ques favorisent l'existence du droit de
fanage, dans les régions où i l n'y a pas
de terrain un i f o rme propre à l ' ag r i –
culture. L'idée que l a propriété privée
se développe là où est dépensée une
certaine somme de travail se justifie
dans le gouvernement d ' E r i v a n , selon
le professeur Eghiasaroff par le fait
que la terre, l'eau et la forêt sont au
contraire propriété de tous, propriété
c ommuna l e . Ma i s dès qu'une parcelle
de ces éléments est tirée par le t r ava i l
de son état p r imi t i f , elle devient p r o –
priété privée. D'où une transformation
de la propriété c ommun a l e .
B i e n que ce phénomène nouveau
soit défavorable à la propriété c om–
muna l e , i l subsiste un l i e n é c onomi –
que entre l a c ommun e et l a propriété,
issue du droit de fanage, car l'idée
de la communauté des terres est p r o –
fondément enracinée dans l'esprit de
la popu l a t i on et le p r i n c i pe c ommun a l
s'y maintient solidement. Aussi au m o –
ment du partage, b i en que les terres
closes ne rentrent pas dans le doma i ne
c ommun a l , on en tient compte cepen–
dant et la part de terres c ommuna l e s
allouéesà leurs détenteurs est diminuée
pr opo r t i onne l l ement à l ' impo r t anc e de
ces terres.
L e danger le plus grave qu'elles font
c our i r à la propriété c ommuna l e p r o –
vient du droit d'achat et de vente qu i
est admi s par la coutume : elle passent
ainsi assez vite par cession dans les
ma i ns d'accapareurs contre lesquels
on ne peut r i en même en leur refusant
leur part de terres labourables. L e seul
mo y e n de défense contre eux réside
dans l'usage du droit d ' i r r i ga t i on qu i
reste entièrement c ommu n a l : l'eau
c ommune n'est mise à l eur d i spo s i –
t i on que dans l a quantité strictement
nécessaire. P o u r parer à cet inconvé–
nient, les gros propriétaires confient
une partie de leurs terres à ceux qu i
n'en ont pas assez à cultiver, mais
q u i disposent du droit à une certaine
quantité d'eau. I l en résulte que là où
l'eau est en abondance, la terre passe
dans les ma i ns des accapareurs et des
usuriers et la c ommune se décompose
beaucoup plus vite que dans les e n –
droits où l'eau manque .
PHOPRtËTÉ C OMMU N A L E
Dans la propriété c ommuna l e sont
comprises toutes les terres n o n closes,
c'est-à-dire les terres de l ab ou r , p r a i –
ries, pâturages, terres incultes, désert.
L e u r d imens i on est en rapport avec
l'étendue des zones basses ou hautes.
Partout où existe la forme de posses–
sion c ommuna l e toutes les parts de
terre sont grevées de servitudes oné –
reuses ; droit de flottage et de passage
qui amènent des dégâts dans les champs
et les forêts et nuisent à la bonne
entente entre les ag r i c u l t eu r s . Le droit
c outumi e r a créé toute une série de
mesures p ou r obvier aux dégâts des
semailles et des terres pr ovenant de
ces servitudes rurales, par exemple le
droit de représailles contre l ' a n i ma l
qu i cause le dégât et que l ' o n tue ou
mut i l e si o n le trouve dans les champs .
Celle coutume sauvage s'est adoucie
et transformée en u n droit d'enfermer
l ' an ima l et de le garder sans n o u r r i –
ture n i boisson jusqu'à réparation d u
dommage causé.
L a fragmentation et la mise en enclos
des parties de terres c ommuna l e s p r o –
viennent de causes climatériques et
topographiques. Dans les zones c hau –
des et des terres basses, les terres par
suite du manque d'eau restent libres
et inhabitées et n'ont aucune va l eur .
L a popu l a t i on s'accumule et se c o n –
dense au b o r d des torrents et rivières
où l ' i r r i ga t i on est facile et les endroits
habités apparaissent ainsi c omme des
oasis dans le désert. L'étendue des
terres closes est trois ou quatre fois
mo i ndr e s que celle des terres c ommu –
nales.
Toutes les terres l abourab l es se d i –
visent en deux parties :
verihand
(
A rm . champ supérieur) et
nerkhihand
(
champ inférieur), c'est-à-dire champs
rapprochés et champs éloignés du
grand cana l d ' i r r i ga t i on .
Ch a c un des membr es de l a c om –
mune reçoit de trois à six portions
toutes enclavées : ces portions de terre
ne présentent pas des formes r u b a -
nées q u i ne permettent pas de défense
efficace contre la sécheresse, mais des
formes géométriques rectangles, t r a –
pèzes où la largeur a une impo r t anc e
plus grande; la l ongueur de ces portions
est de soixante-dix à cent mètres et
leur largeur de trente-cinq à soixante-
d i x mètres.
Il faut noter celte particularité c a –
ractéristique de la c ommun e rura l e
que le détenteur pr ov i s o i r e de chaque
po r t i on est complètement l i b r e p e n –
dant l a période de sa possession et
q u ' i l peut y pra t i que r la culture de
son cho i x sans aucune restriction n i
gêne dans le mode d'exploitation,
procédé p r imi t i f qu i fatigue facilement
la terre par l'abus de l a culture i n t e n –
sive.
A S S O C I A T I O N S
R U R A L E S
(
H A R A G A S C H O U -
T I O U N )
Le s associations rurales ont pour
but de réunir les familles qu i ne peu –
vent pas posséder séparément les p o r –
tions de terre n i satisfaire aux c o n d i –
tions
d'ampa
et de
subdivisions
d ' ampa : ces familles et les i nd i v i du s
isolés s'associent pour avo i r ensemble
une po r t i on réglementaire. E l l e s sont
créées d'une part par l'impossibilité de
pratiquer d'une façon indépendante la
culture agricole, d'autre part par le dé–
sir d'exploiter en s'associant le plus
avantageusement possible des portions
mi n ime s .
Toutes ces coopérations libres sont
fondées exclusivement sur l'intérêt de
posséder des terres et des eaux ou
pour le partage peu régulier des c on –
tributions.
Toute famille qu i est en élat de me –
ner, seule et indépendante, la culture
d'une po r t i on indépendante se passe
de l'association. Ma i s aussitôt que les
intérêts de plusieurs familles entrent en
contact, quand i l se présente une dif–
ficulté que l a f ami l l e ne peut pas sur –
monter, i l se forme une association.
Cela a r r i v e pa r exemple quand les
terres de chaque f ami l l e sont isolé–
ment trop peu étendues ou quand les
familles manquen t des outils néces–
saires ou des forces ouvrières i nd i s –
pensables.
Ces associations sont complètement
libres et indépendantes : elles se f o r –
ment au momen t du partage des t e r –
res c ommuna l e s ou au pr i n t emps et à
l ' aut omne .
Fonds A.R.A.M