PREMIÈRE ANNÉE
N °
3
25
DÉCEMBRE
1900
Pro Armeni a
R é d a c t e u r en chef :
P i e r r e Q U I L L A R D
Adresser
tout ce iui concerne la direction
à M. Pierre Quillard
IO, rue Nollet, Pa r i s
A B O N N E M E N T S :
France
8 »
É t r a n g e r
10 »
Le
numéro
. . . .
0 2 5
paraissant le 10 et le 25 de chaque^mois
C O M I T E D E
R É D A C T I O N :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Koœ»x^x«œxx»oœxxx>o!>oooooooooc»<
Francis de Pressensé, E. de Roberty
Pro Armenia
est en vente chez les libraires et dans les principaux kiosques de Paris.
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n :
J e a n
L O N G U E T
Mardi et Vendredi- •
de 11 li. à midi, 17, rue Cujas
oooooocooocooooooo
ADMINISTRATION :
Société nouvelle de Librairie
et d'Édition
(
Librairie G. BELLAIS)
17,
rue Cujas, P A R I S
TÉLÉPHONE : 801-04
S O M M A I R E
A nos lecteurs
L a R é d a c t i o n .
L a Quinzaine
P . Quillard.
Lettres de D i a r b é k i r etd'A-
dana.
Les Kurdes et le Sultan .
.
T .
Nouvelles d'Orient
P . Q.
Documents :
R a p p o r t sur le massacre
d'Orfa (Livres Bleus). .
.
Fitzmaurlce.
V
Bibliographie.
Nous nous imaginions à tort avoir
expliqué avec netteté nos
1
,
intentions'.
Il semble cependant que nous n'ayions
pas encore été compris de tout le
inonde. Comme nous nous sommes
fait une règle absolue de n'engager
ici aucune polémique personnelle,
en particulier avec ceux qui souf–
frent d'une façon ou d'une autre de
la tyrannie hamidienne, nous som–
mes obligés de transcrire derechef
notre déclaration première, en faisant
remarquer que notre programme a un
caractère immédiatement pratique et
s'appuie sur des textes formels, dont la
valeur n'est pas devenue caduque.
Nous avons donc dit et nous disons
à nouveau :
Que nous ne voulons ni
réveiller
l'esprit de croisade ni exciter à la haine
de l'une des races ou des religions qui
vivent ou sont professées sur le territoire
ottoman.
Que nous nous occupons surtout des
souffrances arméniennes parce qu'elles
excèdent toute mesure et que l'Europe
y peut porter remède en vertu des
traités ;
Que nous ne parlons au nom ni d'un
parti politique français, ni d'un groupe
arménien;
Que nous entendons, au contraire,
faire œuvre d'union entre tous les
hommes de cœur et de bonne volonté;
Que nous désirons avant tout divul–
guer les atrocités commises et l'effroya–
ble martyre d'un peuple en voie de
disparaître ;
Que nous donnerons à nos lecteurs
des faits précis et des documents au–
thentiques plutôt que d'éloquentes con–
sidérations générales ;
Qu'enfin nous espérons ainsi atteindre
le but que nous nous proposons d'abord :
exécution de l'article 61 du traité de
Berlin et des réformes demandées dans
le mémorandum
du 11 mai 1895, que
nous reproduisons ci-dessous :
-
Article 61.
L A SUBLIME PORTE
S'ENGAGE A RÉALISER SANS PLUS DE R E –
TARD LES AMÉLIORATIONS E T LES RÉFOR–
MES QU'EXIGENT LES BESOINS LOCAUX
DANS LES PROVINCES HABITÉES PAR LES
ARMÉNIENS E T A GARANTIR LEUR SÉCU–
RITÉ CONTRE LES TCHERKESSES E T LES
KURDES. E L L E DONNERA
PÉRIODIQUE–
MENT CONNAISSANCE DES MESURES PRISES
A CET E F F E T AUX PUISSANCES QUI EN
SURVEILLERONT L'APPLICATION.
Mémorandum
du 11 mai 1895.
1
°
NOMINATION DES VALIS SOUMISE A
L'APPROBATION DES PUISSANCES.
2
°
INSTITUTION D'UN HAUT COMMISSAIRE
CHOISI PAR L E SULTAN E T AGRÉÉ PAR
LES PUISSANCES AVEC PLEIN POUVOIR SUR
LES VALIS PENDANT LA DURÉE DE SA MIS–
SION.
3
°
INSTITUTION D'UNE COMMISSION PER–
MANENTE DE CONTROLE SIÉGEANT A LA
SUBLIME PORTE E T OU LES AMBASSADES
«
FERAIENT PARVENIR DIRECTEMENT PAR
L'INTERMÉDIAIRE
DE LEURS DROGMANS
TOUS LES RENSEIGNEMENTS E T COMMUNI–
CATIONS QU'ELLES JUGERAIENT
NÉCES–
SAIRES ».
LA
RÉDACTION.
LA QUINZAINE
Fête et liesse officielle à Constanti–
nople, le 8 décembre, pour l'anniver–
saire d'une bienheureuse naissance :
le Sultan Abd-ul-Hamid, ce j our - l à ,
avait cinquante-huit ans. Parce que,
enfant sournois, adolescent hanté déjà
par l a peur d'une mort p r éma t u r ée ,
khalife usurpateur, et bourreau de son
propre frère, assassin de Midhat-pacha
égorgeur de Turcs, égorgeur deDruses,
égorgeur d'Arabes, égorgeur de B u l –
gares, égorgeur d'Hellènes, égorgeur
d'Albanais, égorgeur de Yézidis, ce
«
despote fou d'épouvante », comme
l'appelle Anatole France, a cou r onné
son œuv r e de sang par l'extermination,
froidement conçue et mé t hod i quemen t
exécutée, de trois cent mille Armé –
niens, des girandoles de lumière ont
dessiné dans la nuit, sur les sept col–
lines de Byzance, les ruines croulantes
des monuments publics et les tours
sveltes des minarets ; et sur la Corne
d'or et sur le Bosphore, les station–
nantes étrangers et les bateaux de corn-
Fonds A.R.A.M