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P R O ^ A R M E N I A
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assurerait en Tu r q u i e u n régime de
paix et de justice.
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° L a minorité des libéraux o t t o –
mans est opposée à l ' i n t e r ven t i on e u –
ropéenne, même sous l a f orme d'une
ac t i on bienveillante ou « d ' un concours
mo r a l » et vo i t le salut dans l a c ons t i –
tution de Mi d b a t .
Après avo i r l u les commenta i res du
Mechveret(((
les changements brusques
survenus pa r des moyens violents nous
paraissent dangereux pour le salut de
la Pa t r i e » ) , o n se demande de que l
mi r a c l e l a minorité ottomane attend
une t rans f o rma t i on du régime h am i -
d i en , en repoussant f o rme l l ement
l ' i n t e r ven t i on européenne. Espère-t-
elle qu ' une grâce soudaine va toucher
le cœur endu r c i de l ' As sas s i n? Pense -
t-elle que les souffrances endurées
do c i l ement par le peup l e n ' enc oura –
gent pas au contraire le c r i m i n e l à
pour su i v r e son c r ime ?
Ma i s d'ailleurs i l ne dépend po int
de l a volonté seule des Ot t omans que
l ' Eu r o p e i nt e rv i enne ou n ' i nt e r v i enne
pas. A u cours du siècle l ' a c t i on euro –
péenne, tantôt sollicitée, tantôt i mp o –
sée, s'est exercée en Tu r qu i e à maintes
reprises et pour qu'elle s'exerce encore,
i l suffît aux Pui ssances de respecter
leurs propres engagements. Seulement
tantôt cette action est bienfaisante pour
l a Tu r q u i e , soit qu'elle l a sauve d ' un
démembrement immédiat, soit que par
des réformes précises c omme au L i –
b an , elle fasse cesser des abus dange –
reux ; tantôt elle l u i est cruelle parce
qu'elle se p r odu i t trop t a r d , quand le
m a l est irrémédiable et nécessite l ' am –
put a t i on c omme en Crète hier, c omme
en Arménie d ema i n , si l a c o n t i nua –
t i o n des massacres donne prétexte à
une oc cupat i on russe, désastreuse p ou r
l ' Emp i r e , pour les Arméniens, poul–
ies nations européennes elles-mêmes
q u i ont dans cette partie de l ' As i e des
intérêts contraires aux intérêts mos c o –
vites.
A i n s i sur ce po i nt c ap i t a l , en p r a –
tique et en fait le sentiment, très res–
pectable pa r so i , des Jeune s -Tur c s qu i
repoussent l ' i n t e r v en t i on , n'a pas une
grande impo r t anc e po l i t i que .
Mais i l reste acquis pa r les réclama–
tions votées ou lues au congrès :
et)
Que les libéraux ottomans ne
tiennent pas p ou r abusives, mais pour
légitimes, les revend i cat i ons des A r –
méniens et qu'ils veulent établir entre
chrétiens et mu s u lman s une égalité
réelle qu i n'existe pas j u s q u ' i c i ;
b)
Que les Arméniens, c on t r a i r e –
ment aux intentions qu ' o n l eur attri–
buait indûment, ne veulent en aucune
manière détruire l'unité et l'existence
organique de l a Tu r q u i e .
Le s paroles prononcées, les f ormul es
adoptées de part et d'autre ne laissent
pas de place à l'équivoque, et i l est
utile qu'elles soient divulguées le plus
largement possible dans tout l ' E m –
pire ; rien ne saurait plus efficacement
dissiper les ma l ent endus et les préju^,
gés de race.
E t maintenant, les événements q u i
ne sont pas soumi s à nos préférences
et à nos caprices se chargent de dé–
mon t r e r l'urgence d'une doub l e action
immédiate : action de défense l oca l e ,
action d i p l oma t i que en Eu r o p e .
