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Nouvelles Atrocités.
Lettre de Mousch, 1
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mai 1896 :
Le caïmacan de Djabaghtchour invite secrètement les tribus
kurdes à exterminer les survivants Arméniens du dernier massa–
cre. Les Kurdes ne se font pas prier. Ils attaquent, le 13 février,
les maisons des Arméniens. Un des notables arméniens, Sarkis
Agha de Tchavlig, se réfugie avec sa famille chez le caïmacan, dont
i l ignorait la connivence avec les agresseurs. Le caïmacan sort de
la chambre et ordonne aux Kurdes de tuer ces chrétiens. Les
Kurdes déchargent des coups de fusil à travers les fenêtres de la
chambre, Sarkis Agha, grièvement blessé au bras, rend sa bourse
à sa femme et fait ses adieux à sa famille. Les Kurdes enfoncent la
porte de la maison, tuent Sarkis Agha avec la dernière cruauté,
frappent d'une balle sa femme, à qui ils enlèvent la bourse, et
assassinent son gendre Daniel, sa fille et ses petits-fils. Ces mons–
tres plantent un pieu dans le fumier, y attachent debout, le cada–
vre de Sarkis Agha, et pendent à ses côtés les cadavres de sa fille et
de son gendre, têtes en bas. Ils enlèvent les yeux de Sarkis Agha,
y passent un fil et les suspendent à son front. Puis, couvrant d'or–
dure ces trois cadavres, ils s'écrient : « Sarkis Agha, regarde à
présent ta gloire, et sois rassasié. » Pendant trois jours, ils gar–
dent les cadavres dans cette position, après quoi ils les jettent aux
chiens. Le caïmacan voit avec plaisir ces horreurs. I l encourage
les Kurdes, qui assassinent les Arméniens Bédros Garabed,Moukhsi
et Artin et forcent les autres à se convertir à l'Islam. Les Kurdes
pillent le village arménien de Madrag et y assassinent quinze A r –
méniens.
Le 20 février, les Kurdes attaquent, au village de Ghinous,
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Fonds A.R.A.M