Supplément
à
Pro Armenia
du 25 janvier
1
Q02.
D É C L A R A T I O N S
D U
CHEF HÉ\ O L L T I OWA I R E W T I M M K
Au moment de mettre sous presse, nous
recevons communication d'un document ca–
pital : c'est une relation de l'affaire de Sourp
Arakélotz, d'après des renseignements d'une
authenticité certaine envoyés de Moush par
le dernier courrier de décembre.
E n l'absence d u supérieur du c o u –
vent, Ohannès Va r t ab ed , l a bande du
chef révolutionnaire An t r a n i k prit po s –
session, le 20 novemb r e 1901, du m o –
nastère de Sourp Arakélotz où se t r o u –
vaient 50 o rphe l i ns et 30 homme s ou
femmes de service. L a bande se c om –
posait de 35 homme s . I l a été cons–
taté que pendant l ' o c cupa t i on , q u i a
duré dix-neuf j o u r s , elle a respecté les
biens du couvent el de l'église ; ma i s
pour assurer l a nour r i t ur e de t ou s ,
sept vaches furent abattues et l a farine
du couvent mise à c on t r i bu t i on .
Le général de d i v i s i o n Me hme d A l i
pacha , avec deux bataillons forts de
1,200
homme s , c e rna Sourp Arakélotz et
coupa toutes les issues. Après plusieurs
tentatives inutiles de négociations,après
trois démarches d u supérieur du c ou –
vent et six lettres émanant de l u i ou
de l'évêque Kh o s r o w Be r i g h i a n , ce–
l u i - c i , au péril de sa v i e , pénétra, le
1
e r
décembre, dans le monastère, a c –
compagné de deux commi s sa i res de l a
police turque et de quelques autres
personnes.
L'évêque et sa suite furent d ' abo rd
enfermés, puis An t r a n i k se présenta,
portant l a décoration d u Medjidié e n –
levée à K h a l i l B e s h i r dont i l se déclara
le meur t r i e r (1).
Pu i s i l ajouta :
P Que lui et sa bande n'étaient pas
des rebelles, mais qu'ils
défendaient
leur vie et celle de leurs
compatriotes,
victimes des Kurdes;
2
° Qu'ils n'avaient jamais pillé de
village, attaqué de courriers, tué des
gens inoffensifs ;
3
° Qu'ils avaient exécuté
KhalilBeshir
et trois autres Kurdes, auteurs de meur–
tres à Chouchnamark ;
(1)
K h a l i l Beshir, auteur des massacres de
H i l e n k , de Spaghank
(200
M O H T S )
et de Ch o u c h –
n ama r k .
4
°
Qu'au contraire
—
et i l fit une
énumération complète —
les Kurdes
avaient commis d'innombrables
pil–
lages, viols, meurtres et
massacres,
tant dans les villages de Moush que
dans ceux de Sassoun ;
5
°
Qu'ils reconnaissaient
l'autorité
du Sultan; mais qu'un seul Sultan suf–
fisait et qu'ils n'en voulaient
point
avoir d'autres dans la personne des
chefs kurdes disposant comme
autant
de sultans de la vie et des biens des
Arméniens,
levant l'impôt pour leur
compte et faisant la loi à leur gré;
6
° Qu'ils se rendraient si on leur ga–
rantissait la sécurité pour
eux-mêmes
et pour les Arméniens du pays.
L'évêque Be r i gh i an quitta alors le
couvent et, rentré à Mo u s h , c o mmu –
n i qua au gouverneur général, au c om –
mandant militaire et aux consuls a n –
glais et russe les déclarations d ' A n t r a –
nik, qu i ont été consignées dans u n
rapport écrit.
Les
autorités turques allaient l u i
envoyer une seconde ambassade q u a n d
on appr i t , dans l a matinée du 9 n o –
v emb r e , q u ' i l avait quitté le couvent
avec toute sa bande , pendant l a nuit
précédente. De u x de ses compagnons
avaient été tués pendant le siège; deux
soldats turcs avaient été tués, deux
blessés.
On suppose q u ' An t r a n i k a gagné les
montagnes de Sassoun.
D É C L A R A T I O N S
D E M .
D E L C A S S É
M I N I S T R E D E S A F F A I R E S
É T R A N G È R E S
I L S E M B L E F A T A L Q U E D E S P O P U L A T I O N S
D ON T ON C ON T I NUE R A I T A L A I S S E R I M P U –
NÉMENT P I L L E R L E S B I E N S OU QU I N E
C E S S E R A I E N T PAS D E S E VOIR EXPOSÉES
A DE S A T T E N T A T S , A D E S M E U R T R E S T R O P
S OUV EN T IMPUNIS F I N I S S ENT P A R SE D I R E
QUE
TOUT V A U T M I E U X Q U E L A V I E SOUS
L E
C A U C H E M A R D ' U N E HÉCATOMBE.
(
M. le ministre des affaires étran–
gères.
—
Di s c our s du 20 j a n –
vier 1902.)
Fonds A.R.A.M