si éprouvées, au fur et à mesure qu'on nous les envoie, tous les
secours en argent, vêtements, etc., qu'on veut bien nous envoyer
200.000
francs
réunis ainsi en quelques semaines, malgré le
silence voulu d'une notable partie de la presse, cela montre bien
avec quel élan généreux la France tout entière eût souscrit, si
beaucoup de journaux n'eussent vendu leur silence en échange
d'un or taché du sang de nos frères !
Le document officiel que nous mettons aujourd'hui sous les yeux
de nos lecteurs est le tableau dressé de concert par les six ambas–
sades de Gonstantinople et communiqué à leurs gouvernements
respectifs, pour les informer des événements qui ont ensanglanté
onze provinces ou vilayets
de l'Asie Mineure, pendant les trois
derniers mois de 1895.
Ce
tableau officiel des massacres,
bien que très incomplet,
est un vrai
martyrologe 1
I l établit, par des chiffres authentiques, et, pour ainsi dire, jour
par jour et province par province, que le
nombre des victimes,
relevé dans tes principales localités seulement, s'élève à plus
de trente mille chrétiens massacrés, sans compter le nombre
beaucoup plus considérable de ceux qui ont été égorgés loin
des yeux des consuls, dans des milliers de villages chrétiens
aujourd'hui détruits.
Ce grave document, pourquoi le gouvernement français s'obstine-
t - i l à le garder secret ? Pourquoi aucune communication, même
partielle; n'en a-t-elle été faite à la presse?
Est-ce parce que l'on craint la poussée d'opinion qui, dans notre
France toujours chevaleresque, forcerait nos gouvernants à agir,
à prendre en mains la cause des persécutés, comme en 1860 Napo–
léon I I I avait pris celle des victimes du Liban ?
Et, cependant, qu'étaient ces massacres, qui avaient dévasté une
dizaine de localités, dans un seul district, auprès de ceux qui
viennent de décimer un peuple tout entier, de ravager onze gran–
des provinces, de détruire des milliers de villages chrétiens, et de
couvrir de sang et de ruines un territoire plus vaste que la
France ?
En 1860,1a penséedes Maronites persécutés, comme aujourd'hui
Fonds A.R.A.M