vants de ces martyrs pour les contraindre à apostasier leur foi, et
surtout sur leurs femmes et leurs jeunes filles, ont quelque chose
de terrifiant.
Or, pas une voix officielle ne s'est élevée, ni dans notre France
chevaleresque ni dans l'Europe chrétienne, en faveur des vic–
times...
J'en éprouve une triple honte : comme homme, comme Français,
comme prêtre !
I l est pénible, en effet, i l est humiliant de constater combien ces
épouvantables massacres qui, en d'autres temps, eussent soulevé la
chrétienté contre la barbarie musulmane, laissent aujourd'hui les
peuples froids et indifférents.
Ah ! i l y a une cause à cela, et je la dénonce : c'est que l'opinion
a été égarée, la vérité l u i a été cachée, et c'est surtout la presse
qui est la coupable ! Même la presse catholique n'a pas fait tout son
devoir. Elle a accueilli — pas toujours — quelques-unes de nos
communications ; mais elle n'a pas fait la campagne qu'elle devait
faire pour éclairer le public et pour préparer un grand mouve–
ment d'opinion qui aurait bien obligé nos gouvernements à pren–
dre en main la cause des opprimés, et à empêcher regorgement de
nos frères d'Arménie.
Quant à la presse non religieuse, la presse du boulevard, comme
on l'appelle, elle est restée au-dessous de tout. Nous avions eu
l'illusion de croire qu'en face de cet incomparable désastre constaté
par des renseignements officiels, précis et certains, elle allait s'in–
digner, saisir l'opinion et faire entendre une immense clameur de
pitié en faveur de nos malheureux frères égorgés...
Hélas '. nous avons eu la douleur de voir, à de rares exceptions
près, la plupart des journaux, même les plus vaillants et les plus
militants, refuser nos communications, et garder un silence que
nous savons largement payé par un or souillé du sang de nos
frères !
Seule, l'Eglise a pris en pitié les victimes et est venue au secours
de cette épouvantable détresse: déjà nous avons pu recueillir et
expédier plus de 230.000 francs ! Dès le premier moment, le Saint-
Père a prélevé une somme considérable pour secourir les malljeu-
Fonds A.R.A.M