'expression de ses sentiments
de profonde reconnaissance pour la con–
fiance qu'il lui a t émo i g n é e en sanctionnant
son élection. S.
M.
1.
le Sultan lui a fait
transmettre sa haute satisfaction et ses salu–
tations impériales.
En quittant le palais impérial le patriarche
s'esl rendu à Péra, Sakiz-Aghatch, où i l est
descendu à la maison qui avait été p r é p a r é e
d'avance à son intention. Plus tard S. B .
M&
r
Emmanuel Thomas s'est rendu à la
Sublime Porte pour faire visite à S. A . le
grand-vizir et à S. E. Memdouh pacha,
ministre de l'intérieur.
Aujourd'hui S. B . M« Emmanuel Thomas
s'est rendu au palais pour assister à la c é r é –
monie du Sélamlik.
Il n'est pas superflu de faire observer
que l'ambassadeur de F r a n c e avait eu, le
27
ma i , à l a S u b l i me Po r t e , des entrevues
successives avec le grand vizir et le minis–
tre des affaires é t r a n g è r e s et qu'elles n'eu–
rent point d'effet i mmé d i a t , puisque, d è s
son d é b a r q u e m e n t , le patriarche Emm a –
nuel Thoma s fut conduit à Y l d i z , puis
s é q u e s t r é , à quelques dix minutes de l ' am–
bassade de France, dans la ma i s on meu–
blée de la rue S a k i s Ag a t c h .
C O N D A M N A T I O N S E T M A N D A T S
D ' A R R Ê T .
On lit dans les j ou r n a ux turcs :
D'après la
Gazette des Tribunaux,
le nom–
mé Ahmed bip Eu mer, détenu dans la prison
d'Aïdin pour un délit de droit commun,
ayant été é g a l eme n t reconnu coupable
d'avoir tenu des propos subversifs, a été
c o n d amn é à la détention dans une enceinte
fortifiée, a p r è s avoir p u r g é sa p r emi è r e
peine. Il sera donc envoyé à cet effet à
Rhodes.
Un mandat d'arrêt vient d'être lancé
contre l'ex-lieulenant-colonel Ismaïl Ha k k i
cpii, détenu à Rhodes, s'est sauvé à Paris
dans des intentions séditieuses.
11
est accusé de crime, en conformité de
l'art. 58 du code pénal.
Le p r é s e n t mandat invite les autorités
policières à l'arrêter partout où elles le trou–
veront et le consigner à la maison d'arrêt de
la cour criminelle.
Un nouveau délai de dix jours est accordé
par la cour criminelle à l'ex-lieutenanf-colo-
nel Ismaïl Hakki, de l'état-major général du
S é r a s k é r a t , qui, é t a n t i n t e r n é à Rhodes, s'est
évadé et est allé à Paris pour se livrer à des
me n é e s subversives.
Passé ce délai, s'il ne se p r é s e n t e pas à la
cour criminelle, i l sera j u g é par défaut, ses
biens seront confisqués et i l perdra ses droits
civiques.
P. 0 .
Le Secrétaire-Gérant :
J E A N
L O N G U E T .
Fonds A.R.A.M