cordons la plus grande attention aux musul–
mans résidant en Bulgarie. Ils ont le droit de
participer aux travaux législatifs, ce qui
n'est pas le cas ailleurs ; ils prennent part à
l'administration du pays ; ils obtiennent des
allégements du service militaire ; les biens
Vakouf sont surveillés avec un soin, en sorte
qu'il ne peut être parlé d'une persécution des
musulmans en Turquie. S'il se produit cepen–
dant des émigrations, elles ont des motifs
privés.
Je répète du reste que notre attitude envers
la Turquie est correcte.
Pour la population de la Macédoine et
dans le vilayet d'Andrinople nous ne pouvons
rien faire ; cependant nous nous sommes
efforcés de la défendre avec tous les moyens
licites.
La situation en Macédoine nous intéresse
en tant qu'elle agit par contre-coup sur la
Bulgarie, par le fait qu'elle produit une
émigration macédonienne toujours crois–
sante qui commence à peser à l'administra–
tion intérieure de la Bulgarie. Cela pourrait
un jour nous amener à attirer l'attention des
puissances signataires du traité de Berlin sur
l'exécution de l'article
23
de ce traité.
D'une façon générale notre politique exté–
rieure doit être prudente et adaptée à nos
forces.
(
Vif assentiment
sur tous les
bancs.)
S i les Etats slaves des Balkans obtien–
nent quelque jour l'exécution de l'ar–
ticle
2 3 ,
i l n'est pas de fiction diplomatique
qui puisse permettre de ne pas faire ap–
pliquer aussi l'article
61
;
le traité de
Berlin n'est pas plus caduc en ce qui con–
cerne les Arméniens qu'en ce qui touche
les Serbes et les Bulgares.
E N
A L B A N I E .
—
Les informations les
plus contradictoires circulent au sujet de
la situation en Albanie : on a été jusqu'à
annoncer que dix mille révoltés assié–
geaient Scodra que les Européens ap–
pellent Scutari. Le seul fait certain, c'est
que K i a z im Pacha a été destitué et envoyé
en disgrâce dans l'Yémen et que Chakir
a été expédié à sa place à Janina. I l aura
fort à faire pour persuader aux clans
qu'Abd-ul-Hamid est le meilleur des sou–
verains.
A
D J E D D A H .
—
A u moment même où les
journaux turcs annoncent le départ de la
caravane sacrée et émanèrent les dons
pieux faits par le sultan, la garnison de l a
Mecque se soulève et les tribus mécon–
tentes menacent Djeddah. 11 n'est pas
sûr que l a caravane hamidienne arrive
sans encombre jusqu'à la Mecque, eût-
elle même acquitté en route les rede–
vances et tributs que paie le khalife à ses
fidèles pour obtenir passage sur leur terri–
toire.
E x T R I P O L I T A I N E .
—
D e p u i s bientôt trois
mois, les journaux turcs publiaient pério-
diquementunc nouvelle extraordinaire. Ils
annonçaient que les habitants de la Tr i po l i -
taine assaillaient le sultan de suppliques
et requêtes à seule fin d'avoir l'honneur
d'être constitués en régiments hamidiés.
L a vérité est tout autre : le gouverneur
de l a Tripolitaine, non content d'ajouter
des taxes inédites aux taxes anciennes, a
jugé bon d'astreindre les Arabes au ser–
vice militaire. Comme ceux-ci se mon–
traient récalcitrants, i l a fait interner à
bord du stationnaire puis déporter à
Benghazi vingt-cinq chefs. Tout récem–
ment, bagarre sanglante le jour du marché
entre les Arabes, l a police et la troupe ; i l
y a eu huit morts. L'état de siège est pro–
clamé dans l'oasis de Tr i po l i .
L ' É M I G R A T I O N D E S
M U S U L M A N S .
U n
mouvement d'émigration considérable se
produit parmi les musulmans qui habi–
tent hors de Turquie. I l en vient du Da –
ghestan, de Russie, de Bulgarie, de Bos–
nie. Autant que possible on installe ceux
qui appartiennent à des races guerrières
en pays arménien ; et comme le gouver–
nement turc néglige de les nourrir et de
leur donner le nécessaire, ils se retour–
nent contre l'habitant. On sait au reste
que beaucoup d'entre eux, trompés par
les promesses hamidiennes, demandent à
être rapatriés dans les pays qu'ils ont
quittés. Vo i c i pour une période de quinze
jours, pendant le mois de novembre
1901,
d'après les journaux turcs le mouvement
des émigrés :
On écrit de Bukarest que le nombre des
émigrés islams de la Bulgarie est considéra–
ble. La semaine dernière par l'intermédiaire
du consulat ottoman de Keustendjé furent en–
voyés à Constantinople plus de mille famil–
les islams ; maintenant six cents familles se
trouvent à Keustendjé. Le consul du lieu dis–
tribue des secours aux nécessiteux. La mu–
nicipalité de Keustendjé prête aussi son
concours au consulat ottoman. Soit par voie
de mer, soit par voie de terre de nombreux
émigrés arrivent tous les jours et on les en–
voie tous l'un après l'autre, à Constantino–
ple.