Des nouvelles de Ma l a t i a , datant du
c ommenc ement de j anv i e r , annonc ent
que l ' anc i en chef de br i gands , général
hami d i e n Osman pacha Sefer-agha-
Zadé, se prépare à détruire entière–
ment le village arménien d ' A l b i c he ,
déjà très éprouvé l ' an dernier, et une
lettre d eMo u s h , publiée plus l o i n , c on –
firme et précise toutes les i n f o rma t i ons
précédentes sur le Sassoun et l a p l a i ne
de Mo u s h : des garnisons occupent
Sh e i k h - A l a n , Kh i z i l - A g a t c h , K ome r ,
Kh a r t z o r , Pe r t ak , Ha v a d o r i n k , à Test
et à l'ouest de Mo u s h , et au nord-ouest
Sahag, Ba g h l o u , Me g hd i , Ghéïbian,
Haïgerd ; c'est-à-dire qu ' au p r i n t emp s ,
si An t r a n i k et l ' Eu r o p e n'y mettent
o rdr e , l ' ex t e rmi na t i on définitive des
Arméniens s ' ac c omp l i ra dans cette
région.
A eux de se défendre ; à nous de
l eur v en i r en aide, n o n seulement en
dénonçant les c r imes c ommi s , en p r é –
disant ceux q u i vont se c omme t t r e , en
soutenant des orphelinats et des œu –
vres de charité, mais aussi en leur
fournissant les moyens d'empêcher
que de nouveaux enfants ne dev i en
nent o r phe l i ns , ou que ceux qu ' on a
pr ov i s o i r ement sauvés ne soient mas –
sacrés à l eur tour : en Amérique, un
comité de
Self-defence
s'est formé,
composé d'Arméniens et d'Améri–
cains ; i l s'en fondera un sans doute
en F r a n c e aussi ; et pui sque les i n d i –
v i dus doivent se substituer partout
aux gouvernements qu i trahissent le
droit, i l p o u r r a p r end r e p o u r devise
les paroles de V i c t o r Hu g o , au temps
des massacres serbes :
«
Qu a n d finira le ma r t y r e de cette
héroïque petite n a t i o n ?
«
I l est temps q u ' i l sorte de l a c i v i –
lisation une majestueuse défense d ' a l –
ler plus l o i n .
«
Cette défense d'aller plus l o i n dans
le c r ime , nous les peuples, nous l ' i n t i –
mons aux gouvernements. »
P I E R R E Q U I L L A R D .
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L A C O N F É R E N C E
DE M . FRANCI S DE PRESSENSÉ
Sur l'appel de
V Union
des
Etudiants
arméniens
d'Europe,
M . Francis de Pres–
sensé a fait à Genève, le
10
février, une
conférence sur l a question arménienne.
L a séance était présidée par le conseiller
d'État Favon qui, malgré l a maladie,
avait voulu donner ce témoignage nou–
veau de son généreux dévouement à une
cause d'humanité et de justice. Qu ' i l nous
soit permis de l u i exprimer l a vive grati–
tude des Arméniens et de leurs amis.
Nous empruntons au
Genevois
le compte
rendu analytique de la conférence qui a
été sténographiée et sera par la suite
publiée intégralement :
La conférence organisée par
Y Union
des
Étudiants
arméniens
d'Europe,
dont le comité
central se trouve à Genève, était faite au
Victoria-Hall ; la salle fut trop petite, comme
on s'y attendait, pour une assistance si nom–
breuse ; essayons de résumer les idées de
M. de Pressensé à l'usage de ceux qui n'ont
pu l'écouter ; nous ne pourrons malheureuse–
ment donner l'impression de cette belle sim–
plicité dans le discours, de cette absolue
conviction qui se communique au public, de
l'aspect très sympathique enlin
Pres–
sensé, dont la figure est demeurée étonnam–
ment jeune et fraîche, en dépit de la barbe et
des cheveux blancs.
M . Georges Favon, conseiller d'État, avait
accepté la présidence d'honneur de la séance.
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a pris la parole avec cette magnifique élo–
quence qui vient du cœur, et que la fatigue
physique est impuissante à affaiblir. Il s'est vé-
Fonds A.R.A.M