290
familles de
1
,400
émigrés islams de
Roumélie ont été envoyés à Moudania, pour
s'établir dans le vilayet de Brousse.
Sont arrivés, de Keustendjé,
402
émigrés
islams à Constantinople.
Sont arrivés, à Constantinople, 38 familles
de
159
émigrés islams de Varna.
29
émigrés islams, furent envoyés à Mou–
dania, pour s'y établir.
28
Circassiens émigrés du Caucase se sont
établis à Moush. Le gouvernement de Bitlis
a été autorisé à dépenser
4
,860
piastres pour
leur distribuer des semences de blé, des
instruments aratoires, du bétail, etc.
Sont arrivés, à Constantinople,
18
émigrés
islams de Keustendjé et
161
du Caucase.
241
émigrés ont été envoyés à Ismidt et 55 à
Eskichéhir pour s'y établir.
Sont arrivés, à Constantinople,
120
familles
de
690
émigrés islams de Varna et
40
famil–
les de
200
membres de Galatz.
Sont arrivés, à Constantinople, 5o familles
de
248
émigrés islams de Varna.
Sont arrivés à Constantinople,
141
famil–
les de 5o5 émigrés islams de Varna.
L a plupart de ces émigrés agissent à
l'instigation des agents hamidiens. Mais
en d'autres occasions, les autorités tur–
ques se refusent à les recevoir. C'est le
cas pour les musulmans du Caucase qui
souffrent de l a famine. Ceux d'entre eux
qui avaient réuni un peu d'argent pour le
voyage étaient venus chercher de l'ou–
vrage en Asie-Mineure. Aussi, sur un
télégramme de Sébastopol, le consul turc
a demandé au gouverneur d'informer par
proclamation les musulmans du Caucase
que leur présence ne serait pas tolérée en
territoire turc : c'est ainsi qu'un grand
nombre de malheureux errent mainte–
nant dans les ports de l a côte, ne sachant
où i l leur sera permis de mourir de faim.
C O N D A M N A T I O N S .
—
D'après le rapport
du ministère de la justice, le président de
la Cour criminelle a accordé un délai de
dix jours, au nommé Hrante Karageu-
sian, élève diplômé de l'école des Beaux-
Arts, lequel habitait à Ko um Kapou, dans
le quartier Nichandji, en face l a maison
du docteur Chichmanian ; maintenant i l
est en fuite. Hrante Karageusian est de
taille moyenne, les yeux et les sourcils
noirs, le nez petit et droit, les mousta–
ches noires, l a bouche et le menton ordi–
naires, l a figure brune et ronde. Hrante
Karageusian est accusé comme complice
de Ardaeh Agop, An t i k Kadjian, Agop
Stépan Lambadjian, A l i ks s an Garabed
Nalbandian, Ohannès Garabed Chani-
lian, Vramchabouh Garabed Séropian et
Nichan Agop Mikaëlian, qui sont arrêtés
comme perturbateurs et, par conséquent,
sont accusés comme criminels. Le prési-
dent de l a Cour criminelle déclare que si
Hrante Karageusian ne se présente pas
au tribunal dans le délai fixé, i l sera jugé
par défaut, sera privé de ses droits civils ;
sesbiens seront confisqués et i l perdra tout
droit d'intenter un procès. Tous les poli–
ciers doivent l'arrêter partout où ils le
trouveront.
L a Cour d'appel criminelle de Diarbé–
kir a condamné à cinq ans de détention,
dans une enceinte fortifiée, le nommé
Assadour Kévorkian, du village de Razak,
dans le district d'Akhlath, qui était ac–
cusé comme perturbateur et criminel,
étant porteur de papiers dangereux. Le
nommé Sahak Bozi Movsèsian, du village
de Kob , dans le district de Boulanik, était
accusé du même crime, mais i l est remis
en liberté comme innocent.
P . Q.
Le Secrétaire-Gérant
:
J E A N L O N G U E T .
0272. —
I M P R I M E R I E D E S U R E S N E S ( E . P a y e n , ad')>
9,
rue du Pont
Fonds A.R.A.M